Entrevue avec Richard Allan, star du X des années d’or | romainblachier.fr

Un regard bleu malicieux entourés d’une barbe et de cheveux d’une impeccable blancheur et d’un sourire jovial. tel se présente l’une des plus grandes légendes de l’âge d’or du X français âgé aujourd’hui de 69 ans. Le monsieur revendique plus de 500 films à son actif et avoir connu intimement 8000 femmes, titre de son ouvrage,très bien accueilli par la critique. Il a tourné avec Brigitte Lahaie qui préface son livre, Rocco Siffredi,Sylvia Bourdon, la Cicciolina…tout un univers qui ressort avec la mode notamment portée par les inrocks du porno vintage.  L’homme est décidément du monde des sensuels: il fait aujourd’hui dans le chocolat. 

Venu promouvoir sa biographie dans le cadre du Festival Hallucinations Collectives et présenter l’un des films, c’est à cette occasion que mon amie Anne-Laure, attachée de presse du festival sis au Comoedia dans le 7e, nous a arrangé une petite rencontre. Dialogue avec Richard Lemieuvre de son nom de scéne Richard Allan…également baptisé du poétique surnom de « queue de béton ».

-Votre ouvrage est bien écrit, quoi que parfois un peu scolaire avec ces guillemets, c’est en même temps le témoignage d’une époque: vous faites les débuts du X, la libération sexuelle etc…

C’est sûr qu’aujourd’hui je ne pourrais pas avoir la même carrière. Le SIDA par exemple est passé par là et puis une certaine frilosité des moeurs. Niveau maladies, je suis un survivant. On ne tournait jamais, absolument jamais avec préservatif. Sans compter les partenaires de la vie normale, les partouzes etc…J’aurais vraiment pu y passer mais j’ai eu beaucoup de chance. Les réalisateurs jouent parfois avec la vie des filles et des garçons. Mais de toutes façons le porno a beaucoup changé. Il n’y a plus tellement d’histoires plus tellement de fantaisies. Certes on a des gens comme Marc Dorcel, pour qui j’ai énormément de respect et qui font du qualitatif. Mais tout de même, cela est très marketé, sans folie. Non je pense que je n’aurais pas pu avoir la même carrière. Et puis il y a les événements qui marquent.

Il y a ces années 70 qui sont pour vous un souvenir doré…

Bien sûr! Françoise Giroud parlait de la parenthése enchantée. La censure tombe, la libération sexuelle est partout, le porno sort en salle. Et on ne peut imaginer à quel point le sexe est libre et présent. Il n’y avait pas tellement de limites. Aujourd’hui c’est différent, plus fermé. J’ai eu la chance, comme nombre de baby-boomer, de vivre ces moments qui restent la référence pour moi. D’ailleurs, face au SIDA, j’arrête l’essentiel de ma carrière en 1982.

Alors vous vous lancez dans le porno pourquoi ?

J’y vais avec Liliane, ma femme de l’époque. On commence d’abord par des romans-photos X puis très vite on tourne. C’est en 1974. Je l’ai fait bien sûr pour gagner ma vie mais surtout par plaisir. J’étais déjà très libéré. Je n’ai par contre jamais tourné un film par nécessité financière. C’était surtout du bonheur, une sorte de famille pour moi, une famille où l’on s’amusait beaucoup. Ce n’est pas dur de travailler dans ce métier avec sa partenaire de la vraie vie ? Globalement, il n’y avait vraiment pas de jalousie.On s’amusait tous deux. Mais il y a des moments où forcément tu te poses des questions quand tu vois ta femme prendre énormément son pied avec quelqu’un d’autre. D’ailleurs nous ne sommes plus ensemble.

Votre livre s’appelle 8000 femmes, vous vous vantez ou c’est le chiffre exact ? Vous avez vraiment compté?

J’ai tourné dans environ 500 films. J’ai beaucoup pratiqué l’échangisme, les clubs libertins donc on est autour de cela. Allez on va dire 7900 en réalité ! A une époque on se lançait des défis pendant les parties fines. Mon reccord absolu cela a été une dizaine de filles. Donc oui le titre est juste.

Le porno est-il forcément un truc sexiste?

Honnêtement, il y a aujourd’hui des réalisateurs qui humilient vraiment les filles. Cela s’est un peu calmé mais il y a parfois des choses qui me choquent vraiment. Pourtant j’en ai vu. Moi j’ai souvent au contraire connu des filles qui étaient assez fortes, qui étaient des personnalités. Le porno ça doit être du plaisir pour tous et toutes pas du rabaissement. Les filles d’ailleurs, quoi qu’on en disent, aiment autant la chose que les garçons. L’émancipations des femmes, le MLF, c’est une chose qui a permis la liberté de toutes de choisir leur vie, c’est une lutte essentielle pour un libertin.