Willie Nelson: Quand la country devient planante

La fête du 7e du week-end dernier a vu passer notamment  Dan Dickson and The Ranchmen,un groupe de country de la région.Sélectionné par les élus et l’équipe d’organisation, le groupe jouait une honnête musique pour les bals, agréable à écouter, mais ce style musical a provoqué des clivages d’appréciation heureusement pas trés graves entre les élus.En effet la country on aime ou on aime pas.

Musique entrainante, elle posséde aussi l’image, en France comme aux USA, d’une musique de bouseux réacs et un peu lassante à force.

N’étant pas un spécialiste du genre, j’avoue tout de même apprécier le style de temps à autre et notamment les Dixies Chicks (qui sont certes, comme Shania Twain, plus un groupe de pop légérement teinté au banjo qu’un pur représentant du genre) et surtout cette vieille crapule de Willie Nelson.

Voilà un porteur de Stetson qui pourrait convaincre le plus rétif à cette musique de chausser les bottes de cow-boy, d’ouvrir une Lone Star Beer et les oreilles.L’homme est un grand artiste mais c’est aussi un personnage.Vous ne savez peut-être pas qui c’est mais vous avez surement aperçu sa barbe et ses tresses dans un film ou sur le clip de USA for Africa « We’re the world »

William Hugh Nelson a mis les pieds sur terre au Texas il y a 74 ans.Ses premiers pas de musicien, il les fait via des cours par correspondance payés par ses grands-parents.

Il commence une carriére en chantant dans les bars, fait DJ dans une radio country dans l’Etat de Washington et vend pour 50 $ son premier texte de chanson qui deviendra un classique…du gospel: « Family Bible » en 1960.

Descendu au Tenessee, il n’arrivera pas à signer de contrats pour un disque mais écrira de nombreuses chansons dont Night Life, un standard.

Aprés quelques péripéties et s’être plus ou moins retiré du monde musical, Willie finit par signer son premier vrai contrat de chanteur à Austin, capitale de son Etat natal.

A l’époque, il avait déjà cette image d’hybride, improbable dans un milieu trés conservateur, de hippie et de cow-boy.

Il est vrai que la création d’Armadillo World Headquater, salle de concert mythique d’Austin favorisait tous les rapprochements.Willie se fera connaitre par un style musical bien particulier le Outlaw Country, dénommé ainsi car il sortait des clous des standards posés par la capitale du genre:Nashville.

Nelson n’a pas depuis laché la musique.Auteur de nombreux tubes avec sa voix unique, il a aussi trainé sa carcasse dans de nombreux films et dessins animés.

C’est une icone américaine, aussi familier à la culture populaire US que les coockies ou Coca-Cola, qui loin de se retirer sur ses terres, continue à faire parler de lui, artistiquement mais pas seulement.

Trés engagé dans la lutte pour la légalisation du cannabis, Willie Nelson a aussi soutenu plusieurs hommes politiques aux vues progressistes, chose rare dans un monde de la country trés majoritairement républicain (les trés texanes Dixies Chicks avaient subi un torrent de haine et de reprobation pour avoir déclaré dans un concert londonien qu’elles avaient honte de venir du même état que Georges W.Bush).

En 2003, pour les primaires Démocrates, il s’engage derriére Dennis Kucinich, le candidat de l’aile la plus à gauche du parti démocrate (et soutenu curieusement par le parti de la loi naturelle américain, vous savez les types qui font des bonds dans les sports de campagne, si, si regardez là).La même année, suite à un redécoupage des circonscriptions du Texas trés favorable aux Républicains et que n’aurait pas renié un Pasqua, il envoie des caisses de whisky aux démocrates texans pour leur souhaiter du courage.Il est par ailleurs trés interessé par les carburants naturels, chose qui n’est peut-être pas trés bien vu dans la zone la plus pétrolifére des USA…Il est aussi à l’origine de Farm Aid, une série de concerts en soutien aux famille de petits fermiers.

Bref un artiste à découvrir et la plus sympa et la plus déjantée des portes vers le Far-West musical et l’un des exemples de mélange de conscience sociale et de tradition US.

Je vous laisse avec « Pancho and Lefty », sympathique ballade du vieux Willie.

Willie Nelson And Merle Haggard – Pancho And Lefty