Chrétiens d’Orients, les oubliés – Romain Blachier

Parmis les causes dont on parle peu, celle des chrétiens d’Orient est l’une des plus criantes et des plus passées sous silence, peut-être parce qu’elle ne « fait pas assez progressiste ».
[…]

  • 20 Nov 2007 par
  • Romain BLACHIER

Parmis les causes dont on parle peu, celle des chrétiens d’Orient est l’une des plus criantes et des plus passées sous silence, peut-être parce qu’elle ne « fait pas assez progressiste ».

Berceau du christianisme, cette zone du monde devient, par la force, de plus en plus monocolore, y compris dans des zones de forte implantation et de cohabitation jusqu’ici harmonieuse.

Bien sur, précisons les choses, il n’y a pas une mais des églises, multiples et variées, des infinies variations orthodoxes (Alexandrie,du Sinaï…) catholiques (Syriaques, copte,maronite…) ou protestantes ( Evangélique copte, luthérienne de Terre Sainte…).

Et évidemment, l’appellation  chrétiens d’orient est trop vague puisqu’elle inclut certes les chrétiens en terre d’Islam mais aussi la puissante Eglise Grecque Orthodoxe ou celle de Russie.

Parlons donc plutôt alors de façon générique mais également plus précise géographiquement de chrétiens en pays musulmans.

Historiquement, avant l’Islam, nombre de ces pays étaient de différents rites liés à Jésus-Christ ou pratiquaient le paganisme comme l’Arabie du temps de Mahomet.La conquête par les Ottomans et la conversion des populations laissa ça et là des minorités parfois fortes, comme au Liban, de chrétiens.L’égalité des droits n’était pas forcément de mise mais au moins il était possible au long de l’histoire, la plupart du temps, de vivre en paix et de pratiquer sa

religion.

Les indépendances, la montée d’un nationalisme arabe laïcisant fut l’occasion pour ces chrétiens de manifester et de lutter pour la libération de leur pays du joug colonial, avec un espoir, celui de vivre dans un pays d’égalité des droits.Nombreux seront ceux qui seront à l’origine des gauches arabes ou tout simplement des partis politiques

modernes au Liban.Ils ont lancé nombre de journaux comme l’Orient.Journalistes,banquiers, professeurs, musiciens il ont apporté leur pierre aux nations auxquelles il appartiennent.

Souvent déçus par certains régimes auxquels il avaient apporté leur pierre, qui utilisaient la laïcité comme moyen de contrôle et non d’égalité, ils assistèrent également trés souvent  à  des  limitations de plus en plus fortes de leurs libertés par des dirigeants soucieux de se concilier une opposition informelle prenant souvent le masque de

l’islamisme radical.

La prise de pouvoir ou l’influence grandissante des tenants d’un islam radical et exclusif à la fin du siècle précédent fut un drame

pour ces minorités.

L’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde ne représente aujourd’hui plus que 0,5 % de la population après avoir été persécutée des siècle durant.Une partie de ceux-ci ,les syriaques et les arméniens, a le droit d’élire ses propres députés mais tous doivent respecter les lois musulmanes de séparation des sexes et de prohibition de l’alcool…Quand au Hamas, sa prise de pouvoir en Palestine donne tous les espoirs aux fanatiques qui rêvent d’une homogénité musulmane

sur ce bout de terre.

L’Irak, en particulier, subi actuellement une hémorragie.

Le régime de Saddam Hussein, officiellement laic, avait ces dernières années une forte tendance à prendre les habits de la religion majoritaire et amenant à un exil de prés de 300 000 d’entre les croyants en Jésus-Christ entre 1980 et le premiére moitié des années 2000.Mais depuis l’intervention US c’est à une véritable saignée que l’on assiste,peu relayée hélas, avec une fuite massive des chrétiens de ce pays, accusés d’être des complices de l’occident et face des fanatiques rêvant d’un pays uniformément musulman.On fait état du meurtre de prêtres,de crucifixions d’enfants…Le tout dans un silence de la communauté internationale.La chose n’est sans doute pas inscrite

à l’agenda des grandes causes progressistes.

Il n’est pas jusque dans des pays jugés modernes, laics et démocratique comme la Turquie qui ne soit interdit de rouvrir des écoles  formant des prêtres, jusqu’à l’Egypte où des chrétiens coptes

sont soumis à des pressions fortes et des violences.

Il n’est guère que ça et là, au Maroc,en Tunisie, en Israël et dans une certaine mesure en Syrie qu’une grande liberté existe.

On juge l’état d’une société au statut qu’elle offre à ses minorités.Perdre ses chrétiens serait pour les nations du Moyen-Orient perdre une part de sa riche, trés riche histoire.Ce serait laisser l’injustice se faire, le mythe d’une identité arabe ou perse uniquement

basée sur une interprétation particulière du Coran se créer.

L’opinion internationale se doit de prêter une oreille attentive et d’agir.Et nombreux sont les voix en terre musulmane, du moins dans certains pays, qui l’ont bien compris et luttent contre l’oppression des chrétiens,

pour la liberté, pour l’humanité…