Une bonne idée de Falconhill (qui célèbre aujourd’hui sa première fête des papas) et reprise par Nicolas: se lancer dans le corrigé des sujets de philosophie du baccalauréat de cette année. Attention pas une correction sérieuse comme celle que je vais faire à mes étudiants demain, il s’agit ici d’un exercice léger.
J’avais pour ma part un professeur de philosophie assez détestable en terminale, le genre de type à vous donner envie d’aller gratter un blackjack au café à côté de l’école plutôt que de l’écouter disserter. A peine moins pénible que l’enseignant de la très dispensable série « La philo selon phil ». Bien qu’ayant résisté à la tentation cafetière, j’ai eu une note plutôt médiocre. C’était quelques temps après mon premier vote, pour les présidentielles de 1995, où malgré mes votes Jospin aux deux tours, j’avais accompagné ma grand-mére, militante RPR, au QG de campagne lyonnais de Chirac pour la proclamation des résultats, elle avait du mal à se déplacer et attendait depuis si longtemps la victoire de son champion…
Je vais être plus court que mes amis et un peu plus corporatiste, au lieu de jouer à la roulette du casino pour choisir mes sujets, je vais me limiter à deux de ceux du bac dont je suis titulaire: celui de la série ES.Rt je me dispenserait du commentaire de Sénèque. Tiens d’ailleurs comme c’est aussi la fête des pére, bonne fête à mon papa, bonne fête à lui qui enseigne dans cette filière Economique et Sociale pour sa dernière année avant sa retraite.
La liberté est-elle menacée par l’égalité ?
Nicolas me fait gentiment le compliment dans son billet de dire que les options que j’ai choisi au niveau politique permettent de cumuler les deux. C’est en effet une problématique qui est au coeur de mes intérèts. Laissez les individus avec la seule liberté et celle-ci s’étendra toute seule: les plus riches, les plus forts prendront très vite le dessus et les abus se multiplieront. La liberté se réduira vite à celle de quelques-uns, à un monde de chefs de guerre façon Mad Max, à un univers où quelques-uns exploiteront beaucoup, aux temps de l’Empire Romain, de Babylone. Laissez l’égalité sans liberté, à la façon des anciens spartiates. Vous aurez un autre chemin vers l’opression. Utiliser l’égalité au départ pour que chacun puisse développer ses talents et vous aurez une société équitable.
L’art et-il moins nécessaire que la science ?
C’est quoi l’art ? C’est quoi la science ? Pour le premier j’avais répondu ici. Pour la science le sujet est vaste mais un écueil existe dans le sujet: Eviter le parti pris comme quoi la science serait forcément appliquée. Bien des découvertes bien pratiques dans le monde réel sont issues de travaux théoriques précédents. Donc attention à ne pas sombre dans le piége de la science uniquement utilitariste.
Qu’est-ce qu’ensuite que la nécessité ? Celle de la survie ? Celle de la progression morale et culturelle ? Pour la survie, il est bien évident par exemple que la création du feu, du panier à ceuillette ou du téléphone (même si on peut regretter qu’il aie contribué à la profusion de conversations débiles dans le bus en rentrant du boulot) ont plus fait pour la survie d’humains qu’une oeuvre de Daniel Sarrabat (dont un tableau ilustre le présent billet). En même temps, il y a des sociétés peu tournées vers l’innovation technologique comme le royaume de Judas, qui ont laissé une trace éternelle dans la culture humaine, ce qui montre l’utilité de la culture et de l’art dans les sociétés humaines. Sans art, Athénes, l’Egypte, Istanbul perdent de leur superbe. Sans art, la Chine actuelle perd une part de sa mémoire et de sa grande confiance à avancer. Art et sciences, voici les deux mamelles de l’élévations des âmes et des sociétés humaines. Pourquoi se priver de l’un ou de l’autre ?