Pamela Anderson, le mépris social appliqué au sexe

J’ai aperçu l’histoire sur la page Facebook du blogueur de droite catholique (et talentueux même si nous ne sommes pas toujours d’accord) Koz.

Pamela Anderson, ex actrice d’Alerte à Malibu et star de la revue dénudée Playboy, a récemment publié en cosignature avec le rabbin orthodoxe  Shmuley Boteach une tribune dans le très sérieux Wall Street Journal contre la pornograhie. Le Figaro évoque en français quelques extraits de l’article.

Il est de bon ton de se moquer des initiatives militantes de l’ancienne star de la télévision, par exemple sur la souffrance animale. L’intervention de Pamela Anderson a l’assemblée nationale française sur la question avait d’ailleurs provoqué une espèce de vague de propos douteux et sexistes de nombreux parlementaires et observateurs il y a quelques temps. Et il est sans doute casse-gueule d’écrire un billet sur la tribune que j’évoque plus haut. Mais qu’importe.

Oui il pourrait aussi être de bon ton de moquer ce combat contre la visualisation de sexe quand on sait que madame Anderson a bâti sa carrière sur sa sexualisation, détenant même le record de couvertures dans le plus connu des magazines érotiques du monde. Mais ce serait aussi facile et idiot que court. Aussi court d’ailleurs que certains propos de la tribune qu’elle a copubliée.

On  trouve d’abord dans l’article un cliché qui voudrait que seuls les hommes consommeraient du porno. Alors que, comme le rappelle Amy Zimmeman dans le Daily Beast entre 50% et 99% des hommes et de 30% à 86% des femmes consommeraient de la pornographie.

Mais la chose la plus choquante le sous la plume de l’improbable duo l’idée que les gens qui regarderaient du porno seraient des losers, incapables d’avoir une véritable sexualité et manquant de courage.

C’est encore un autre cliché : nombre de consommateurs de porno ont une vie sexuelle satisfaisante et des amours. Il n’y a pas d’un côté des célibataires en manque ou d’autres frustrés qui iraient sur les sites X et les autres.

Mais mettons que madame Anderson et le rabbin Shmuley Boteach aient raison. Que les consommateurs de pornographie soient forcement tous en détresse sensuelle.

La stigmatisation de gens seuls qui ont la pornographie comme dérivatif est bien saine ? Célèbre et sex-symbol, madame Anderson est dans une situation facile pour critiquer cela.  Parfois, pour un temps, pour longtemps, certains n’ont que le X comme sexualité. Pour compenser. Décompresser. Parce qu’on ne rencontre pas de partenaire qui fait envie. Parce qu’il y a de lassitude. Parce qu’un moment de la vie est un temps, longtemps ainsi. Pourquoi rajouter à cela donc du mépris?

Je ne nie pas que la pornographie puisse avoir par ailleurs un effet déformant chez certaines personnes qui en feraient leur seule source d’inspiration ou de formation. Mais c’est plutôt alors l’hypocrisie de nos sociétés, si promptes à vendre l’image mais incapable de parler sereinement de sexe et de sexualité, qui serait à mettre en cause.

Pamela Anderson, qui explique à des gens qui n’ont parfois pas d’autre sexualité que le porno, c’est un peu quelque part le mépris social appliqué au sexe.