Le rôle des sensibilités chez les socialistes #congresps (Lyonnitude(s) )

Ce congrès de Toulouse, congrès de rassemblement, fut sans nul doute l’un de ceux de l’histoire socialiste où les questions de sensibilités furent les moins visibles, ce qui ne veut pas forcément dire inexistantes.

En témoigne par exemple le rôle qu’elles ont au moment des compositions d’instances nationales. Même si c’est la base des motions du précédent congrès qui était la régle de calcul. Complexe ? Oui mais solution assez logique quand on veut l’unité.

Vivants, morts,  ou survivants,fabiusiens, rocardiens, montebourgistes, ex-strauss-kahniens explosés, aubrystes, hamonistes etc…les courants et sensibilités au PS peuvent être facilement incompréhensibles, dénués de sens et de réalité, véritables usines à perdre son temps et à gagner en sectarisme stupide.

Pourtant, de la formation militante et idéologique jusqu’à une plus grande transparence et parfois même un moins gros verrouillage, les sensibilités quand elles sont structurées, et quand elles évitent de former des guéguérres absurdes, sont une vraie richesse pour le PS.

Elles sont aussi autant de  lieux où s’exercent la fraternité d’armes, échappant même parfois à la solitude cynique. Et un endroit où l’on peut travailler entre gens de même sensibilité justement. Elles ne sont nullement indispensables, aujourd’hui nombre d’entre les militants socialistes ne font partie d’aucune, contrairement aux jeunes socialistes où leur rôle est majeur. Des personnalités importantes également en créent, en détruisent, n’en ont pas, temporairement ou pas.

Par exemple Manuel Valls ne structure pas.Au milieu d’un groupe de journaliste question kamikaze posée à l’entrée de la salle plénière « Manuel Valls on entend beaucoup que vous allez structurer quelque chose autour de vous au sein du PS ». La réponse claque sèche  » je ne structure rien du tout ». Bon…En même temps réponse logique dans les vagues ascendantes puisque définir des frontières peut circonscrire ses soutiens. Mais souci sur le long terme pour construire et pour fédérer cadres intermédiaires et militants. Dommage, le Ministre de l’Intérieur a fait une intervention assez remarquable, notamment en seconde partie de discours, dans ses remarquables évocations républicaines. Mais non, pas de structure pour se positionner ailleurs, différemment, contrairement à ce qu’on entendait de la bouche de certains à La Rochelle. Pour l’instant ?Pourtant Manuel Valls bénéficie de son propre quota de siéges au conseil national…alors?

Structurer, c’est comme je l’évoquais hier ce que veut faire Sarah Proust, dans le remarquable texte « Dépasser nos frontières » que j’ai signé moi aussi et dont j’ai déjà abondamment parlé. Peu de temps de paroles mais Sarah a dit l’essentiel avec talent: la rente, c’est l’adversaire. A voir donc la suite.

Structurer c’est aussi ce que devrait faire davantage le Pôle Ecologiste du parti socialiste, dont je suis un peu également, auquel j’ai également apporté mon paraphe, et dont le discours de Géraud Guibert, si il portait sur des problématiques importantes, a été particulièrement invisible, égal à une sensibilité qui aurait besoin elle aussi d’un peu de structure. De beaucoup même.

Constat général dans le PS, à l’exception des amis de Laurent Fabius et de diverses « ailes gauches » une culture de la structuration interne, sur le plan de l’organisation comme de l’idéologique qui fait cruellement défaut ailleurs. C’est un souci sans doute pour beaucoup dans les ailes plus sociales-démocrates et européennes (Tiens je vais textoter Axelle Lemaire, on va se structurer un courant, moi je me sens orphelin un peu dépuis DSK!) à part parfois sur un plan très local local (Collombistes…) qui ont envie de quelque chose.

C’est sans doute cela aussi qui amène une de mes amies à rejoindre Montebourg. C’est aussi ce côté organisé qu’apprécient dans les réseaux fabiusiens Thomas Lardeau, une vieille connaissance à moi devenue directeur de cabinet du Ministre des Affaires Européennes dans le travail de fonctionnement politique et pièce maitresse des amis de Laurent Fabius ou ses amis toulousains avec qui j’ai eu le plaisir de diner.  Ce sera également la lourde tâche pour une autre de mes connaissances chez Guedj et Maurel, qui ont maintenant un large espace sur « l’aile gauche »que de construire ce réseau sur la durée…