Lyonnitude(s) : Après le premier tour

Retenir ce soir la poussée en tête de François Hollande. Ce n’était pas écrit d’avance tant les courbes se croisaient et se décroisaient.

Ensuite le vote du FN, modeste dans les grandes villes françaises, avec Paris à 6% et Lyon à 10% mais bien plus grand dans les campagnes et les zones périurbaines.

Avec 18%, bien davantage qu’en 2002, le Front National de Marine Le Pen atteint un fort niveau dans une présidentielle. Que ses militants soient absents pendant les campagnes, que le parti soit peu présent dans le quotidien des gens, que l’on trouve des gens aux envies des plus contradictoires importe peu: le FN est, comme d’autres bulletins, plus que d’autres bulletins même, utilisé comme un vote sanction. Nombre de membres de l’UMP du Rhône qui se réjouissaient avec Michel Havard hier des possibilités que leur offraient ce réservoir de voix, devrait prendre garde à plusieurs niveaux:

-D’abord sur le fait que ces électeurs ne lui sont pas forcément acquis, nombre d’entre eux ayant pris le bulletin à la flamme pour manifester un mécontentement par rapport au pouvoir en place.

-Ensuite parce qu’à courir derrière le FN, l’UMP, qui est en train de perdre ses valeurs, ce qui met mal à l’aise certains de ses membres, pourrait perdre son unité. Et ses électeurs.

A ce titre d’ailleurs le mauvais score de Nicolas Sarkozy comparé à la hausse de Marine Le Pen est un révélateur: à vouloir siphonner le Front National, le candidat sortant a fini par valider ses thèses et son agenda.

A répondre « Halal » quand on lui demandait « social », les électeurs ont fini par partir vers celle qui leur promettait d’évoquer la viande sacrifiée et la solidarité. Comme d’autres, l’UMP Michel Forissier, Maire de Meyzieu et responsable local de l’UMP plus subtil et surtout plus ferme sur ses valeurs que le vacillant député du même parti, Michel Havard, l’a lui bien compris en disant que le FN n’avait pas à arbitrer le débat du second tour et devait se faire dans le débat républicain. La chose illustre bien la fracture qu’il existe désormais dans le parti de droite concernant le FN.

Qui pourrait d’ailleurs un jour le siphonner pour devenir la première force à droite, les électeurs préférant alors de plus en plus l’original au travail de moine copiste d’un Claude Guéant ou d’un Sarkozy. Le discours social en plus puisque Marine Le Pen a cherché a attirer sur son nom cette thématique, les électeurs lui préférant sur ce point la aussi la version d’origine: la gauche.

Reste enfin une réalité, dite par Sarkozy au long de la campagne: il est seul. Seul alors que son challenger engrange les soutiens. Seul alors que 3 français sur 4 qui se sont exprimés ont voté contre lui. Loin du projet de la droite française il y a déjà bien longtemps sous Giscard: réunir 2 français sur trois autour d’un projet de société. A l’époque où la droite française était dominée par les humanistes et les modérés. Il y a des lustres on dirait…

Il y a un vent d’envie de changement. Se concrétisera-t-il

ps: merci aux habitants du 7e, qui ont largement voté hier et permis grâce au vote de nombre d’entre eux de placer largement Hollande en tête des suffrages de notre arrondissement avec 33,01% face au 24,01 du sortant suivi dans l’ordre par Mélenchon, Bayrou puis Le Pen.