Fracture de génération : Et si on faisait hériter aussi les petits-enfants ?

C’est une excellente idée qui est développée par Frédéric Laloue (Enseignant en politiques sociales à Sciences Po) dans Le Monde. Celui-ci propose que le patrimoine légué en héritage pourrait résorber les écarts de fortune entre les générations si il n’était pas seulement attribué aux enfants du défunt mais aussi à ses petits-enfants.  L’enjeu est considérable puisque les héritages et transmissions concernent en France un montant de 200 milliards d’euros par an.

De fortes disparités entre les générations

Il y a dans ce pays qui aime la rente de fortes disparité de patrimoine et de richesses entre les générations. Et avec l’allongement de l’espérance de vie c’est généralement autour de 60 ans qu’on se retrouve à hériter de ses parents. Soit à un âge où la vie active est pour l’essentiel derrière soit. Où l’on a plus de charge d’enfants ou plus pour longtemps. Où les salaires sont les plus élevés dans un pays à forte tendance gérontocratique. Et dans lequel on s’est parfois déjà constitué un patrimoine. Où l’on consomme souvent moins qu’avant. Où l’on est déjà, avant même d’hériter, souvent plus riche que ses enfants.

A l’inverse, sauf circonstances exceptionnelles, les possessions immobilières des plus jeunes sont faibles. Voire, c’est mon cas, inexistantes. Même dans un pays obsédé par l’épargne comme le notre, y compris et surtout pendant les périodes de crise.Ils sont bien plus souvent locataires, titulaires d’emplois moins stables et moins bien payés. La date d’entrée dans un CDI est de plus en plus tardive. Et, avec les divers projets de destruction des contrats de travail les plus protecteurs, il va être de plus en plus difficile d’avoir les garanties idéales pour un emprunt.

A l’intérieur d’elles les jeunes familles moyennes urbaines, parmi les classes les plus créatives du pays, sont souvent parmi les foyers les plus pressurisés au niveau financier : coût des modes de garde, niveau d’emploi à un moment où l’on construit sa carrière, propension et obligation à consommer très élevé. En famille ou seule cette classe d’âge a souvent de grands besoins financiers à un moment où elle ne dispose que de peu de biens. La faire bénéficier de l’héritage tout comme leurs parents semble ici une idée intéressante. Pour la consommation et l’investissement. A un âge où l’on peut entreprendre plus facilement. Sans compter qu’elle permet aussi de ne pas laisser à une seule génération le patrimoine de parfois des siècles de travail.

Bien sûr il y a aussi d’autres choses à penser en plus pour plus de justice sociale

Tout cela ne dispense pas évidemment d’autres débats et mesures sur la justice sociale à l’intérieur de la société. Par exemple le patrimoine moyen détenu par les 10 % de ménages les mieux dotés est 35 fois plus élevé que celui détenu par les 50 % de ménages les moins dotés. Un écart grandissant. Il faut penser aussi la manière de fiscaliser l’héritage, qui est aussi créateur d’injustices de destin entre les individus. Mais mieux répartir ce qu’on lègue entre les générations n’a, à coup sûr, que des avantages.