Pourquoi les gens de gauche ont une lecture erronée du catholicisme

Il y a une sorte d’incompréhension entre le monde politique, en particulier à gauche mais pas uniquement, et le Vatican.

Une lecture uniquement politique du message du Vatican

Cette incompréhension se base sur une démarche basée sur une erreur de base, celle de confondre les positions du Pape avec celles d’un parti politique. Celle de mélanger ce qui relève d’un spectre idéologique partisan avec une doctrine religieuse. Celle de lire les positions catholiques en terme de « droite-gauche » ou « progrès-réaction ». Celle de penser que le rôle de l’église du Vatican serait forcément de suivre l’air du temps. Le postulat que ce serait ‘bien » quand elle ferait selon les modes de nos jours et « mal » sinon. Enfin mal, on s’entend. Mal surtout sur les sujets où la gauche se veut dans l’air du temps. Pas sûr par exemple que les positions anti-clonage prises par le Vatican rencontrent beaucoup d’hostilité chez les contempteurs de la tradition. Mais, ça n’empêche, les gens de gauche lisent généralement le marc de café vaticanais à travers leur propre prisme. Un prisme très adapté, bien plus que celui des conservateurs, au champ politique. Mais qui colle moins au religieux, souvent bien différent.

Ainsi par exemple nombreux ont été déçus de voir que le Pape actuel, tout « progressiste » qu’il soit sur d’autres sujets comme par exemple la pauvreté,  n’allait pas reconnaître les unions homosexuelles ou le droit des femmes d’avorter.

La position de l’Eglise Catholique sur le mariage pour tous peut étonner les personnes non averties. Après tout les prêtres catholiques bénissent des chats, des chiens, des mulots. Certains offrent leur bénédiction même à des cartables. La seule chose qu’ils ne veulent pas bénir ou presque ce sont les unions homosexuelles. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne bénissent pas les homos de façon individuelle.

Mais concernant les couples de même sexe, leurs mariages, PACS et autres ne méritent même pas l’honneur fait à un cartable. Selon le Vatican . Et de voir nos belles âmes progressistes s’offusquer, que tout de même ce Pape qui parle si bien des pauvres n’est pas très sympa de dénoncer l’homosexualité comme étant un mode de vie anormal. Comme si la doctrine de l’Eglise n’était pas  celle-là depuis des années. Comme si cela ne puisait pas dans la lecture particulière de la Bible, même si il existe des courants en son sein, que font les émules du Vatican. Et non dans une doctrine de parti politique sur le progrès social et sociétal.

Quand ils parlent de modernité face à l’église catholique, les gens de gauche se trompent puisque l’église catholique n’a pas à s’adapter à l’air du temps ni aux exigences politiques. Ce n’est pas son rôle. C’est d’ailleurs pour cela que la droite, basée sur la conservation des ordres existants, possède un rapport plus apaisé, plus cohérent et plus proche au catholicisme.

Le rôle d’une confession religieuse, c’est de suivre sa conviction et son message au monde. Pas à s’insérer dans des critères temporels et politiciens. C’est d’ailleurs un grand paradoxe que les gens de gauche, prompts à juste titre à défendre la laïcité, prônent un alignement du religieux et du politique.

L’erreur de réduire une religion au champ de ses interdits et de ses avis sur la société

C’est une erreur que de réduire une religion à ses interdits ou ses autorisations sur les questions de société.  Le rôle d’une église, d’une congrégation, d’une foi, qu’elle qu’elle soit est surtout la foi. La croyance. Le rapport à Dieu.

Que la foi entraine un moralisme souvent est une réalité. Parfois terrible quand les intégristes de Daesh utilisent l’Islam pour tuer des homos et des bébés. Parfois plus sympathique quand la plupart des autres musulmans prennent le partage avec plus pauvre que soi. Ou quand les protestants demandent de faire des efforts dans sa vie. Mais ce n’est pas le cœur de la foi.

Par exemple que l’Eglise Protestante Unie de France bénisse les unions de couples de même sexe n’en fait pas l’alpha et l’oméga de cette confession à laquelle j’appartiens. D‘ailleurs si les interdits fondaient la religion, le protestantisme qui n’en comporte pas, ne serait pas une foi. Pas plus que le taoïsme.

Autoriser la bénédiction des couples de même sexe ne fonde pas la doctrine centrale du protestantisme. C’est juste une manière de débattre et de lire la Bible différente de l’église catholique. C’est d’ailleurs aussi en tant qu’adhérent à cette lecture de la Bible que je suis en désaccord avec le Pape. Je pense que l’amour universel du Christ va pour tout le monde. Je pense que Jésus ne faisait pas de distinctions entre les hommes, quels que soient leurs modes de vie. Je pense que Paul, qui a parfois des dit des choses terribles, plaide en fait quelque part pour le Mariage pour Tous. Puisque dans l’Epître aux Romains il condamne ce qu’il considère comme le caractère futil des pratiques sexuelles entre hommes, pourquoi justement ne pas offrir une voie de consolidations à de telles unions ? Je me situe là sur un plan théologique et non politique. Ce qui est normal quand on est croyant dans un pays laïc.

Une lecture laique et pensée des religions n’est pas de les confondre avec des partis politiques

Ce qui n’empêche pas le militant de gauche que je suis lui de défendre aussi le mariage civil pour tous. Celui de la République. Celui de l’égalité républicaine. Face aux partis  ( droite et extrême-droite) qui le combattent.

Oui c’est vrai, il peut arriver à ce que des religions interviennent dans le champ politique. Ce qui est amusant c’est qu’en fonction des affinités des uns et des autres, il arrivera au militant politique de les combattre, de leur demander de se taire ou contraire de les soutenir. Le proche de l’UMP (Les républicains) sera ravi de voir les catholiques intervenir contre le mariage pour tous mais il pensera qu’il faut qu’elle se taise lorsqu’elle parle des réfugiés. Le militant de gauche sera sur l’inverse. Mais l’essentiel de la nature et du message d’une religion est spirituel. Théologique. Non politique. C’est cela qu’il faut comprendre. Dans notre pays les religions ont le droit de s’exprimer. Mais elles ne sont pas candidates aux élections.

Rendons à Dieu ce qui appartient à Dieu et au pouvoir temporel ce qui appartient au pouvoir temporel. La laïcité et la religion seront bien gardées.