L’accent lyonnais est discutable ou tout du moins discuté. ll se doit, évoqué dans une discussion, défendre son existence même.
Si il existe un accent méridional (avec une version sud-est et une bifurcation sud-ouest, recoupées pour le lyonnais en appellation « sud » tout court par généralisation paresseuse), des intonations des faubourgs de Paris (repensez au célèbre atmosphère d’Arletty) sans parler du célébre belge, du nordiste popularisé par un film ou du breton, l’habitant de Lyon mal informé pense que son français est aussi pur que celui du Tourangeau.
« Non y’a pas d’accent lyonnais » vous dira le peu au fait, sans prêter attention au jeûne ou au feûille en accent aussi fermé qu’une entrée aux Planches sans jeton en milieu de semaine l’été ou une école de commerce à la classe ouvrière. Qu’il y aie un peu de Y par ici et par là dans les phrases de son concitoyen, saupoudrée comme le sel de Guérande sur le saumon sauvage ne le marque pas. Pas plus que ces circonflexes se promenant ici et la. Non tu peux pas y dire qu’y’en a pas jeûne homme !
Malheureux accent lyonnais !
Quand son existence est acceptée, c’est trop souvent pour être renié comme un Besson rejettant son socialisme.
« Mais tu te rend pas compte c’est moooooche l’accent lyonnais, ça fait trop plouc ! »
Son côté trainant est moqué, ses e terminaux (qu’nelles) dévorés ridiculisés, ses oi mutés en oûa. Aujourd’hui son fort usage de circonflexes un peu partout est considéré comme une débauche par trop prolétarienne. Trop abuser du petit chapeau sur les voyelles ferait trop « beauf » pour les prétoriens aux oreilles délicates. De Gerland à Tarare, il est vrai que le parler d’lyon est plus répandu dans les quartiers populaires que dans les bastions d’enfants à pulls marines et vote UMP. Même si il n’est pas rare, à la sortie du Lycée du Parc, d’entendre les élèves parler du choûa de leur filiére.
Pourtant la signature locale à l’universelle langue française dans une ville où le brassage est plus fort que jamais est en voie de réhabilitation. Il devient de nouveau possible et acceptable (bientôt hype ?) d’y d’mander un p’tit mille-feûille aux Muses de l’Opéra.