Pôle métropolitain lyonnais: y'a-t-il trop d'échelons de décision en France et en Rhône-Alpes ? (Lyonnitude(s) )

J’ai récemment été interviewé par Charlotte Bonnet (dont vous avez pu apprécier entre autes les articles dans Tribune de Lyon) sur la question du Pôle Métropolitain Lyonnais.

Quels sont, selon vous, les atouts du pôle métropolitain lyonnais ? 

« Ce qu’il y a d’intéressant dans le pôle métropolitain, tout d’abord, c’est la tentative de modernisation basée sur une réalité. J’ai vécu cette réalité, par exemple, lorsque j’étais professeur à l’EM Grenoble. Je prenais alors souvent le train Lyon-Grenoble, qui n’est pas à la hauteur en terme d’horaires et de capacité, et c’est là que le pôle métropolitain pourrait entrer en jeu. Il pourrait avec l’aide de la Région régler les problèmes de transport. Il y a aussi la question de la suppression de vieilles rivalités : personnellement, j’adore faire des blagues sur les Stéphanois mais ça reste du sport pur. Enfin, le pôle métropolitain permet de faire plus de projets : il y a une complémentarité réelle entre les espaces concernés. Théoriquement, le pôle métropolitain est censé représenter une prospective, c’est-à-dire que d’ici 20 à 30 ans on aura probablement une même agglomération pour Lyon et St Etienne. »

Quels sont les éventuels freins au pôle métropolitain ? 

« Le pôle métropolitain est facilité par la victoire de la gauche aux municipales. Après les prochaines élections, sa mise en œuvre risque de se compliquer. Le seul frein actuel est le refus de la part de la communauté de communes de l’est lyonnais (là où se trouve l’aéroport Lyon-St Exupéry) d’intégrer le pôle métropolitain. C’est un vrai problème, pas seulement politique mais aussi sociologique : les habitants de cet espace redoutent de faire partie d’un ensemble plus grand et de ne plus pouvoir alors maîtriser leur espace. Alors que tous ces gens là sont bien contents de pouvoir profiter des infrastructures du Grand Lyon, comme l’opéra et les piscines. Autre problème : c’est encore un échelon supplémentaire. On a l’arrondissement, la ville, le Grand Lyon, le département, la région, la métropole, l’Etat, l’Europe… Huit échelons, c’est beaucoup, c’est même un record en France. Comment se situer alors dans les échelons ? Comment se situe t-on, par exemple, dans un arrondissement, le plus petit des échelons ? Nous n’avons aucun pouvoir, pas de budget, mais c’est nous qui sommes le plus en contact avec la population. »

Quel serait le nombre d’échelons idéal ? 

« Je pense qu’on a raté quelque chose, c’est la faute au côté « clochemerle » de la France. Prenez le dernier maire socialiste avant Gérard Collomb, Jean-Victor Augagneur, il voulait fusionner Lyon avec Villeurbanne, Caluire et la Mulatière. Il a tout raté puisque ces communes existent encore. On aurait réalisé ces fusions on se serait retrouvé comme en Allemagne : avec de vraies grandes communes. Or, l’échelon communal, je l’aime beaucoup pour son côté communauté. En fin de compte, la question du transport est cruciale : si vous avez des difficultés de transport pour aller à St Priest, par exemple, et bien St Priest n’existe pas. St Priest existe dans l’imaginaire des gens à partir du moment où on a installé le tramway. Même chose pour le quartier de Gerland, il s’est mis à exister sur la carte lorsqu’on y a apporté le métro. Les échelons doivent correspondre à une réalité humaine. Il faudrait supprimer le département car il ne correspond plus de nos jours à une quelconque réalité. La métropole, elle, a une réalité grâce au sentiment d’appartenance : il y a un partage, des échanges, une mise en commun des savoir-faire… On  fait ainsi travailler les ressources de tout un espace et ça profite à l’ensemble de la région, ça la rend plus vivante. L’agglomération posera question à terme, mais c’est l’échelon le plus souple, il est amené à évoluer. Ensuite, il faut toujours un échelon de proximité – et je ne défends pas là ma position d’élu d’arrondissement – les gens ont besoin d’un échelon qui soit à leur portée, visible, à qui ils peuvent s’adresser. Aujourd’hui, l’agglomération et la métropole sont importantes pour peser au niveau international. »

Propos recueillis par Charlotte Bonnet

Pôle métropolitain lyonnais: y'a-t-il trop d'échelons de décision en France et en Rhône-Alpes ? (Lyonnitude(s) )

J’ai récemment été interviewé par Charlotte Bonnet (dont vous avez pu apprécier entre autes les articles dans Tribune de Lyon) sur la question du Pôle Métropolitain Lyonnais.

Quels sont, selon vous, les atouts du pôle métropolitain lyonnais ? 

« Ce qu’il y a d’intéressant dans le pôle métropolitain, tout d’abord, c’est la tentative de modernisation basée sur une réalité. J’ai vécu cette réalité, par exemple, lorsque j’étais professeur à l’EM Grenoble. Je prenais alors souvent le train Lyon-Grenoble, qui n’est pas à la hauteur en terme d’horaires et de capacité, et c’est là que le pôle métropolitain pourrait entrer en jeu. Il pourrait avec l’aide de la Région régler les problèmes de transport. Il y a aussi la question de la suppression de vieilles rivalités : personnellement, j’adore faire des blagues sur les Stéphanois mais ça reste du sport pur. Enfin, le pôle métropolitain permet de faire plus de projets : il y a une complémentarité réelle entre les espaces concernés. Théoriquement, le pôle métropolitain est censé représenter une prospective, c’est-à-dire que d’ici 20 à 30 ans on aura probablement une même agglomération pour Lyon et St Etienne. »

Quels sont les éventuels freins au pôle métropolitain ? 

« Le pôle métropolitain est facilité par la victoire de la gauche aux municipales. Après les prochaines élections, sa mise en œuvre risque de se compliquer. Le seul frein actuel est le refus de la part de la communauté de communes de l’est lyonnais (là où se trouve l’aéroport Lyon-St Exupéry) d’intégrer le pôle métropolitain. C’est un vrai problème, pas seulement politique mais aussi sociologique : les habitants de cet espace redoutent de faire partie d’un ensemble plus grand et de ne plus pouvoir alors maîtriser leur espace. Alors que tous ces gens là sont bien contents de pouvoir profiter des infrastructures du Grand Lyon, comme l’opéra et les piscines. Autre problème : c’est encore un échelon supplémentaire. On a l’arrondissement, la ville, le Grand Lyon, le département, la région, la métropole, l’Etat, l’Europe… Huit échelons, c’est beaucoup, c’est même un record en France. Comment se situer alors dans les échelons ? Comment se situe t-on, par exemple, dans un arrondissement, le plus petit des échelons ? Nous n’avons aucun pouvoir, pas de budget, mais c’est nous qui sommes le plus en contact avec la population. »

Quel serait le nombre d’échelons idéal ? 

« Je pense qu’on a raté quelque chose, c’est la faute au côté « clochemerle » de la France. Prenez le dernier maire socialiste avant Gérard Collomb, Jean-Victor Augagneur, il voulait fusionner Lyon avec Villeurbanne, Caluire et la Mulatière. Il a tout raté puisque ces communes existent encore. On aurait réalisé ces fusions on se serait retrouvé comme en Allemagne : avec de vraies grandes communes. Or, l’échelon communal, je l’aime beaucoup pour son côté communauté. En fin de compte, la question du transport est cruciale : si vous avez des difficultés de transport pour aller à St Priest, par exemple, et bien St Priest n’existe pas. St Priest existe dans l’imaginaire des gens à partir du moment où on a installé le tramway. Même chose pour le quartier de Gerland, il s’est mis à exister sur la carte lorsqu’on y a apporté le métro. Les échelons doivent correspondre à une réalité humaine. Il faudrait supprimer le département car il ne correspond plus de nos jours à une quelconque réalité. La métropole, elle, a une réalité grâce au sentiment d’appartenance : il y a un partage, des échanges, une mise en commun des savoir-faire… On  fait ainsi travailler les ressources de tout un espace et ça profite à l’ensemble de la région, ça la rend plus vivante. L’agglomération posera question à terme, mais c’est l’échelon le plus souple, il est amené à évoluer. Ensuite, il faut toujours un échelon de proximité – et je ne défends pas là ma position d’élu d’arrondissement – les gens ont besoin d’un échelon qui soit à leur portée, visible, à qui ils peuvent s’adresser. Aujourd’hui, l’agglomération et la métropole sont importantes pour peser au niveau international. »

Propos recueillis par Charlotte Bonnet