Le monde est morose et pas seulement celui des libéraux qui ont perdu cette semaine deux de leurs figures tutélaires : Margaret Thatcher et Raymond Boudon.
J’ai déjà parlé des sentiments que m’inspiraient la première sur mon blog personnel, je ne vais pas aller à la redite sur Lyon Mag… mais qu’il me soit permis de revenir un peu sur le second.
Raymond Boudon fut, sa vie durant, le sociologue de l’individu détaché de la collectivité. Cette grille de lecture avait un temps son mérite, celui de titiller un peu les lectures ultra-déterministes que l’on pouvait trouver dans la sociologie française. Mais en détachant l’individu de son contexte social, Boudon faisait preuve d’une trop grande abstraction par rapport aux réalités et freins, justifiant alors la violence des blocages de notre société derrière le masque du destin vécu comme uniquement dans le fait individuel.
Qu’il me soit permis, tout en rendant hommage à cet universitaire disparu, de conseiller chaudement le sociologue lyonnais Bernard Lahire, qui sait avec brio relever les plafonds de verre et les incidences de parcours produites par une société très inégalitaire et figée tout en rendant à l’individu sa possibilité émancipatrice.
L’émancipation de ce temps morose, au lieu de nous conduire à l’apitoiement, doit nous conduire à l’accélération dans le changement.