Ma chronique dans Lyon Mag « Etre londonien c’est bien » | romainblachier.fr

Depuis quelques jours, jeux olympiques et été inside, fleurissent dans les kiosques de France et de Lyon un certains nombre de publications et de guides plus ou moins décalés sur Londres. Constatant que Lyon Mag ne s’était pas mis à la London Mania, j’ai eu peur que notre site d’information, pourtant à la pointe des élégances concernant son choix de chroniqueur de gauche, tombe dans les abimes du ringard.

Horreur ! Comment ne pas parler de cette cité qui empli les cœurs aussi vite qu’elle vide les pintes et les porte-feuilles ? Du coup dans l’intérêt général de Lyon Mag, je me suis dévoué spontanément à cet exercice.

J’ai le profil idéal pour cela : Britannophile (l’un de mes blogs est consacrée à cette coupable passion, je fais partie des rares français à comprendre les règles du cricket et, suprême horreur, à en regarder. Et avec plaisir parfois. C’est vous dire ma perversité. J’ai même participé à la création d’un club lyonnais de cette discipline ésotérique. Par snobisme et par intérêt pour la politique d’outre-manche, je suis même adhérent au labour party. Et il m’arrive d’aller à Londres. Hélas pas assez souvent à mon goût. Mais trêve de moi, même si je suis un sujet des plus intéressants : Londonisons Lyon Mag !

Vous avez envie d’avoir l’air cool et underground ?

Allez donc faire un tour à Londres.
Cette ville possède une étrange caractéristique dans l’imaginaire collectif : celle de donner l’image de la classe internationale à toute personne déclarant s’y rendre ou s’y être rendue. Dites à quelqu’un  que vous allez faire un tour à La Bourboule ou à Rabat : vous apparaitrez comme un touriste parmi d’autres. On vous imaginera, si on est pervers, en short en train de prendre des photos de monuments et de curiositées rues et revues cent fois. Peut-être même qu’on vous visualisera en tongs et  créme bronzante. Pas sexy.

Faites le test avec la capitale britannique. Dites « ah ben j’ai fait un p’tit week-end à Londres, depuis Lyon si tu t’y prends bien tu peux partir pour pas cher »: Là, vous aurez été cool, élégant, classe. Forcément. Obligatoirement.

Peu importe que vous ayez là aussi été en short et tartiné de crème solaire (l’été londonien est chaud). Aucune importance que vous ayez fait le tour des pires clichés d’une ville qui a tant à offrir, allant à Buckingham palace plutôt que dans les nuits de Brixton. Ou que vous  que vous pensiez que Camden et Soho sont encore les place to be alors qu’on y trouve plus que des élèves en voyage linguistique et des boutiques de t-shirts fabriqués dans les sous-sols du Bangladesh. Quelle importance qu’en termes de découverte des coutumes locales vous ayez mangé  le menu même Mac Do qu’à Gerland : vous êtes allé à Londres. Et ça c’est cool d’être allé à Londres. Toujours.

Une fois rentré, ren-ta-bi-li-sez. D’abord clamez votre amour de cette ville. Parsemez votre récit de « J’aimerais trop y vivre mais c’est un peu trop cher tu vois ». Portez un t-shirt I Love London (qui passera toujours mieux qu’un « Souvenir de Roubaix » niveau distinction).

Plus chic encore essayez d’avoir des amis londoniens. Si comme l’auteur boursouflé de suffisance de ces lignes, vous en avez qui sont journalistes, dans la mode et l’architecture, vous aurez atteint le top. Vous expliquerez qu’ils sont géniaux. Un ami londonien ne peut être que génial, il en va de votre honneur et de votre image. Ah et n’oubliez pas, il est aussi obligé d’être festif.

Autre obligation quand on parle de Londres, utiliser au moins une fois par phrase des mots comme « énergie », « immense », « cosmopolite », « énorme », « too much » ou « binge drinking ». Seule nuance acceptée dans l’adoration, se plaindre du coût de la vie « siiiiiii cheeere dans cette ville sinon j’irais plus souvent». Changez votre ville sur votre fiche Facebook : même si vous n’allez dans la capitale britannique qu’une fois tous les cinq ans marquez « Entre Lyon et Londres ». Ou plus underground (autre mot à placer quand vous parlez de la capitale britannique) marquez Lyondon. Seul défaut : à une heure de décalage horaire pas possible de se plaindre du jet-lag. Mais vous voila cool quand même.

paru originellement dans Lyon Mag et sur mon blog UK