Prix du nucléaire: une fausse polémique pour un vrai problème (Lyonnitude(s) )

L’objectif de réduire la part du nucléaire est un engagement fort de la présidence de François Hollande. Arnaud Montebourg et Manuel Valls ont affirmé que le nucléaire était une énergie peu chère mais sans remettre en cause l’objectif final choisi par François Hollande et le gouvernement, favorables à une réduction (et non à une disparition d’un coup de baguette magique) du parc nucléaire. Et puis d’ailleurs le nucléaire est-il si peu cher? Et, question à laquelle trop de montés au créneau ce jour n’ont pas répondu, en plus des économies d’énergie, en plus des smart grids, par quoi on remplace l’atome ? et l’UMP a-t-elle encore un reste de programme sur ces questions, elle qui défendit les parcs nucléaires avec violence pendant toutes les présidientielles?

Une polémique un peu politicienne sur un sujet majeur

C’est une nouvelle polémique un peu vaine qui s’est entamée sur le nucléaire après les déclarations d’Arnaud Montebourg affirmant que cette énergie constituait une filière permettant de produire une énergie peu chère et d’avenir, avant de confirmer qu’il soutenait l’objectif du gouvernement d’en réduire la part, comme cela a été réaffirmé hier soir par Jean-Marc Ayrault.

Bien qu’un peu brouillon, cela me semble logique de la part du Ministre du redréssement productif, tant la question du nucléaire n’est pas que comptable. Et que, le ministre le sait, les innovations de demain ainsi que l’évolution du marché de l’énergie changeront la donne.

Si il est logique que certains EELV se soient engouffrés dans la polémique agitée par nombre de ventilateurs, il est pour le moins peu cohérent de voir l’UMP, entre deux guerres des chefs, se mettre dans les rangs des critiques. Ceci alors que l’ensemble de la campagne de Sarkozy s’était faite en accusant François Hollande de vouloir détruire toute production d’énergie en France à commencer par l’atome. Je me souviens d’envolées lyriques sur l’atome à radiation devant des jeunes pops extasiés dans les meeting du candidat sortant. Et il n’était pas seul puisque Copé, Fillon et Lemaire parlait tous du nucléaire avec des trémolos de vénération sacrée dans la voix.

En face, le président de la République s’était engagé à un passage à 50% de la part du nucléaire dans l’énergie française d’ici à 2025. Un pari plaisant mais exigeant.

Mais revenons au fond. L’énergie nucléaire est-elle peu coûteuse ?

Arnaud Montebourg n’a pas tort lorsqu’il dit que la production d’énergie est peu chère à produire. Même si il oublie sans doute les coûts induits par les déchets et les centrales. C’est d’ailleurs pourquoi ce prix relativement modique sera de moins en moins vrai.

Il faut normalement une quarantaine d’euros pour produire un megawatt/h d’électricité par ce biais.

Celui produit à partir de gaz, de charbon ou d’éolien terrestre est d’un coût compris lui, entre 88 et 92 euros selon l’Union française de l’électricité.

Mais la catastrophe de Fukushima a changé la donne, et les travaux de rénovation du parc français vont être onéreux. Il faudra très vite plutôt 75 euros pour produire un megawatt/h issu de l’énergie nucléaire.

Très loin du bien plus modeste coût de production de l’hydroélectrique qui est lui compris entre dans des fourchettes d’environ 16 à 23 euros après amortissement des équipements…En plus c’est du renouvelable. Mais je plaide un peu pour ma paroisse.

Pour ce qui est du coût global pour l’économie française, la stratégie industrielle tournée vers l’atome n’est pas forcément une bonne affaire ici non plus.

L’année passée la France a importé 2 800 mégawatts d’Allemagne ; 2 000 mégawatts d’Angleterre ; 1 600 mégawatts de Belgique ; 1 000 mégawatts d’Espagne ; 900 mégawatts d’Italie ; 50 mégawatts de Suisse.Pour compléter ces chiffres, il faut savoir que le 9 février, jour où le pic de prix, a été atteint, le mégawatt se négociait à  1 938,50 euros. Et une partie a été importée à savoir 2 500 mégawatts d’Allemagne, 2 000 mégawatts d’Angleterre, chacun à ce prix très lourd…. On est loin de l’indépendance énergétique. Surtout quand on sait que l’uranium nécessaire pour le produire est à la portée d’un coup de fusil d’un taliban du Niger.

Un nucléaire encore vital pour nos ressources dans une France qu’il faudra faire rentrer en transition énergétique grâce à l’innovation

Alors ce qu’à dit Arnaud Montebourg est-il une erreur ou un revirement des engagements du Président qu’il soutien ? Non. A part la droite pour se faire peur, personne n’a jamais affirmé, à commencer par l’intéressé, que François Hollande  allait d’un coup de baguette magique, se débarrasser de l’atome. Le nucléaire reste vital pour nos besoins en énergie. 

Il ne suffit pas, comme le dit trop souvent Noel Mamére, de dire que le nucléaire c’est mal sans apporter de solutions. Pourtant les pistes existent.

C’est d’ailleurs ce qui a été dit par Arnaud Montebourg lui-même dans son discours de Frangy: Il faudra pour réduire sa part le plus vite possible, en passer par l’innovation, notamment par les smart grids, rationnalisateurs de consommation énergétique. Mais aussi, peut-être, si et seulement si une méthode non polluante est découverte, passer par un travail sur le gaz de schiste. Problème pour l’instant, les techniques proposées et qu’avaient failli valider le gouvernement précédent, sont une catastrophe écologique et leur mise en oeuvre serait inacceptable. Il faudra sans doute enfin aussi travailler sur le formidable potentiel en matière d’énergie thermique de notre pays.

Billet repris sur le site de l’hebdomadaire Marianne sous le titre « Sortir du nucléaire, oui, mais comment ? « 

Prix du nucléaire: une fausse polémique pour un vrai problème (Lyonnitude(s) )

L’objectif de réduire la part du nucléaire est un engagement fort de la présidence de François Hollande. Arnaud Montebourg et Manuel Valls ont affirmé que le nucléaire était une énergie peu chère mais sans remettre en cause l’objectif final choisi par François Hollande et le gouvernement, favorables à une réduction (et non à une disparition d’un coup de baguette magique) du parc nucléaire. Et puis d’ailleurs le nucléaire est-il si peu cher? Et, question à laquelle trop de montés au créneau ce jour n’ont pas répondu, en plus des économies d’énergie, en plus des smart grids, par quoi on remplace l’atome ? et l’UMP a-t-elle encore un reste de programme sur ces questions, elle qui défendit les parcs nucléaires avec violence pendant toutes les présidientielles?

Une polémique un peu politicienne sur un sujet majeur

C’est une nouvelle polémique un peu vaine qui s’est entamée sur le nucléaire après les déclarations d’Arnaud Montebourg affirmant que cette énergie constituait une filière permettant de produire une énergie peu chère et d’avenir, avant de confirmer qu’il soutenait l’objectif du gouvernement d’en réduire la part, comme cela a été réaffirmé hier soir par Jean-Marc Ayrault.

Bien qu’un peu brouillon, cela me semble logique de la part du Ministre du redréssement productif, tant la question du nucléaire n’est pas que comptable. Et que, le ministre le sait, les innovations de demain ainsi que l’évolution du marché de l’énergie changeront la donne.

Si il est logique que certains EELV se soient engouffrés dans la polémique agitée par nombre de ventilateurs, il est pour le moins peu cohérent de voir l’UMP, entre deux guerres des chefs, se mettre dans les rangs des critiques. Ceci alors que l’ensemble de la campagne de Sarkozy s’était faite en accusant François Hollande de vouloir détruire toute production d’énergie en France à commencer par l’atome. Je me souviens d’envolées lyriques sur l’atome à radiation devant des jeunes pops extasiés dans les meeting du candidat sortant. Et il n’était pas seul puisque Copé, Fillon et Lemaire parlait tous du nucléaire avec des trémolos de vénération sacrée dans la voix.

En face, le président de la République s’était engagé à un passage à 50% de la part du nucléaire dans l’énergie française d’ici à 2025. Un pari plaisant mais exigeant.

Mais revenons au fond. L’énergie nucléaire est-elle peu coûteuse ?

Arnaud Montebourg n’a pas tort lorsqu’il dit que la production d’énergie est peu chère à produire. Même si il oublie sans doute les coûts induits par les déchets et les centrales. C’est d’ailleurs pourquoi ce prix relativement modique sera de moins en moins vrai.

Il faut normalement une quarantaine d’euros pour produire un megawatt/h d’électricité par ce biais.

Celui produit à partir de gaz, de charbon ou d’éolien terrestre est d’un coût compris lui, entre 88 et 92 euros selon l’Union française de l’électricité.

Mais la catastrophe de Fukushima a changé la donne, et les travaux de rénovation du parc français vont être onéreux. Il faudra très vite plutôt 75 euros pour produire un megawatt/h issu de l’énergie nucléaire.

Très loin du bien plus modeste coût de production de l’hydroélectrique qui est lui compris entre dans des fourchettes d’environ 16 à 23 euros après amortissement des équipements…En plus c’est du renouvelable. Mais je plaide un peu pour ma paroisse.

Pour ce qui est du coût global pour l’économie française, la stratégie industrielle tournée vers l’atome n’est pas forcément une bonne affaire ici non plus.

L’année passée la France a importé 2 800 mégawatts d’Allemagne ; 2 000 mégawatts d’Angleterre ; 1 600 mégawatts de Belgique ; 1 000 mégawatts d’Espagne ; 900 mégawatts d’Italie ; 50 mégawatts de Suisse.Pour compléter ces chiffres, il faut savoir que le 9 février, jour où le pic de prix, a été atteint, le mégawatt se négociait à  1 938,50 euros. Et une partie a été importée à savoir 2 500 mégawatts d’Allemagne, 2 000 mégawatts d’Angleterre, chacun à ce prix très lourd…. On est loin de l’indépendance énergétique. Surtout quand on sait que l’uranium nécessaire pour le produire est à la portée d’un coup de fusil d’un taliban du Niger.

Un nucléaire encore vital pour nos ressources dans une France qu’il faudra faire rentrer en transition énergétique grâce à l’innovation

Alors ce qu’à dit Arnaud Montebourg est-il une erreur ou un revirement des engagements du Président qu’il soutien ? Non. A part la droite pour se faire peur, personne n’a jamais affirmé, à commencer par l’intéressé, que François Hollande  allait d’un coup de baguette magique, se débarrasser de l’atome. Le nucléaire reste vital pour nos besoins en énergie. 

Il ne suffit pas, comme le dit trop souvent Noel Mamére, de dire que le nucléaire c’est mal sans apporter de solutions. Pourtant les pistes existent.

C’est d’ailleurs ce qui a été dit par Arnaud Montebourg lui-même dans son discours de Frangy: Il faudra pour réduire sa part le plus vite possible, en passer par l’innovation, notamment par les smart grids, rationnalisateurs de consommation énergétique. Mais aussi, peut-être, si et seulement si une méthode non polluante est découverte, passer par un travail sur le gaz de schiste. Problème pour l’instant, les techniques proposées et qu’avaient failli valider le gouvernement précédent, sont une catastrophe écologique et leur mise en oeuvre serait inacceptable. Il faudra sans doute enfin aussi travailler sur le formidable potentiel en matière d’énergie thermique de notre pays.

Billet repris sur le site de l’hebdomadaire Marianne sous le titre « Sortir du nucléaire, oui, mais comment ? «