Petits conseils à voir au festival d’Avignon, dans le in et dans le off – Romain Blachier

Un Avignon riche et bon cette année. J’ai rencontré des acteurs culturels de toute la France et d’Europe,, monté des projets divers dans le domaine de la Culture bien évidemment là aussi, discuté, échangé. Je me suis amusé par ailleurs. Et j’ai vu des pièces. Bien sûr. Je vais m’improviser un peu critique du dimanche.

Dans le IN

La dictadura de lo cool :l’une des pièces les plus marquantes de ma vie si ce n’est tout simplement la plus marquante. Descendue par les Inrocks qui ne l’ont pas compris, encensée par d’autres comme nonfiction. la pièce ne laisse pas indifférent et j’ai senti les spectateurs partagés.

Le résumé ? Non fiction a trouvé les mots : Des bobos font la fête : des artistes, un président d’ONG… Ils gravitent habituellement autour d’un mentor, et ce soir-là, comme il vient d’être nommé Ministre de la Culture, chacun est venu avec un sourire carnassier. C’est aussi la nuit du 1er mai : les rues de Santiago du Chili se remplissent de manifestants. Seulement voilà, le nouveau ministre semble être un crypto-léniniste : tout soudain, il renie ses amis et sa femme, il prétend nommer aux commandes des institutions culturelles des ouvriers, des délégués syndicaux, des artistes des cités, des échantillons réels de la classe populaire. Les autres ne veulent pas, ne peuvent pas y croire. Malgré les crachats qu’ils reçoivent et autres avanies de toutes sortes, ils tentent, alors que la nuit est déjà avancée et leur état d’ébriété bien installé, de recouvrer le pouvoir qu’ils croient envolé.”

Un propos reçu pas toujours au mieux. Il est vrai que le public du in est parfois un peu conformiste, même si ce conformisme là est de gauche. Je ne crois pas l’avoir autant ressenti que ce soir. Les spectateurs qui se sont levés pour applaudir ont été rabroués par d’autres, les réflexions à la sortie étaient pour le moins variables, avec une appréhension pas toujours maitrisée de l’œuvre. La dictadura de lo cool, œuvre en espagnol sous-titré est un travail remarquable tant sur la mise en scène que le propos.J’ai trouvé très juste la dénonciation de la bonne conscience et de l’appropriation de parole des dominés, j’ai trouvé fabuleux l’engagement des comédiens, l’humour, même la dénonciation in fine des morts que provoquent les révolutions violentes en démocratie, la question des engagements lights en lieu et place des vrais problématiques. Cette pièce est sur la forme et sur le fond, l’une des meilleures que j’ai vues, avec une critique sur tout, y compris sur la violence révolutionnaire pourtant portée aux nues une partie de la pièce. La Re-Sentida avec cette critique sociale violente fortement engagée m’a laissé avec le corps tremblant et l’esprit en joie dans les rues d’Avignon.

Soft virtuosity de Marie Chouinard est un spectacle de danse parfois minimaliste dans le geste mais toujours fort dans l’intensité . Des émotions de l’esprit par temps de chaos et de robots. Un temps court (50 minutes) un propos trouvé abstrait par certains spectateurs, un moment d’intérieur des corps sur parfum de chaos (mais quelle programmation du in ne comporte pas sa part de chaos sous Olivier Py ? Ce qui est d’ailleurs fort bien) et un temps sombre et beau.

Rumeur et petits jours par Raoul collectif. Le in est plus célèbre pour ses programmations de drames que de comédies. Celle-ci, basée sur une caricature hilarante des tics des radios publiques francophones, est absolument réussie, avec une écriture et une interprétation de haut vol, servie par les moyens et le cadre du festival officiel. Et un propos des plus politique au milieu du délire ambiant, avec là toujours cette touche de chaos qui caractérise l’Avignon d’Olivier Py.

Dans le OFF

Au-dessus de la mêlée : un pièce sur le rugby. En fait une pièce sur la vie en groupe, l’apprentissage de l’âge d’homme, la loyauté, la vie. Quand on y ajoute une performance de l’auteur acteur, Cédric Chapuis, de premier ordre, c’est un beau moment de vie qui se façonne. Des larmes coulent sur mes joues.

Un fil à la patte : Du Feydeau, du bien joué, du drôle, de l’enlevé malgré quelques longueurs à la fin. Beaux costumes, bons acteurs, bon boulot de la compagnie Viva.

AY Carmela au Théâtre du Girasole par la compagnie Dont Acte: drôle et tragique mais une mise en scène de l’actrice Teresa Ovidio (elle irréprochable par ailleurs) fatigante. une longue pièce pour elle fermée dans un personnage de passionaria pénible. Et une écriture parfois courte: on ne comprend pas très bien ce qui pousse son personnage à mourir sur scène.

Comme il vous plaira au Théatre Du Grand Parvois :  un must porté par une mise en scène et une technique de premier ordre par les lyonnais du Chariot de Thespis. Des jeux de pouvoir et d’amour, comédie shakespearienne rencontrant la commedia dell’Arte. Un vrai moment divertissant et profond. Et puis là aussi c’est des copains.

EVITA amour, gloire etc. au Théâtre Des 3 Soleils Marilu production propose une oeuvre sur la vie de la célèbre ancienne première dame d’argentine. Un monologue bluffant sur un sujet pourtant revu en tous sens grâce au talent de Sebastian Galeota, artiste multiple qui est là un miroir et un émetteur polymorphe. Ca doit être ça le talent.

 Le Comte de Monte-cristo par Les âmes libres recommandé par l’amie Sol Buffet-Casal et dont j’ai croisé aussi l’équipe dans les rues. Dans la torpeur de l’après-midi je me suis parfois perdu dans les personnages multiples, sachant qu’en plus un même personnage est interprété par plusieurs comédiens parfois. Beaucoup de charisme chez les acteurs, de la présence et un jeu impeccable dans une salle remplie à juste titre. Donne envie de relire l’œuvre originale.

Moulins à Parole par Babebibobu. Roxane Turmel la comédienne m’avait convaincu de venir voir son travail. Une interprétation pêchue de textes de Benett par une actrice qui fait vivre avec crédibilité, talent et fraicheur des personnages pourtant forts divers. Manqué de temps pour un échange post spectacle avec la compagnie mais facebook est l’occasion de le dire : j’ai beaucoup aimé.

La folle histoire de Michel Montana par Oldelaf et Alain Berthier dans un show musical sur un musicien imaginaire. Un spectacle qui plus que vraiment agréablement surpris et qui a fait rire la salle en continu. Du haut vol dans le genre. J’ai adoré. Au début j’avais été amené par des copains comédiens qui avaient adoré. J’ai bien fait de les croire.

Carmen version danse et argentine par Cie Octavio de la Roza. Argentine mais pas forcément tango contrairement à ce que m’avais dit Loïc Bonnet pour qui tout ce qui est du pays des asados est peut-être de l’ordre de cette danse célébrée à Lyon par Cie de danse Libertango. Le spectacle est polymorphe. Il y a des drones, des instruments, des danses multiples. Le mythique. opéra est revisité avec talent et humour, légèreté et invention. Le spectateur se dit aussi que vraiment, il devrait plus souvent aller en salle de sport.

Le Quatrième Mur par les lyonnais de Théâtre des Asphodèles Une réussite publique monstrueuse ce mur où j’ai eu plaisir à retrouver le livre de Sorj Chalandon (autre lyonnais) et des comédiens talentueux. Une belle réflexion sur les divisions, le spirituel, le théâtre et un retour sur la guerre du Liban. Nulle doute que le spectacle trouvera nombre de preneurs chez les programmateurs. A la sortie grosses et intéressantes dicussions avec Julien Poncet

Par réflexion sur un projet que je mène en parallèle, je suis allé voir le one-woman show de

Elena Brocolitch dans une Bonne française. Par réflexion sur un projet que je mène en parallèle, je suis allé voir ce one-woman show. Je pensais voir de l’humour, tel que présenté, sur la notion de France dans des temps de diversités. Mais je suis tombé sur des sujets plus classiques. Je n’étais je pense pas dans la cible publique mais la bonne humeur de la comédienne était communicative.

La compagnie du Vieux Singe, une compagnie que je suis depuis 2 ans environ sur ses projets et que je soutiens. Ecrit et joué par sa responsable, Ophelie Kern, c’est une Illiade racontée aux enfants, un choix de la culture et de l’intelligence des petits. Elever la mer de la pensée dès les âges jeunes voilà un bel art.