Parti travailliste UK : qui sera le chef ?

Liz Kendall, Yvette Cooper, Andy Burnham ou Jeremy Corbyn. Une élection très disputée se déroule sur un bout d’Europe en ces jours de juillet et d’août qui alternent moiteur et pluies. Une élection qui n’a pas pour l’instant, à ma connaissance, fait l’objet d’un article dans la presse française et laisse sans doute indifférents nombre de nos compatriotes, à l’exception sans doute de passionnés comme Pierre Kanuty et moi-même : l’élection du futur chef du parti travailliste britannique. Je suis d’autant plus intéressé à la chose que j’en suis adhérent et que j’aurais à me prononcer sur le sujet.

Le principal parti de gauche britannique est en effet décapité depuis la démission de son chef de file, Ed Miliband, suite à la lourde défaite subie aux dernières élections générales.

Le Labour a essuyé un second échec consécutif aux élections générale, lourd,  là où les sondages prévoyaient une possible victoire. Au passage, c’est son bastion écossais qui s’est effondré avec la perte de presque tous ses députés dans cette partie du royaume. Le SNP qui l’a remplacé sur ce territoire apparait même au yeux de beaucoup d’électeurs de gauche, qu’ils soient écossais ou non, comme le parti politique de gauche le plus excitant. Heureusement pour les travaillistes ce dernier n’a pas vocation à présenter des candidats au-delà du mur d’Hadrien.

Bref, l’opposition à des conservateurs triomphants n’est pas facile. Et, si les travaillistes ont plutôt progressé à Londres, la prochaine échéance municipale dans la capitale risque d’être difficile face à un Boris Johnson très charismatique. Et le parti se cherche une identité, après avoir connu le virage libéral de Blair puis un tournant à vocation plus sociale avec Ed Miliband.

Face à cette situation, le prochain leader du Labour a donc fort à faire. Quatre candidats sont sur les rangs. Impossible pour l’instant de dire qui va gagner : il est possible de s’inscrire pour voter jusqu’au 12 août et le changement de mode de scrutin par rapport aux précédents rend les choses difficiles à évaluer. Les sondages qui circulent régulièrement sur le classement des candidats sont donc d’une valeur très relative.

Les quatre candidats au poste de leader du parti travailliste

Liz Kendall : Plus monarchiste que la plupart des électeurs du Labour, elle est également la candidate des plus blairistes du parti. En témoignent ses positions et ses soutiens: Alastair Darling, chef des travaillistes écossais. Ou Chuka Umunna, un brillant avocat qui failli partir dans la course. Elle est également officiellement plébiscitée par le journal de droite le Sun. Elle a soutenu à plusieurs reprises les conservateurs sur des positions d’austérité budgétaire. Mais c’est également une européenne convaincue, variété qui ne court pas forcément les rues politiques britanniques. Et elle fait campagne sur les thèmes classiques des travaillistes : éducation, santé, social. Elle a aussi reçu énormément de messages de soutien lorsqu’elle s’est énervée contre une question pour le moins sexiste de la presse sur son poids. Elle est pour l’instant donnée dernière du classement dans les enquêtes d’opinion.

Andy Burnham : Andy est au départ le favori de la compétition. D’extraction modeste,  ancien membre du gouvernement Brown, c’est la seconde fois qu’il participe à la compétition remportée la fois passée par Ed Miliband. Il rassemble un grand nombre de soutiens chez les députés et chez des figures comme Neil Kinnock, chef du parti avant Blair. Peu clivant, modéré, il est en tant que ministre de la santé du cabinet fantôme, fort visible sur les questions de sécurité sociale. Il a perdu des points lorsque la presse a révélé qu’il louait un appartement à Londres sur ses frais de parlementaire alors qu’il en possédait déjà un. Une histoire que Andy Burnham conteste.

Yvette Cooper : Egalement ancienne membre des gouvernements Brown ( où elle fut comme Burnham ministre du trésor ) et Blair,  elle a eu du mal selon la presse britannique à faire décoller sa campagne. Pourtant elle est aujourd’hui 2e du dernier sondage en date. Mariée à un autre ex-ministre, Ed Balls (qui fut en course la dernière fois pour l’élection du leader du parti) elle fait partie de la vague des députés élus en 1997 lors du retour du parti au pouvoir avec Tony Blair.  Elle apparait davantage comme une femme d’appareil compétente que comme une femme de convictions ancrées. Son travail sur les questions de sécurité au sein du gouvernement fantôme est pour l’instant apprécié.

Jérémy Corbyn : C’est le représentant de l’aile la plus à gauche du parti travailliste, celle qui est marginalisée depuis les années Kinnock et Blair et pèse entre 20 et 30 députés de sensibilités diverses, allant de la sociale-démocratie musclée au crypto-troskysme. Corbyn est soutenu par cette fraction résolue de parlementaires, les plus puissants syndicats du pays (UNITE, UNISON…) et un plus grand nombre de sections locales que ses adversaires. Dans les sondages réalisées par la presse, c’est celui qui arrive largement en tête. Anti-austérité, ses discours sont souvent plus proches de ceux d’un militant de PODEMOS que de Tony Blair. Ce dernier a d’ailleurs pris sa plume pour souligner tout le danger qu’il voyait à une victoire de Corbyn. Les adversaires du député d’Islington nord arguent qu’une victoire de celui-ci pourrait amener le labour à rester dans l’opposition pendant des années. Le journal de droite The Telegraph a d’ailleurs appelé ses lecteurs à s’inscrire et à voter Corbyn pour détruire les chances du parti travailliste de regagner le pouvoir…

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