La Turquie est européenne

Bon billet de Gérard Mentor sur la Turquie en ce temps de changement probable à la tête de notre diplomatie. J’ai pour ma part, toujours été favorable à l’intégration de ce grand pays dans l’Union Européenne où il a toute sa place. Si je suis heureux qu’à gauche, ll’ntégration soit majoritairement portée, notamment par Cohn-Bendit ou Rocard, de Marine Le Pen à Bayrou  e, passant par  Copé,une bonne faction de la droite n’y est par contre nullement favorable, même si des exceptions notables existent. Ce n’est d’ailleurs pas en tant que Président Français mais en tant que dirigeant actuel du G20 que Nicolas Sarkozy s’est rendu en Turquie, de façon d’ailleurs visiblement très impolie vis à vis de ses hôtes.

 « En réalité, nous faisons actuellement comprendre  aux Turcs que tous les efforts qu’ils font actuellement pour nous rejoindre sont vains, puisque, quoi qu’ils fassent, quels que soient leurs progrès, nous leur fermerons la porte in fine. En somme, ils sont en train de gravir un grand et pénible escalier, au bout duquel les attend, non pas une porte ouverte ou entrouverte, leur laissant l’espoir d’entrer, mais une porte fermée, cadenassée, et blindée.

Par conséquent, quelle peut-être leur réaction normale ? Le ras-le-bol, et le rejet pur et simple. Gravir un pénible escalier pour rien, c’est inutile. Et s’ils constatent que la porte reste fermée, ils finiront par redescendre, en abandonnant leurs efforts (ou au moins, ils ne bougeront plus de leur marche -fin de la métaphore-). Ce qui serait tout simplement dramatique ! Nous avons l’occasion unique d’inciter un grand pays comme la Turquie à changer ses institutions, à se démocratiser, à abandonner ses mauvaises pratiques, à se prémunir contre le risque d’un État dominé par le facteur religieux, à faire une plus grande place aux droits de l’homme, et nous la gâcherions ? Non ! C’est absurde. Il faut continuer à donner à ce pays une raison de s’améliorer, et de se rapprocher de nous, et de notre mode de fonctionnement, faute de quoi il s’en éloignera fatalement, inexorablement. Forcément, il cherchera d’autres alliés, plus bienveillants à son égard, des amitiés bien moins recommandables à nos yeux. C’est ce qu’il faut éviter par tous les moyens.

Une attitude d’ouverture (il y a du progrès à faire, mais sachez que si vous y parvenez, vous serez les bienvenus) peut nous offrir un allié essentiel pour demain. Une attitude stérile d’intransigeante fermeture (quoi que vous fassiez, c’est NON) pourrait en faire un ennemi, ou, au moins, l’éloigner de notre modèle.

Alors je suis partisan de cette ouverture. Je veux que la Turquie progresse, notamment sur la question chypriote, qui est intolérable. Mais qu’est-ce qui motivera la Turquie d’agir pour Chypre ? La carotte de l’UE ou bien notre hostilité ?

Et pour adopter un point de vue plus terre à terre, avoir un pays émergent et florissant comme la Turquie en son sein ne nous ferait pas de mal. Sans compter son potentiel apport stratégique, militaire, voire diplomatique, dans notre rapport aux autres puissances orientales.

Oui, cette question me préoccupe. Et l’idée que les Turcs puissent abandonner le rêve européen me laisse véritablement songeur et déçu. Il est impératif que nous changions totalement de perception, et que nous cessions d’adopter une attitude électoraliste et démagogique à l’égard de la Turquie. »