Ed Milliband a été élu leader du Labour Party. Tant mieux, à une ou deux divergences prés sur l’environnement et sur la création de quotas au sein du grand parti du centre-gauche britannique, c’était de loin mon préféré.
Loin d’être le danger rouge que stigmatise la droite britannique et la presse qui lui est proche, Ed est en effet un mec dynamique, un leader moderne, capable de redonner des couleurs au Labour en cumulant à la fois une alternative responsable au gouvernement conservateur-libéral et une fraicheur plus grande que son frère en matière idéologique. Même si je pense que David aurait aussi pu être un choix intéressant pour le Labour.
Plus amusant était de voir que certains ont vu en ce travailliste rénovateur la figure d’un infléchissement du Labour vers le marxisme old-school. Il y a certes la presse de droite britannique pré-citée, qui fait son travail de sape et décrit le nouveau chef du principal parti d’opposition comme un dangereux gauchiste. Rien de surprenant.
Mais plus drôle est le concert de félicitations venue de la gauche du parti socialiste français. On aurait dit que Benoit Hamon et Henri Emmanuelli avaient vu un membre de leur courant prendre la tête du New Labour, que brutalement de vilain petit canard droitier, le parti travailliste redevenait fréquentable pour eux.
Quelle erreur. En premier lieu, contrairement à ce que dit la presse française, la structure du vote entre les deux frères n’est pas radicalement différente, il y a eu juste, comme le montre le graphique ci-contre un peu plus de députés en faveur de l’ainé et un peu plus de syndicalistes en faveur du benjamin. Si les positions de Diane Abbott, candidate de l’extrême-gauche du parti, n’ayant réuni sur son nom que quelques voix, pourrait convenir à Benoit Hamon et ses proches, il paraitrait tout de même curieux que le jeune Miliband puisse être le héros de l’aile gauche des partis socialistes européens. Le nouveau leader est en effet favorable à certaines coupes budgétaires de la droite, hostile à la renationalisation des transports et à une régularisation massive des sans-papiers…
Mais peu importe. Jugeons ce qu’il y a dans la corbeille du nouveau dirigeant, même si celui fera sans doute des inflexions pour rassembler le parti:
Ed Miliband souhaite baisser la TVA, que les libéraux-démocrates et conservateurs veulent augmenter. Il veut également proposer des coupures de budget alternatives à celles de la droite.Il réfléchi à la possibilité ou non de proposer de dispenser les plus bas salaires d’impôts ou de baisser les prélèvements sur ces niveaux de revenus. Il veut que le Labour laisse certaines coupures proposées dans le budget de l’Etat se faire. Il est favorable à un délai de sécurité dans la garde à vue pour faits de terrorisme, pour une moralisation du British Office, pourl e maintien d’une part d’énergie nucléaire, pour continuer le projet Trident, favorable à une taxe progressive au lieu de prêts étudiants, hostile à une régularisation massive des sans-papiers. Par ailleurs il se pose la question d’un écart de salaire maximum dans les entreprises et envisage une aide de 500 pounds à l’arrivée de chaque enfant etc…
Bref si je ne partage pas tout avec lui, indubitablement Ed est une bonne chose pour le Labour Party, un chemin de renouveau et de responsabilité.