Lyonnitude(s) : mars 2012

« Le blog politique en état de mort clinique ». Sans doute, avec ce genre d’avis de décés, déjà vu, déjà lu, déjà écrit depuis des années, l’estimable Rue 89 veut-il lancer une polémique afin de faire le buzz autour de lui.

Soit. C’est son droit.

 On m’a demandé mon avis à plusieurs reprises sur le billet., notamment Mademoizelle Geekette.

Pour commencer, on peut tout de même trouver curieux, pour cet article, de n’avoir interrogé que des gens étant partis de la blogopsphére ou n’y ayant jamais pris part.

On peut aussi trouver étranges certaines analyses comme par exemple cette phrase 

 » En 2005, quand la quasi-totalité des médias faisaient campagne pour le « oui » au référendum sur le traité européen, ils sont devenus le média incontournable d’une majorité hostile et favorable au « non « 

Si, contrairement à ce que dit Nicolas J dans son billet, très juste par ailleurs, il existait déjà une blogosphére politique à l’époque, c’est par contre, et la-dessus je le rejoint,  surtout par des envois de mails, des forums, des sites traditionnels que se faisait la campagne. Même si il existait aussi quelques carnets virtuels comme Publius, collectif dont je faisait partie (et dont faisait partie Versac, inteorrgoré dans l’article) et des blogs à succès comme Comvat…mais plutôt orientés vers le Oui !

Autre élément suprenant:

Aujourd’hui, le Web ne serait plus un espace alternatif : les commentateurs ne jurent plus que par les « timelines » (le nouveau format des profils Facebook) et le nombre d’abonnés sur Twitter.En 2012, les réseaux sociaux ont pris la place des blogs, qui ne sont plus des outils adéquats pour une campagne, explique Arnault Coulet, cofondateur de Netpolitique : « En 2007, il y avait un espace médiatique vacant sur le Web, on y a donc vu l’émergence de quelques blogs dits influents, mais aujourd’hui, le format du blog est obsolescent. »

La chose est discutable: Arnault le sait très bien pourtant: lorsqu’il lance Sitoyen en 2006, un média contributif, le buzz, mérité, est largement au rendez-vous. Par contre, lorsqu’il y a quelques mois, il met en ligne  une application Facebook pour les présidentielles,  le succès est plus relatif.

Et puis, quelle est cette opposition factice entre réseaux sociaux et blogs ? Facebook, Twitter sont de gros apporteurs de trafic vers nos blogs et de plus en plus.  Sinon pourquoi mettons-nous des boutons de partage en bas de nos articles ?  La seule différence peut-être, c’est que aujourd’hui le commentaire se déplace et ne se tient plus uniquement à un seul endroit. Un billet peut aujourd’hui être discuté sur l’espace prévu aux réactions des lecteurs mais aussi sur Google Plus, Viadeo, Facebook, Twitter… ce qui est intéressant au niveau de la ventilation des discussions, moins par contre en termes de concentration du débat. Le commentaire se fait plus rare.

Enfin si les blogs étaient réellement décédés, pourquoi nos lecteurs sont-ils toujours plus nombreux ? J’ai regardé  archives des statistiques compteur du blog que j’avais en 2004. Rien à voir avec aujourd’hui. De même pour ceux qui était la en 2007.

De même pour cette phrase:

A la lumière du Web politique, c’est une image sombre d’Internet en général qui se dessine : les intermédiaires classiques ont repris leur place et le véritable message politique alternatif a du mal à se faire entendre.

Pourtant jamais les blogueurs n’ont été autant sollicités pour prendre la parole sur les médias classiques: j’interviens personnellement sur Lyon Mag, Tribune de Lyon et RCF sans compter des contributions ponctuelles sur des sites de presse nationale. Et c’est le cas de nombre de copains blogueurs, qui collaborent par exemple à Europe 1 Le Lab (qui les rémunère)Romain P, Vogelsong et Jegoun, ou l’Express qui fait bosser d’autres copains, comme M. Poireau ?Que des sites entiers comme le Huffpost soient basés en grande partie sur nous ? Ou que certains d’entre nous sont de plus en plus invités à s’exprimer dans divers lieux ?

Si l’on peut se réjouir que les médias tradis et leurs journalistes soient plus qu’avant ouverts à la discussion, ce changement renforce justement encore davantage les blogueurs politiques. L’évolution des uns ne se fait pas au détriment des autres dans le cas présent !

Les réseaux sociaux ont connu un vrai boum. Il y aura bientôt plus d’utilisateurs de Facebook que d’automobilistes. Mais, au-delà de la démocratisation de l’expression et du côté moins impliquant qu’imprime cette nouvelle forme d’écrit sur la toile, les réseaux sociaux, sont, on l’oublie, d’abord un vecteur de contenus.  Participant à un secteur en pleine croissance: le blog politique.