C’était donc hier l’élection du Président du Grand Lyon, institution dans laquelle je faisais pour ma part mes premiers pas d’élu.
Un moment qu’on nous présentait comme difficile pour Gérard Collomb.
En effet en prenant les clivages parisiens sur lesquels certains candidats UMP locaux comme Michel Havard à Lyon ou les candidats de droite de Villeurbanne et Bron avaient basé leur campagne, il y avait un rapport de 83 élus de droite pour 77 de gauche dans l’hémicycle.
En comptant le fait qu’une partie de la gauche de la gauche en bisibille avec Collomb comptait voter blanc (ce fut le cas des deux élus du GRAM notamment) et que des socialistes villeubannais pouvaient avoir des réserves, la partie pouvait avoir l’air compliquée pour certains observateurs.
Elus et presse de droite locale se voyaient déjà fêter victoire en chantant Tous Ceux qui Veulent Changer Le Monde.
C’était sans compter pour l’élection de Gérard Collomb comme Président du Grand Lyon sur
-La capacité à rassembler. Un de mes copains fraichement élu maire divers droite-et pas qu’un peu à droite!- de son village me confiait avoir voté pour l’être humain Gérard et pas pour Collomb.
-Le travail collectif engagé avec nombre de petits maires plutôt à droite mais sans étiquette définie au cours des derniers mandats. En 2008 par exemple Collomb avait ouvert son exécutif au groupe de centre-droit et sans étiquettes Synergie alors qu’il était majoritaire à lui seul.
-Une unité assez bonne de la gauche: si quelques voix se sont perdues, le bloc de gauche a voté plus massivement qu’annoncé pour Gérard Collomb
-Un travail visiblement assez solitaire de Monsieur Buffet, le candidat UMP, qui a associé assez peu ses amis politiques à sa campagne interne.
-Le soutien de certains Maires UDI à Gérard Collomb, qui n’ont pas oublié que Michel Mercier avait porté avec le Président du Grand Lyon la création de la Métropole.Et un esprit lyonnais, qui sans forcément chercher du côté des sociétés philosophiques, permet de regarder sur les projets plutôt que sur les étiquettes nationales. Contrairement au Progrès, je ne doute pas par exemple que Da Passano a voté pour Gérard Collomb.
-L’incapacité de l’UMP à exister au niveau du Grand Lyon et un fort sectarisme de certains de ses leaders. Sectarisme qui a rebuté dans certaines communes des Maires de droite comme celui de Charbonnière. Ou de nombreuses interventions quelques peu outrancières de Cochet, président de la fédération du Rhône, décrédibiliser le parti de Sarkozy
–Le vœu de beaucoup d’élus sur les bancs de la gauche comme de la droite (même si nous étions tous mélangés hier, les groupes politiques n’étant pas encore constitués) d’avoir un leader fort et reconnu. Non pas que le candidat UMP et Maire d’Oullins soie dénué de qualités, simplement il n’a pas la même aura que Gérard Collomb pour défendre une métropole
-Un exécutif qui sera vraisemblablement comme la dernière fois et la fois d’avant très ouvert, des communistes à la droite modérée. Avec un deal fort notamment avec EELV, qui a tendance ces temps-ci à être dans la majorité au moment de se faire élire puis à ne plus l’être ensuite. Et puis évidemment des discussions sur la gestion de la Métropole avec l’ensemble des acteurs.
A l’arrivée 92 voix pour le Président du Grand Lyon sortant, 58 pour son adversaire de droite. Là où ils étaient nombreux ceux qui annonçaient une victoire de la droite. Ou au moins un scrutin serré. Ah bon!
Du coup, déçu, Philippe Cochet a dérapé. Encore une fois. Le président de la fédération UMP du Rhône, Maire de Caluire, la commune où à été arrêté Jean Moulin a comparé les élus de droite qui ont voté Collomb aux collabos de la seconde guerre mondiale. Au-delà de l’immonde du propos, il y en a qui ne comprennent décidément jamais rien.
Photo de Gérard Collomb au Grand Lyon