Sous la plume de José A. Perez, on retrouve dans Courrier International dans un long article de qualité une intéressante rétrospective de ce que fut et de ce qu’est actuellement l’ETA et la frange activiste du nationalisme basque.
Cela m’a fait replonger dans ce que je connais de la politique basque espagnole. Mal connu sous nos contrées, où il arrive pourtant que des membres de l’organisation séparatiste se réfugient voire que des drames surviennent comme le meurtre d’un agent des forces de l’ordre tentant d’appréhender des étatistes, la question abertzale (nationaliste basque) est une problématique majeure dans le paysage politique espagnol, ce qui est assez peu perçu en France. Certes le pays basque est aussi situé pour partie dans notre pays, certes on parle la langue d’Atxaga à Bayonne et les travées du stade de rugby de Biarritz sont parées du drapeau de l’Euskadi aux couleurs rouges, vertes et blanches…mais on est ici plus dans le folkore et une fierté régionaliste que dans une revendication de création d’une nation basque. D’ailleurs ETA a toujours refusé de faire des attentats dans le pays basque français, l’utilisant comme base de repli.
En Espagne, la question basque est un élément politique des plus clivants. Cette problématique est utilisée, à l’instar de l’Islam en France par une frange de la droite, comme épouvantail par les conservateurs ibériques pour fédérer autour d’eux et tacler au passage toute démarche d’autonomie ou de régionalisme, même pacifique alors que la coalition communiste d’Izquierda Unida plaide à l’inverse pour une forte forme de complaisance. Entre les deux, les socialistes combattent fermement l’ETA (y compris sous Felipe Gonzalez en utilisant des paramilitaires) tout en ouvrant, sous réserve du renoncement à la violence, la porte à la discussion.
Au niveau de la région basque elle-même, qui bénéficie d’une large autonomie, le clivage se fait entre partis nationaux (socialistes, conservateurs du Partido Popular etc…) et les organisations nationalistes basques. C’est d’ailleurs par une alliance entre partis “espagnolistes” que les socialistes ont pu rafler la présidence régionale contre le PNV (Parti National Basque, indépendantiste légaliste de centre-droit) au pouvoir pendant des décennies.
Il existe, et c’est l’un des mérites de l’article, pour en revenir à Courrier International, diverses tendances au sein du nationalisme basque, allant des démocrates-chrétiens bon teint à l’extrême-gauche la plus radicale. ETA et ses différentes vitrines légales se revendiquent d’ailleurs du marxisme.
Mais, surtout, il y a la question de la violence. ETA, pour provoquer une tension avec l’Etat espagnol et l’exécutif local basque, met fortement l’accent sur la répression qu’ils subiraient…Alors que pendant longtemps les victimes des attentats commis par les nationalistes basques n’étaient pas reconnues.
Aujourd’hui, y compris chez les plus radicaux des indépendantistes regroupés autour du nouveau parti Sortu, on affiche sa volonté de refuser la violence. Pendant que les victimes d’attentats s’expriment en public désormais, dans des conférences dans des écoles notamment. Le chemin d’un apaisement ?