Que le ciao de Berlusconi puisse être une grande joie pour nombre d’Européens en général et d’Italiens en particulier, lassés d’une politique inefficace, injuste, divisante, mélangée à de gros morceaux de frasques, voila qui est on ne peut plus logique. Certes le président du conseil italien n’est pas le seul à être un bien mauvais dirigeant, certes il n’est pas le seul à dire de grosses bêtises, mais il avait fait plus que très fort en la matière.
Mais on aurait tort bien sûr de se contenter de ce plaisir trop immédiat. La conclusion de l’histoire c’est tout de même que plusieurs chefs d’Etat européens ont été battus par les marchés financiers. Ainsi en est-il de Berlusconi mais aussi de Papandréou ainsi que de l’Irlandais Cowen, même si ce dernier payait aussi un modéle fiscal discutable. Ironie de l’histoire puisque c’est d’ailleurs ce même milieu financier qui a rendu si importante la notation des agences, dont l’avis prenait bien moins de place auparavant. Face à cela, la solution ne passe pas forcément (quelle que puisse être la tentation! ) par le meurtre d’un banquier.
Il y a bien sûr l’urgence d’avoir des finances plus saines. Si la plupart des gouvernements de droite et de gauche de ces trentes dernières années, à l’exception de celui de Lionel Jospin, ont contribué à la dette, son explosion s’est faite sous Nicolas Sarkozy, avant même que ne débute la crise.C’est donc d’un nouveau modéle et d’un autre leadership que nous avons besoin. Par les urnes pas par les banques.
Il y a aussi la nécessité de revoir les termes de la dette au niveau européen et peut-être, qui sait, de faire défaut sur une petite partie d’entre elle.C’est que qui s’est passé pour la Grèce. Les banques savent très bien que nombre d’Etats ne pourront jamais rembourser les dettes accumulées et vivent sur une fiction qui leur permet d’encaisser de confortables intérêts.
Mais le troisième point est fondamental: il faut un fédéralisme européen. Vite. Cela fait des années que les sociaux démocrates européens portent un fait: A une finance transnationale, il faut opposer une régulation transnationale.
Certains prônent, c’est le cas de l’ancien ministre socialiste Hubert Védrine, une sorte de mi-chemin bureaucratique: il faudrait que les politiques économiques soient décidées au niveau européen mais que les Etats-Nations continuent de fonctionner comme avant.Une telle proposition est antidémocratique au possible. Ainsi les citoyens voteraient pour des gouvernements qui n’auraient aucune maitrise des paramétres économique. On voterait ainsi pour des dirigeants qui n’auraient guère que le pouvoir de choisir la couleur du papier peint de leurs bureaux entre deux sommets européens.
C’est au contraire d’un vrai fédéralisme, politique autant qu’économique dont nous avons besoin, avec des listes européennes aux élections et un éxécutif.A ce moment l’Europe pourrait nous permettre de refaire de la politique. C’est ce que nous disaient aussi quelque part les manifestants hier venu applaudir le départ de Berlusconi en agitant des drapeaux européens au milieu des bannières tricolores.
Billet repris par Le Plus du magazine Le Nouvel Observateur