C’était pourtant un faux lundi, un vrai mardi, agréable, d’un temps printanier, enfin printanier.Un faux lundi, un vrai mardi, riche de travail dans l’entreprise pour laquelle je travaille. C’était un faux lundi, un vrai mardi avec un déjeuner agréable la traversant au milieu avec Geoffrey Mercier, du service politique du Progrès, chez mon copain Michel du Mondrian.
Et puis poum, pam, ça tombe par une alerte Libé sur mon portable dans l’ascenseur : Cahuzac a avoué sur son blog avoir eu un compte à l’étranger contrairement à ce qu’il affirmait il y a peu, par exemple devant l’assemblée nationale.
Et puis j’imagine, j’ai peu regardé, l’avalanche dans les médias et les réseaux sociaux sur le mode du « je vous l’avais bien dit » ou « ah non moi j’ai toujours dit cela ».
Quand l’affaire a éclaté, il y a ceux qui ont jugé Cahuzac coupable parce qu’il ne correspondait pas à leurs idées politique. Drôle de conception de la justice.
Et puis il y a l’inverse ceux qui auraient brûlé Mediapart si il avait été en papier et non fait de voiles numériques.
Mais Cahuzac a avoué. Sans doute parce que coincé. D’autres, coupables aussi, ne l’ont pas fait. Cahuzac a avoué, sur une affaire prescrite, toujours contrairement à d’autres, par exemple à droite, coupables de faits graves. Et à encore d’autres, qui menacent des juges. Il a avoué. Sans doute face aux progrès de l’enquête. Il avait menti…
Moi, Cahuzac, je l’ai cru, je n’ai pas fait de mediapart bashing, surtout que je connais Fabrice Arfi depuis ses années lyonnaises et mes années UNEF. Mais je l’ai cru le Ministre. Et d’autres, des millions sans doute comme moi.
Je pense aujourd’hui à tous les gens devant lesquels je rame à dire que « non les politiques sont pas des cons ni des corrompus »…et je me dit que Cahuzac a démoli ce travail, ce modeste travail. Nous sommes pourtant nombreux à aimer la chose publique, à y mettre nos tripes, nos convictions. J’y ai passé ma jeunesse, perdu des amis, pris du poids, sacrifié et resacrifié.
Combien de fois on lutte contre le soupçon face au militant à l’élu, l’injuste soupçon, l’accusation débile ou dégueulasse, le tous pourri? Que nous occupions un emploi et il sera fictif, que nous travaillons pas et on pense aux pots de vins, qu’on ai une entreprise et elle sera vue comme favorisée. Et qu’on affirme une conviction et on pensera à un éventuel retournage de veste plus tard.
Ce soupçon arrive vers tous, aux élus, aux militants etc, c’est instrumentalisé parfois par les adversaires mais c’est souvent l’expression d’un dégoût. Qui va encore monter. A cause d’un sur mille. Comment être si léger avec la démocratie? On leur dit quoi au gens qui nous font confiance ou qui ont du mal au contraire à être rassurés par la politique? . Le Président de la République a parlé d’une impardonnable faute morale de l’ancien Ministre. C’est exact.
On pourra toujours se consoler. Voilà que survient un gouvernement de gauche et la justice, indépendante, se remet à fonctionner normalement. Bon signe pour le judiciaire, c’est important. On sort des temps des manipulations sauce Courroye de la période Sarkozy.
Mais reste que la politique, par le comportement de Jérôme Cahuzac, en sort dévastée
C’était pourtant un faux lundi, un vrai mardi, agréable, d’un temps printanier, enfin printanier.
Mon édito publié ce jour porte sur la classe politique lyonnaise et le débat d’idées. Vous en trouverez un extrait ci-dessous et la version intégrale sur le site de Lyon Mag est consultable par ce lien.
(…)Il est vrai que le débat politique lyonnais et une bonne part des personnalités qui la composent, à droite et à gauche, est souvent bien pauvre.
Je ne parle pas ici des fins de mois de Gilles Buna mais plutôt des contenus d’idées. A quelques personnalités près, c’est souvent le grand vide. Que ce soit dans l’existence de chair et d’os ou sur le net, où l’invective et le fait divers remplacent trop souvent la confrontation idéologique.
Prenez la droite lyonnaise, surtout côté UMP où la chose est criante : elle a, on le dirait, plus de candidats que d’idées. On sait que Havard, Hamelin, Fenech, Berra, Buffet souhaitent y aller. (…)
Le texte intégral sur le site de Lyon Mag de ma tribune La politique n’est pas un diner de gala
Nicolas m’a transmis une chaine de blogs initiée par Iboux. Sont taggués aussi El Camino, Marco, Melclalex, MajicWoofy, Arnaud, Captain Haka, Monsieur Poireau, Matfanus, LouisLep, Elmone, Gabale, Stef, Le pudding, Cuicui, Aurel, Cyril, Dedalus , Sarkofrance et ses coulisses.
Il s’agit de répondre à une question: « continuerez vous à bloguer aprés 2012 ? »
Comme le dit très justement Jegoun: « Je ne vais pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir vendue. La victoire de François Hollande n’est pas acquise, la campagne va se durcir. Mais j’espère et reste optimiste. »
Pour ma part, victoire ou défaite, je continuerais à bloguer. Mon écrit n’est pas tributaire des élections présidentielles. Que ce soit sur ce blog, qui est loin de ne parler que de l’élection suprême, sur mon blog d’élu, où j’exerce un mandat au moins jusqu’en 2014 ou de celui sur la Grande-Bretagne, pays qui ne va pas disparaitre comme cela.
Et puis la politique comme la vie ne va pas s’arrêter le 6 mai qui vient !Je transmet la chaine à Triton, Marco et Bembelly.
merci à tramstras pour la photo
Je ne souscris pas du tout au billet paru sur le lab d’Europe 1 du par ailleurs très estimable Guy Birenbaum. Guy pense que les comédiens, artistes, gens de télé, de théàtre, musiciens, écrivains etc…devraient se taire quand à leurs préférences politiques.
Je trouve cela absurde pour pas mal de raisons. Certes, de droite ou de gauche, les people disent parfois des bêtises , comme nous tous, lorsqu’ils parlent de politique. Voire souvent, à l’image de François Hardy, particulièrement gratinée en la matière.
Mais pas plus que votre voisin de bureau ou de bistrot ou que de nombreux élus, grands ou petits.
Outre le fait que j’ai une inclinaison naturelle à aimer qu’un être ne se contente pas d’être un produit de consommation, vois au moins cinq raisons pour les people de parler de politique:
1-Ces gens sont des citoyens comme les autres, ils n’ont pas moins le droit à l’expression politique parce qu’ils passent à la télévision.
2-L’engagement peut être une partie de l’art. Que serait Picasso sans Guernica ? Renaud, Ferré, Ferrat sans chansons engagées ? Jamel ou Coluche si ils n’abordaient pas aussi les travers sociaux ? Sardou sans les ricains ? Neruda ou Aragon sans le communisme ? Mauriac sans la droite ?
3-Que dans une période où l’on réduit de plus en plus dans les médias le débat politique aux conflits de personnes et aux affaires, montrer à un public pas forcément réceptif au débat sur l’avenir de notre société que cela est important par ce canal, si cela rend la politique plus glamour, c’est toujours cela de gagné. Comm le disait, Chomsky, le jour où nous rendrons la politique pour chacun aussi intéressante que le baseball, nos contemporains auront davantage de conscience.
4-Que cela démontre que la politique est l’affaire de tous, pas seulement de ceux pour qui cela constitue une activité en tant qu’élu ou militant.
5-Que quitte à entendre des people parler, autant, même si cela est parfois maladroit, que ce soit parfois sur des sujets qui concernent notre présent et notre avenir à tous et pas seulement de l’autopromo ou du nombrilisme.
Juan, Jegoun, Disparitus s’interrogent tous trois sur la blogosphére politique et son avenir, chacun sur des bases différentes.
Pendant que Disparitus est pessimiste, Juan évoque lui l’utilité militante des blogs engagés et encourage ceux qui tiennent des sites militants à ne pas se contenter de cela, à porter l’information, les combats politiques ailleurs que sur leurs carnets virtuels. Militant politique, associatif et élu, je ne peux que souscrire à ce propos qu’il faut méditer un peu:
D’un côté, le blog est parfois le moyen pour quelqu’un de faire de la politique de cette façon, dans un monde trop riche d’inégalités, alors qu’il ne s’y serait pas mis autrement pour des raisons pros ou familiales
D’autre part, c’est le pendant négatif, certains se disent aussi qu’ils n’ont pas besoin de faire plus parce qu’ils écrivent sur le net. Un achat de bonne conscience. Un type de comportement qui amènerait par exemple en cas d’occupation à liker un statut sur Facebook qui dirait « Pétain est un con » plutôt que de prendre le maquis. C’est d’ailleurs un gros reproche qu’on peut faire à la blogo que ce soft-engagment bien pensant et souvent inutile. J’ai un peu cherché ce jour les références d’un ouvrage paru en début d’années sur le sujet, sans arriver à le trouver, qui disait en gros la même chose .Sans compter que s’exprimer sur le web n’amène pas forcément à gérer les conséquences de ses actes. Combien de révolutionnaires très radicaux sur la toile restent bien au chaud en pantoufles sans même faire la moindre manifestation ? Outil de militantisme, la toile peut aussi être un élément qui remplace un vrai engagement.
Jegoun lui pointe un phénomène autre: celui de la montée des réseaux sociaux face aux blogs. Non pas que les deux choses soient à mon sens (ni au sien je pense ) complétement antagonistes. Bien plus, les premiers sont un outil de diffusion important des contenus des premiers. Mais la multiciplication des lieux d’expressions sur la toile fait que bien évidemment le blog n’est plus le seul lieu, loin de la, pour s’exprimer sur le web. Facebook, Twitter permettent de diffuser l’info, qui est amenée presque toute seule à l’utilisateur qui n’a pas besoin d’aller consulter ses flux rss ou de taper l’adresse de multiples supports. Google Plus va chercher de plus en plus à être la prochaine étape, à mi-chemin entre ce que fait Facebook et les blogs. Et puis, avec les réseaux sociaux pas besoin d’ouvrir un site, de le paramétrer, de l’entretenir, de structurer: sur twitter vous dites toutes en 140 caractéres, avec, assez rapidement, un nombre de lecteurs de votre prose qui la voient défiler.
Du coup le blog change un peu: plus de gens qui s’expriment sur le web, lisent les blogs, prennant leurs informations sur la toile mais un moins fort pourcentage de blogueurs à l’intérieur de ce groupe de gens. Et chez les blogueurs, surtout ceux bénéficiant d’une certaine reconnaissance, plus de lecteurs qu’auparavant, moins de billets très courts mais aussi moins de commentaires sur le blog lui-même. On a désormais souvent plus de commentaires au sujet d’un billet non dans le champ prévu sur son site mais sur les réseaux sociaux. Ce qui est un peu agaçant venant du fait que la discussion se déroule à plusieurs endroits, atomisant parfois un peu le débat. Sans compter qu’avec la prise en compte d’un certain nombre d’entre nous par les médias traditionnels, il n’est pas rare qu’un billet sur un blog considéré comme pertinent soit repris par un site de journal classique comme Marianne ou le Plus du Nouvel Obs. Ou mieux dans ses formes classiques: un certain nombre de blogueurs chroniquent désormais dans des supports papiers ou radio. Et puis tous les pure players qui se multiplient incluent une dimension d’intégration des contenus de blogs, que ce soit à Rue 89, à Newsring (qui ouvrira prochainement) Owni, Mediapart, Atlantico, Slate, Electron Libre…
L’avenir du blog politique est la: davantage pris en compte par les supports (nombreux sont les projets de médias traditionnels et de campagne incluant les blogueurs) plus lus, proportionnellement moins nombreux, bien mieux considérés qu’avant par les leaders politiques et les décideurs. Pas mal, à condition d’offrir un contenu différent de la simple reprise d’info. Et de s’intéresser à des territoires sur lesquels on peut aussi, via son blog et/ou le reste, être acteur. La situation nouvelle n’est pas tendre avec les blogs à faible contenu ajouté. Et puis, sauf à considérer cela comme un simple loisir, ce qui est un choix parfaitement honorable, ne pas se contenter de cela si on considère son blog politique comme un engagement fort.
Billet repris sur le site de l’hebdomadaire Marianne
Le JDD (Journal du Dimanche) m’a interrogé cet après-midi ainsi que quelques autres sur les usages de Twitter et de la politique.
En sont issus deux articles qui me comportent.
Ici sur mes usages personnels de Twitter avec par exemple « A l’instar d’un blog ou d’une page Facebook, la plupart des hommes politiques utilisent Twitter comme un outil de promotion de leurs actions, programme ou agenda. « Une conception très 1.0 » d’Internet, regrette Romain Blachier, élu PS dans le 7e arrondissement lyonnais. Ce militant qui revendique une « utilisation mixte » de Twitter – »autant politique que personnelle »– assure au JDD.fr que « les gens veulent de l’humain ». « Sur Twitter, la communication est horizontale. Si vous ne vous inscrivez pas dans cette logique d’échange, si vous n’acceptez pas de donner un peu de vous, vous vous isolez », estime-t-il. Le propre d’un réseau social. »
J’évoque aussi Ici dans cet autre article la pratique de Gérard Collomb, un des pionniers des politiques inscrits sur ce réseau social.