Lyonnitude(s) : octobre 2011

On vote ce jour dans les consulats et ambassades de Tunisie en France. Et demain en métropole.

Bien que bénéficiant d’un fond culturel plutôt progressiste, la Tunisie pourrait être demain soir gouvernée par un parti islamiste et réactionnaire.

La faute? Une force islamiste unie et forte face à une gauche nombreuse mais très divisée. Petit tour des 6 plus importants mouvements parmis les 130 listes qui se présentent (dont une quarantaine de forces liées à l’ex RCD).

Ennahda: Voulant se donner, malgré des soupçons forts de double discours, une image modérée, conservatrice et musulmane comme en turquie, ce parti islamiste posséde des racines ulltra-radicales et violentes. Ayant peu participé au mouvement civique pour renverser Ben Ali, ils ont pourtant le vent en poupe. Les raisons ? Un sens du marketing politique très développé, un discours très modéré en apparence, un créneau politique à la fois conservateur et religieux qu’ils sont les seuls à occuper et une repression subie forte sous Ben Ali. Défend un fort conservatisme social et économique.

Le PDP: le parti démocrate progressiste était toléré sous Ben Ali, ce qui lui a valu des critiques même si il se trouvait dans l’opposition. De centre-gauche, il est dirigé par une femme energique Maya Jrib. Devrait emporter un grand nombre de siéges.

Le Forum Démocratique pour le travail et les libertés: est en gros l’équivalent du PS français. Pourchassé sous Ben Ali, il prone un modéle social-démocrate, l’égalité hommes/femmes. Constitué de leaders de qualité, il pâtit de n’être qu’une des multiples forces de la gauche progressiste, très divisée en cette élection. Le FDTL est d’ailleurs un acteur de cette division, puisque il a d’ailleurs refusé plusieurs propositions d’alliances.

Le Pôle Démocrate Progressiste (ou Pôle Démocrate Moderniste ) : coalition de forces de gauche avec au centre Ettajdid, parti communiste passé au socialisme démocratique depuis une vingtaine d’années et le parti socialiste de gauche. Souhaite faire barrage aux islamistes, défendre le progrès social et la laïcité. Devrait souffrir lui aussi de la division à gauche.

Le Congrès Pour La République: ce parti originellement plutôt de centre gauche (décidément !) s’est rapproché récemment des islamistes et défend désormais des théses conservatrices et nationalistes. Il  souhaite  sans doute être l’aile light de Ennahda .

Le parti communiste des ouvriers de Tunisie: L’extrême-gauche tunisienne a, de part sa lutte sous Ben Ali, recueilli une forte notoriété. Luttant fermement pour la laïcité, ce parti est issu à l’origine du maoisme dans sa version pro-albanaise (comme par exemple en France le PCOF, membre du Front de Gauche).

PS: A noter enfin dans des élections suivant un mouvement ayant beaucoup utilisé les réseaux sociaux et le français presque autant que l’arabe comme langue de la révolte, la prédominance de sites internet un peu artisanaux et surtout écrits uniquement en arabe….

Billet repris par le site du journal La Tribune