Allemagne: Merkel confortée avec une petite envie de réorientation du modèle allemand – Romain BlachierRomain Blachier

Quelques enseignements alors que les résultats et estimation tombent au sujet des élections allemandes: Merkel sort renforcée, avec un résultat historique et incontestable et ce alors qu’elle en est à son 3e mandat…

Mais pourtant tous les premiers chiffres le montrent, la droite recule et est devancée par la gauche puisqu’il y a 319 sièges à gauche au Bundestag contre 311 à droite…

Qu’en penser au niveau français ? Et ce résultat, si il conforte la chancelière ne traduit-il pas une légère envie de réorientation sociale du modèle allemand ?

Explications.

-le parti chrétien-démocrate gagne  et progresse par rapport à 2009. C’est sa troisième victoire de suite depuis l’élection anticipée convoquée en 2005 par le dernier chancelier social-démocrate en date Schröder. Progresser après deux mandats de cette façon est un tour de force.

-Mais la droite recule en général:En  regardant à la loupe le bloc majoritaire CDU/CSU/FDP on aperçoit un effritement, dû uniquement à l’effondrement des libéraux du FDP.Du coup la domination des chrétiens-démocrates est plus grande qu’à l’accoutumée, s’approchant à eux seuls de la majorité absolue. Mais avec entre 15 à 30 sièges de moins que la fois passée la droite est globalement en recul. A moins que les europhobes conservateurs de Alternative pour l’Allemagne ne prennent quelques sièges mais cette question semble écartée.

-Une progression légère mais réelle des sociaux-démocrates du SPD, qui est toutefois loin de ses devanciers de la CDU/CSU. Difficile d’imaginer qu’une décennie en arrière, ce parti était le plus puissant d’Allemagne… Les verts n’ont pas non plus profité au niveau fédéral du fait de s’être retrouvés aux commandes d’un land (le Bade-Wurtemberg) et sont en baisse.

Pourtant, les intentions de Merkel en matière d’énergie verte comme levier d’innovation, l’absence de nécessité mathématique d’une grosse coalition, la réticence de certains leaders du spd vis à vis d’une alliance avec Merkel, pourraient amener les verts à lever leurs réserves et à participer au gouvernement.

Les seuls gains de la gauche se font sur les sociaux-démocrates. Mais ses dirigeants sont affaiblis après une bien mauvaise campagne.

-La gauche est en tête du nombre de députés au Bundestag. En formant une coalition SPD-verts-Die Linke, il serait possible de gouverner l’Allemagne ensemble. C’est ce que souhaite Die Linke mais ni les verts ni le SPD ne souhaitent s’associer avec un parti qu’ils trouvent encore trop lié à la RDA et trop europhobe…En cas de grande coalition, les ex-communistes seraient le premier parti d’opposition au parlement. Perspective qui semble s’éloigner puisque se rapproche la possibilité d’une alliance CDU/verts et/ou d’une majorité absolue de la CDU/CSU. A voir.

Que retenir du résultat des élections allemandes de 2013. Et pour la France ?

-D’abord qu’un certain nombres de muses autoproclamées qui conseillent à la gauche française de prendre les mêmes mesures que Schroder, mesures effectuées dans un pays à la démographie et au modèle économique fort différent, devraient méditer sur le fait que depuis, les allemands ne font plus confiance à ce parti. Il ne s’agit pas d’expliquer que l’action de l’ancien chancelier est entièrement négative (nombre d’allemands de tous bords reconnaissent ses mérites) mais que la sociale-démocratie allemande en est sortie affaiblie.

-Ensuite que l’Allemagne a eu l’impression, malgré ses poches énormes de pauvreté et ses fragilités, d’être un pays prospère au milieu d’une Europe en ruine. Ce qui explique d’ailleurs que les europhobes de l’Alternative pour l’Allemagne aient surgi sur la scène. Mais ce sentiment et les chiffres de bonne santé économique ont aussi donné l’envie aux allemands d’éviter l’aventure d’un changement et d’exprimer pour certains une satisfaction.

-Angela Merkel, pragmatique, a fait une campagne au centre, reprenant d’ailleurs en l’assumant plusieurs idées du centre-gauche allemand sur les salaires minimum dans certains secteurs.

Une stabilité rassurante mais avec une orientation plus sociale, c’est le message de Merkel en fin de campagne, afin de couper l’herbe sous les pieds du SPD. Mais c’est sans doute aussi le message qu’envoient les électeurs en soutenant une coalition entre la CDU et le centre-gauche (qui peut aussi être une coalition CDU/verts) et en punissant les libéraux du FDP. Et une orientation plus sociale rendue indispensable pour corriger les défauts du modèle allemand et le préserver sur le long terme.

Une leçon sans doute pour la droite française, qui se félicite de la victoire de Merkel sans se rendre compte que celle-ci va à l’encontre de la stratégie de radicalisation à droite du parti de Sarkozy…A quand une remise en cause à l’UMP? Cela ne pourrait que la renforcer, tout comme Merkel sort très renforcée ce soir de ce scrutin.

(actualisé à 8h30)

Allemagne: Merkel confortée avec une petite envie de réorientation du modèle allemand – Romain BlachierRomain Blachier

Quelques enseignements alors que les résultats et estimation tombent au sujet des élections allemandes: Merkel sort renforcée, avec un résultat historique et incontestable et ce alors qu’elle en est à son 3e mandat…

Mais pourtant tous les premiers chiffres le montrent, la droite recule et est devancée par la gauche puisqu’il y a 319 sièges à gauche au Bundestag contre 311 à droite…

Qu’en penser au niveau français ? Et ce résultat, si il conforte la chancelière ne traduit-il pas une légère envie de réorientation sociale du modèle allemand ?

Explications.

-le parti chrétien-démocrate gagne  et progresse par rapport à 2009. C’est sa troisième victoire de suite depuis l’élection anticipée convoquée en 2005 par le dernier chancelier social-démocrate en date Schröder. Progresser après deux mandats de cette façon est un tour de force.

-Mais la droite recule en général:En  regardant à la loupe le bloc majoritaire CDU/CSU/FDP on aperçoit un effritement, dû uniquement à l’effondrement des libéraux du FDP.Du coup la domination des chrétiens-démocrates est plus grande qu’à l’accoutumée, s’approchant à eux seuls de la majorité absolue. Mais avec entre 15 à 30 sièges de moins que la fois passée la droite est globalement en recul. A moins que les europhobes conservateurs de Alternative pour l’Allemagne ne prennent quelques sièges mais cette question semble écartée.

-Une progression légère mais réelle des sociaux-démocrates du SPD, qui est toutefois loin de ses devanciers de la CDU/CSU. Difficile d’imaginer qu’une décennie en arrière, ce parti était le plus puissant d’Allemagne… Les verts n’ont pas non plus profité au niveau fédéral du fait de s’être retrouvés aux commandes d’un land (le Bade-Wurtemberg) et sont en baisse.

Pourtant, les intentions de Merkel en matière d’énergie verte comme levier d’innovation, l’absence de nécessité mathématique d’une grosse coalition, la réticence de certains leaders du spd vis à vis d’une alliance avec Merkel, pourraient amener les verts à lever leurs réserves et à participer au gouvernement.

Les seuls gains de la gauche se font sur les sociaux-démocrates. Mais ses dirigeants sont affaiblis après une bien mauvaise campagne.

-La gauche est en tête du nombre de députés au Bundestag. En formant une coalition SPD-verts-Die Linke, il serait possible de gouverner l’Allemagne ensemble. C’est ce que souhaite Die Linke mais ni les verts ni le SPD ne souhaitent s’associer avec un parti qu’ils trouvent encore trop lié à la RDA et trop europhobe…En cas de grande coalition, les ex-communistes seraient le premier parti d’opposition au parlement. Perspective qui semble s’éloigner puisque se rapproche la possibilité d’une alliance CDU/verts et/ou d’une majorité absolue de la CDU/CSU. A voir.

Que retenir du résultat des élections allemandes de 2013. Et pour la France ?

-D’abord qu’un certain nombres de muses autoproclamées qui conseillent à la gauche française de prendre les mêmes mesures que Schroder, mesures effectuées dans un pays à la démographie et au modèle économique fort différent, devraient méditer sur le fait que depuis, les allemands ne font plus confiance à ce parti. Il ne s’agit pas d’expliquer que l’action de l’ancien chancelier est entièrement négative (nombre d’allemands de tous bords reconnaissent ses mérites) mais que la sociale-démocratie allemande en est sortie affaiblie.

-Ensuite que l’Allemagne a eu l’impression, malgré ses poches énormes de pauvreté et ses fragilités, d’être un pays prospère au milieu d’une Europe en ruine. Ce qui explique d’ailleurs que les europhobes de l’Alternative pour l’Allemagne aient surgi sur la scène. Mais ce sentiment et les chiffres de bonne santé économique ont aussi donné l’envie aux allemands d’éviter l’aventure d’un changement et d’exprimer pour certains une satisfaction.

-Angela Merkel, pragmatique, a fait une campagne au centre, reprenant d’ailleurs en l’assumant plusieurs idées du centre-gauche allemand sur les salaires minimum dans certains secteurs.

Une stabilité rassurante mais avec une orientation plus sociale, c’est le message de Merkel en fin de campagne, afin de couper l’herbe sous les pieds du SPD. Mais c’est sans doute aussi le message qu’envoient les électeurs en soutenant une coalition entre la CDU et le centre-gauche (qui peut aussi être une coalition CDU/verts) et en punissant les libéraux du FDP. Et une orientation plus sociale rendue indispensable pour corriger les défauts du modèle allemand et le préserver sur le long terme.

Une leçon sans doute pour la droite française, qui se félicite de la victoire de Merkel sans se rendre compte que celle-ci va à l’encontre de la stratégie de radicalisation à droite du parti de Sarkozy…A quand une remise en cause à l’UMP? Cela ne pourrait que la renforcer, tout comme Merkel sort très renforcée ce soir de ce scrutin.

(actualisé à 8h30)