Hier à cause des 32 ans de Renaud et de la Web Event Lyon, je n’ai pu voir l’Eurovision. Ah et je n’ai pas pu non plus du coup aller à l’anniversaire de Virginie à Londres le même soir mais c’était plus complexe.
En plus si je n’avais été dans ces sympathiques occupations, j’aurais certainement été télévisualiser devant la finale du Top 14 de rugby qui a vu enfin triompher Clermont.
J’aime ceux qui battent les fatalités annoncées des signes indiens de tous bords et j’imagine la joie sur les places de la capitale Auvergnate. Une ancienne amour de collège aujourd’hui installée dans la région des Avernes m’a signalé que le lendemain matin, dans les vapeurs de l’aube montagneuse, l’on trouvait encore des hommes hébétés de joie, drapeau jaune et bleu serré dans la main, petit bout de tissu étreint aux vents de l’histoire de l’ovalie…
Mais je m’égare, je parlais euro-chanson. Je ne l’ai pas vu en direct mais je me suis renseigné après coup. Le concours de l’Eurovision est l’occasion chaque année de rire un bon coup dans les chaumières européennes, le temps d’une saturation de kitsch et de mauvais goût rigolo. Pourtant au-delà d’une démarche de bonne intention, la ligne de départ de l’Eurovision est pourtant souvent un révélateur des temps qui courent. A commencer d’ailleurs par la difficulté de créer une culture populaire européenne, qui est le but premier de la manifestation.
C’est la seule fois dans l’année où des chanteurs de toute l’Europe sont visibles sur les chaines de télé nationale. Certes, il y aurait des fois où l’on féliciterait de cette rareté en voyant les représentants Moldaves . Leurs compatriotes d’O-Zone peuvent se rassurer: Ils ne sont pas prêt à être détrônés comme seul groupe du pays à être connu jusqu’aux discothèques des bords de l’Atlantique. A moins que le gouvernement de coalition dirigé par des communistes depuis peu tourné vers l’Europe aie eu peur de se retrouver avec l’Eurovision à organiser alors que les problèmes dans sa région de Transinistrie ne sont pas réglés. Et puis tous ces étrangers qui viendraient alors qu’Amnesty International, tout en constatant de nets progrès depuis le virage européen du régime, condamne à juste titre les nombreuses violations des droits de l’homme ça ferait pas discret. Quand on truque les procès, on le fait en silence. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que les Biélorusses, qui vivent dans un pays encore moins sensible à la démocratie, ont envoyé de sous World Aparts accompagnés par une chanteuse plus physique que vocale.
Le Royaume-Uni a dépêché un petit jeune homme semble-t-il fort insupportable et prétentieux en coulisses. Il parait que sa chanson était estampillée du parolier de Rick Astley, célèbre rouquin des 80’s. Un goût de trader, comme l’a qualifié l’un des présentateurs de France 3, chez le petit jeune homme, un goût également et surtout d’années 80 dans l’Angleterre de Thatcher: Signe des temps au moment où les Anglais ont décidé de retourner dans les vieilles recettes des conservateurs ? Oui, J’ai bien dit les anglais puisque la droite britannique est arrivée 4e en Ecosse et 3e au Pays de Galles et que leurs alliés en Irlande du Nord n’ont obtenu aucun siège.
Regardons en France: On a aligné un certain Jessy Matador. Le bougre a l’accent des faubourgs de Kinshasa et de Brazzaville et son alignement dans la compétition avec une chanson aux accents d’été qui aurait mérité un meilleur classement, est peut-être le clou ultime dans le cercueil d’un débat sur l’identité nationale qui aurait pu être intéressant mais s’en avéré boueux, sordide et politicien.
Et puis la gagnante. C’est un joli brin de fille comme savent l’être parfois les allemandes aux cheveux de nuit. Mais je n’ai pas été emballé plus que ça par la chanson. Plus révélateur est cette capacité à remporter des victoires en chantant de la britpop avec un fort accent germanique. Le calque politique est évident: D’anglaise, la vision de l’Europe des Etats nationaux devient de plus en plus germanique hélas avec une Angela Merkel désormais centrée sur l’hinterland et non sur la nation européenne telle que la veut le philosophe allemand Habermas. Allez pour continuer dans la veine, évoquons le choix de la langue anglaise, si il est fréquent chez nos cousins d’outre-Rhin persuadés ne pas pouvoir percer dans la langue de Goethe (Ah Les Scorpions écoutés en boucle au collège la tête dans la pensée des yeux et du reste de l’amour évoqué en début de billet 😉 et puis des bisous à d’autres plus tard sur ce slow du vendredi soir ) montre une Allemagne tournée résolument vers son exportation, sure d’elle et donc de pouvoir se payer, avec ses finances saines, l’organisation du concours l’année prochaine !
Il est vrai que les grecs n’ont pas voulu prendre de risque de ce côté là, les caisses étant vides, ils ont joué la loose et un groupe improbable, poilu et ténébreux qui crient des ouh, des ah et des eh !
Toujours au sous-chapitre révélateur et économie, l‘Islande a envoyé une chanteuse au refrain dans notre langue « Je ne sais quoi » .Un choix révélant l’incertitude et le renouveau d’un pays volcanique qui vient de prendre un virage à gauche et viré l’ancien gouvernement conservateur compromis avec les banques et responsable de la faillite du pays ? Quant à la langue, on peut y voir très certainement l’influence actuelle qui joue le français Dominique Strauss-Kahn, qui a prêté plus de 2 milliards d »euros pour aider le pays à sortir de la crise ! Si je vous assure !
En tout cas moi j’avais bien aimé la postulante du même pays l’année passée: certes on échappait pas à un décor horriblement kitsch avec des dauphins lumineux (métaphore du logo du défunt Démocratie Libérale, parti d’Alain Madelin, dont l’application du type de politique à l’Islande avait amené le pays dans le gouffre ?) surgissant de temps à autres, certes les coordinations avec les choristes prêtaient parfois à rire mais il y avait dans la musique et dans l’instant une vraie émotion.