Lyonnitude(s) : Interview de Bernard Schalscha du collectif urgence Darfour

Le 29 avril aura lieu au Cintra, 43, rue de la Bourse à 19H30 une soirée de sensibilisation à la cause du Darfour. L’entrée et le buffet sont fixés à 20 euros (10 pour les étudiants). L’intégralité des fonds sera reversée à des actions en faveur de cette région du Soudan qui connait un destin tragique. Informé de la chose par mon collègue Adjoint au Maire du 3e Arnaud Benhamou et par Serge Barbet (voir aussi le billet de Najat), j’ai interviewé l’organisateur de la soirée, Bernard Schalscsha. J’espère que vous viendrez nombreux.

1- Bernard Schalscha, qui êtes-vous?

Je suis un ancien journaliste, ex-correspondant à Lyon pour divers titres de la presse nationale. Par ailleurs je fais partie de la génération des « soixante-huitards », et je n’ai jamais cessé de me mobiliser contre les diverses formes de l’injustice et de l’oppression qui sévissent aux quatre coins de la planète, et aussi en France. Mon principal engagement est désormais contre l’oubli des génocides passés, et bien sûr contre ceux qui risquent de survenir. D’où mon militantisme actuel en tant que secrétaire général du Collectif Urgence Darfour.

2- Pouvez-vous nous présenter ce qu’est le Darfour et ce qui vous a donné envie de vous engager dans la cause ?

Le Darfour est une province (grande comme la France), à l’ouest de cet immense pays africain qu’est le Soudan. Cette province a toujours été délaissée par le pouvoir central établi à Khartoum, la capitale.

En 2002, une rébellion armée a commencé dont l’objectif était (et reste encore) une meilleure répartition des richesses nationales. Face à cette rébellion (assez faible, d’ailleurs), le gouvernement a répondu par une répression démesurée, qui s’est essentiellement abattue sur les populations civiles. Les violences exercées par l’armée gouvernementale, appuyée sur les tristement célèbres milices janjawids, a abouti à des massacres de masse et des millions de déplacés. L’ONU estimait, il y a deux ans, que sur les 6 millions d’habitants du Darfour plus de 300 000 avaient péri et que 2,7 millions avaient dû fuir leurs villages et vivaient désormais dans des camps de déplacés. Je précise que le régime de Khartoum est issu d’un coup d’Etat militaire, qui a eu lieu en 1989, organisé par les islamistes de la mouvance des Frères musulmans. Quant aux victimes, les Darfouris, ce sont des populations noires africaines de confession musulmane.

Quand j’ai su ce qui se passait et que j’ai compris que des massacres de masse avaient lieu (une fois de plus dans l’indifférence générale !), j’ai rejoint le tout petit noyau de militants qui, en France, tentaient de mobiliser l’opinion pour que la communauté internationale réagisse. Ce n’était qu’une petite dizaine d’années après l’effroyable génocide des Tutsis du Rwanda : allions-nous encore laisser les bourreaux commettre tranquillement leurs horreurs ?

3- Quel est votre rôle au sein de cette campagne ?

J’impulse, aux côtés des autres responsables de notre Collectif, et en particulier de notre président, le Dr. Jacky Mamou (ancien président de Médecins du Monde), les actions de sensibilisation à la tragédie du Darfour : conférences, meetings, articles, interventions sur le Net, débats dans les médias, démarches auprès des responsables politiques européens et français… Je suis également en contact avec les réfugiés darfouris en France, qu’il est nécessaire d’aider. Nous aidons ainsi à les mettre en relation avec la Cour pénale internationale, pour qu’ils puissent faire savoir ce qu’ils ont subis.

4- Pouvez-vous nous présenter l’événement que vous organisez le 29 avril ?

Il s’agit d’une soirée destinée à alerter les Lyonnais de la situation actuelle au Darfour où, contrairement à ce qui a prétendu le président soudanais El-Béchir (recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l’humanité) la guerre contre les populations civiles se poursuit. Nous avons réussi à mobiliser de nombreuses personnalités de la vie politique, culturelle et artistique, dont nous espérons qu’elles se feront les relais de cette cause. Les bénéfices nous serviront à financer nos activités de « lobbiying » en faveur de la protection des Darfouris. Si vos lecteurs souhaitent s’informer un peu plus je leur conseille de lire ce que le journal Libération a récemment publié à propos des élections truquées qui viennent d’avoir lieu au Soudan par exemple ici . Ils peuvent aussi, bien sûr, suivre nos activités sur notre site  .