Dans le bus ce lundi matin, en consultant machinalement les réseaux sociaux depuis mon smartphone fruitier, j’ai découvert un nombre incroyable d’utilisateurs évoquant les gauchers dans leurs statuts et tweets. Cela m’a interpellée. La chose serait-elle un hommage au Prince Williams, membre de la secte des manuels de babord dont je suis également des rangs?
Ou alors, plutôt qu’au beau-frére de Pippa Middleton, ces allusions n’étaient pas davantage une courbette à son ancêtre Victoria, gauchère qui fut contrainte à changer de bord comme une vulgaire Besson, comme cela se faisait à l’époque dans les bons salons comme dans les modestes arrières cours ? Ou peut-être était-ce une consolation pour Laura Flessel ? La capitaine de l’équipe de France avait porté notre équipe nationale sur les fonds baptismaux et les sommets sans elle même récolter ne serais-ce qu’un modeste bout de bronze à son bras gauche. Il fallait bien la consoler. Mais non visiblement
J’y étais ! Etant sur internet, on évoquait sans doute une nouvelle tentative du gaucher Bill Gates pour se relancer dans le web, lui qui est déjà le roi régnant sur l’empire qui ne se couche jamais des systèmes pour ordinateurs. Mais non, Bill était encore ailleurs.
Alors comme je parlais main, j’ai pensé Manuel (Vous remarquerez cette transition habilement menée)
Donc à la gauche politique, à un bilan des cents premiers jours de François Hollande. Il participe pourtant participe d’une hégémonie des droitiers sur la Présidence de la République depuis fort longtemps au contraire des USA où ces quarante dernières années ont amené quatre présidents sur sept à parapher les documents de la maison blanche d’une plume maniée du côté gauche. Non, ici aussi Hollande est normal . Il effectue ses réformes, certes de gauche (augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, baisse du salaire des ministres, coup de pouce au SMIC) d’une main droite, apaisée mais ferme. Ce n’est donc pas cela.
En regardant un peu j’ai aperçu que nous célébrions la journée des gauchers. Super ! Une journée pour nous ! Pour les 8 millions de gauchers français !
J’ai eu l’impression d’être enfin dans une minorité opprimée. Etre minoritaire et oppressé, ce n’était pas faute d’avoir essayé par divers moyens et appartenances.
Mais après des décennies d’opposition, les socialistes sont désormais majoritaires à Lyon. A mon niveau de protestant, nous ne sommes sont plus persécutés depuis des lustres. Enfin même mon végétarisme (temporaire qui dure un peu ) ne m’a attiré qu’une vanne foireuse sur Facebook et une blague lourdingue d’un serveur de restaurant chamoniard…On fait bien mieux comme oppression. Les chrétiens du Pakistan ou les Riot Pussy pourraient vous en parler…
Du coup cette journée était plutôt bienvenue pour me sentir en communion avec mes frères gauchers. Dont Michel Leeb, faut-il le rappeler, ce qui en faisait une fraternité plutôt contrainte, je préférais donc faire plus ample connaissance avec Angelina Jolie, membre elle aussi de notre peuple improvisé en lisant avec elles quelques vers de notre confrère en gaucherie Georges Pérec.
C’était confortable ! Nous avons été plaints tout le jour, les sites internet et la presse regorgeant d’anecdotes sur nos difficultés à boutonner nos jeans, nos appréhensions à manier une souris d’ordinateurs, nos statistiques de mortalités plus élevées ou les nombreux pays asiatiques ou africains qui ne laissent aucune liberté de conscience manuelle à leurs ressortissants : droitier ou rien comme l’auraient dit Pinochet ou Salazar !
De quoi avoir envie de lancer un mouvement de défense, avec Michel Serres, éternel défenseur des gauchers dans ses romans. Hasta la mano izquierda siempre !
Il y avait aussi les articles de consolation : les gauchers seraient plus sensibles, plus artistes. Un petit aperçu du paternalisme de ce que peuvent ressentir d’autres minorités à problèmes plus sérieux Quoi qu’il n’y ai pas besoin d’être minoritaire pour avoir des problémes, comme vous le diraient nombre de femmes harcelées dans la rue !
Le tout m’a laissé avec une impression bizarre : certes cela donne une identité parfois d’être une minorité qu’on plaint. Mais, franchement la journée des gauchers cela sert à quoi ?
Billet repris par le site de l’hebdomadaire Marianne
Je viens de voir, en y passant par hasard, que le site du courant Un Monde d’Avance de Benoit Hamon au sein du PS et qui comporte également dans ses rangs une bonne part du Mouvement des Jeunes Socialistes, a été hacké par un groupe de personnes se présentant comme des amis de l’Iran.
Si l’origine de l’attaque, au delà d’un hoax ou d’une pub possible, en était confirmée, ce serait un choix de cible plutôt surprenant…
Quelles solutions pour les « Roms » Suite et fin de la note de Jules Praxis sur le dossier des roms. Jules s’occupe en région lyonnaise des questions de relogement et d’hébergement pour le compte de l’Etat, dont des dossiers concernant les populations qu’évoque cette note.J’ai compilé les deux premières parties sur le rôle de l’Etat et les démantélement de façon à ce quela note soit compléte dans cet article mais présentée de façon antéchronologique (d’abord la dernière partie de la note, pas encore publiée).
3 Des solutions pour favoriser l’insertion des « Roms » dans la société française
Bien que certains « Roms » soient sédentaires et relativement intégrés dans les sociétés dans lesquelles ils vivent, les solutions pour l’insertion des plus vulnérables – habitants des camps et des squats de fortune, exclus des soins, de l’emploi, etc. – semblent manquer, surtout dans un contexte budgétaire extrêmement tendu qui, nous l’avons vu, ne permet pas de dégager des marges de manœuvre suffisantes.
Le recours aux centres d’hébergement, répondant ainsi au principe de l’inconditionnalité de l’accueil, ne semble pas une réponse appropriée. D’abord parce que les perspectives d’insertion sont minces à la sortie, voire inexistantes, ensuite parce que ces centres ne sont pas suffisamment équipés, outillés, pour l’accompagnement d’un public qui cumule autant de difficultés.
Il serait plus pertinent de mettre sur pied des programmes spécifiques destinés à répondre aux besoins des populations « Roms », comme les villages d’insertion par exemple (et même si, là encore, la solution n’est pas miraculeuse : le dispositif doit encore évoluer).
L’Etat manquant cruellement de moyens, un travail partenarial avec les collectivités locales et les associations est indispensable. D’une part, l’Etat ne peut financer seuls ces projets, d’autre part, ce n’est qu’en prenant en compte les spécificités locales et l’expertise des acteurs impliqués sur le terrain que des solutions adaptées pourront émerger.
C’est surtout autour des grandes agglomérations (Paris, Lille, Lyon, Marseille) que les besoins sont les plus criants. Par une mobilisation de tous ces acteurs, institutionnels et associatifs, une réponse immédiate peut être apportée, non pas pour résoudre tous les problèmes mais au moins pour en stabiliser les effets les plus nocifs (déplacement des populations, risques sanitaires accrus, sentiment d’insécurité et de persécution).
Maintenant, en ce qui concerne les solutions de plus long terme, la réponse est à rechercher du côté de l’Europe. En commençant par lever les mesures transitoires qui pèsent sur les « Roms » de Roumanie et de Bulgarie qui, nous l’avons vu, leur interdit presque tout espoir d’insertion professionnelle.
Cette mesure n’est pas un remède miracle et ne permettra pas, sur le court terme, de répondre au besoin de stabilité et d’intégration de ces populations. Ce travail ne pourra démarrer qu’à partir du moment où la majeure partie des « Roms » aura été sédentarisée : suivi sanitaire, scolarisation des enfants, accès aux droits, apprentissage du français, insertion sociale et professionnelle.
A ce sujet, et en appui du travail que devront mener conjointement l’Etat, les associations et les collectivités locales, il faut savoir que l’Europe abonde un fonds destiné à l’insertion des « Roms » en Roumanie. Malheureusement ce fonds (qui est une partie du Fonds Social Européen), doté de 2,25 milliards d’euros est très largement détourné de sa vocation première. Plutôt que de servir uniquement à la Roumanie, il pourrait servir à cofinancer les programmes innovants développés par les Etats qui en feraient la demande.
Voilà, présenté de la façon la plus synthétique possible, quelle est aujourd’hui la situation des « Roms » en France, quels sont les moyens dont l’Etat dispose pour répondre à leur détresse et quelles solutions peuvent être recherchées. Si la radicalité de certaines associations est compréhensible – elles sont au contact de ces personnes et de leur détresse – faire un rapprochement avec la politique du gouvernement précédent, qui a diffusé une circulaire illégale et encouru les foudres du Parlement Européen, de la plupart des Etats-membres et même du Vatican, est pour le moins osé et témoigne d’un certain manque de recul.
Ce que je peux dire, à mon petit niveau, c’est que les consignes passées par le Ministre de l’Intérieur ont bien été prises en compte par les Préfets et que Rome (désolé pour ce jeu de mots) ne s’est pas faite en un jour…
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Après une première livraison hier, voici la seconde partie de la note de Jules Praxis . Pour mémoire celui-ci travaille pour l’Etat dans les politiques d’hébergement et d’accès au logement dans la région lyonnaise et gére un grand nombre de dossiers liés aux populations roms et a accepté de nous faire une note sur le sujet. Après une 1ere partie sur le rôle de l’Etat, il évoque aujourd’hui la question du démantélement.
Depuis plusieurs jours, l’opinion publique et les associations de défense des Droits de l’Homme commencent à s’inquiéter et à tirer la sonnette d’alarme : il n’y aurait aucun changement entre la politique conduite par l’ancienne et la nouvelle majorité quant au traitement de la question des « Roms ».
Manuel Valls le rappelait la semaine dernière : le gouvernement entend bien appliquer les décisions de justice concernant l’évacuation des camps de « Roms ».
Outre le respect légitime de telles décisions, le gouvernement met en avant les conditions sanitaires dans lesquelles les familles évoluent. Médecins du Monde aurait même constaté une recrudescence des cas de tuberculose.
Personne ne conteste que leurs conditions de vie soient très largement indignes, ni même que certains campements puissent poser problème à des riverains excédés. Comme le dit assez justement Manuel Valls, cette question est un défi posé au vivre-ensemble dans une République qui affiche clairement des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Le paradoxe c’est que l’on ne voit, pour l’instant, que les expulsions des camps de « Roms » alors que le candidat Hollande s’est engagé sur un changement de politique : plus d’expulsion en amont s’il n’y a pas de solution en aval.
Les « Roms » en très grande précarité seraient en France, et selon les sources, de 15 à 20.000 personnes. Ce sont elles qui font l’actualité et sur lesquelles les projecteurs, sporadiquement, se focalisent. Les difficultés cumulées sont vertigineuses : illettrisme, conditions de vie (notamment sanitaires) déplorables, graves situations de précarité et d’exclusion, impossibilité d’accéder au marché de l’emploi…
C’est ce dernier point, notamment, que dénoncent les associations de défense des Droits de l’Homme : à cause de mesures transitoires imposées à la Roumanie et à la Bulgarie par l’Union Européenne, les « Roms » éprouvent d’immenses difficultés à trouver un emploi. Sans emploi, impossible de justifier des ressources suffisantes pour rester sur le territoire français, les « Roms » se retrouvent alors en situation de pouvoir être expulsés. Le gouvernement précédent faisait des expulsions l’alpha et l’oméga de sa politique envers les « Roms », pour un coût estimé à une dizaine de millions d’euros par an et un résultat déplorable : citoyens de l’Union Européenne, les « Roms » revenaient en France à la première occasion.
Si le gouvernement actuel continue de procéder au démantèlement des camps, c’est en partie pour répondre aux décisions de justice mais aussi pour répondre à ce qu’il considère être une urgence sanitaire, sociale, humaine.
Le candidat Hollande s’y est engagé : les « Roms » ne seront plus expulsés des camps et des squats sans solution pérenne. Pour l’heure, cet engagement n’est pas toujours respecté. Le seul changement constaté serait, apparemment, le changement de ton. Une différence pourtant déjà notable puisque des consignes de concertation ont été données aux Préfets pour rechercher avec les associations et les élus locaux des solutions de relogement aux personnes les plus vulnérables.
Si les associations ont raison de tirer la sonnette d’alarme et de rappeler l’actuel Président à ses engagements de candidat, elle ne doit pas oublier que le quinquennat précédent n’a été qu’une litanie de stigmatisation de la figure du « Rom » dans un parfait amalgame avec la délinquance et les gens du voyage, que l’on peut qualifier d’indigne et qui culmina au moment du discours de Grenoble.
De plus, si les difficultés sont immenses, quelques pistes et solutions peuvent éventuellement être dégagées et il ne fait aucun doute que la politique sur laquelle François Hollande s’est engagée sera bien tenue. En politique, le temps court des réponses courtes a déjà fait l’objet d’un quinquennat, avec les résultats que l’on sait.
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La question des Roms est traitée trop souvent de maniére passionnelle et idéologique. L’Etat est pris entre la nécessité de réguler des situations légales et illégales et la situation des personnes humaines. A l’heure où des évacuations de camps de squatts se déroulent (personne n’a d’ailleurs promis autre chose durant la campagne), j’ai demandé à Jules Praxis, qui travaille pour l’Etat dans les politiques d’hébergement et d’accès au logement dans la région lyonnaise, de bien vouloir faire une petite note sur le sujet. Celle-ci sera en trois parties: la première concernera le rôle de l’Etat, ses prérogatives et ses moyens.
1-Le rôle de l’Etat
Même après l’élection de François Hollande, les démantèlements des camps de « Roms » se poursuivent, suscitant la déception des associations de défense des droits de l’homme et de sympathisants / militants de la gauche radicale. C’est aussi l’occasion rêvée (et hypocrite) pour les élus UMP de pointer les contradictions de la gauche bien-pensante.
Sur un sujet aussi complexe, que je connais en partie – je suis fonctionnaire d’Etat et je m’occupe des politiques d’hébergement et d’accès au logement –, on m’a demandé d’écrire une note sur la situation.
Je précise, au préalable, que je suis tenu à un devoir de réserve et que je ne pourrais donc pas exprimer d’opinion personnelle ; je dois m’en tenir aux faits. Ils sont relativement simples : l’Etat n’est pas en capacité, actuellement, de répondre aux besoins immenses des populations « Roms ».
Il met pourtant de l’argent sur la table et peut agir dans deux directions : un soutien aux associations, sur des programmes ciblés, spécifiques, et la recherche d’un consensus au niveau européen. Ce n’est que par la combinaison de ces deux leviers qu’il parviendra à apporter un début de réponse à une situation douloureuse que l’on ne peut que déplorer faute de moyens.
La majeure partie des aides de l’Etat destinées notamment aux « Roms » s’exerce au travers de ce programme doté d’un peu plus d’un milliard d’euros chaque année (dont seulement une petite partie s’applique aux « Roms »). Ces aides peuvent être distinguées, schématiquement, en trois parties : l’aide sociale et la construction des aires d’accueil des gens du voyage, le financement des centres d’hébergement d’urgence, le financement d’actions innovantes (les villages d’insertion).
En ce qui concerne les aires d’accueil des gens du voyage, l’Etat finance les communes qui décident de s’équiper d’une aire d’accueil. Elles ne sont pas spécifiquement destinées aux « Roms » mais peuvent éventuellement leur bénéficier. L’Etat finance également un peu d’action sociale, comme les aides à la scolarisation des enfants « Roms ». Je ne développe pas plus, c’est une goutte d’eau (nécessaire) dans un océan de besoins (l’action 11, comprise dans le programme 177 est dotée de 65 millions d’euros par an).
La plus grande partie du programme 177 sert à financer les centres d’hébergement (un peu moins d’un milliard par an). Depuis la loi dite Molle de mars 2009, deux principes régissent l’accueil et l’hébergement des publics vulnérables : l’inconditionnalité et la continuité de l’accueil. Selon le premier principe, aucune personne ne peut être exclue d’un dispositif d’hébergement et ce quelle que soit sa situation au regard du droit. Quant à la continuité de l’accueil, il implique que personne ne peut sortir d’un centre d’hébergement s’il ne dispose pas d’une solution pérenne (logement adapté, par exemple).
C’est là où le bât blesse : on estime à un million le nombre de personnes sans-abri ou en situation de mal-logement (chiffre approximatif et pour lequel les sources manquent). Les centres d’hébergement ne parviennent déjà pas à répondre aux besoins de ces populations. En application du principe de l’inconditionnalité de l’accueil, les centres d’hébergement accueillent donc, en fonction des places disponibles, toute personne qui en fait la demande. Même si, et c’est le cas pour les « Roms » (que nous appelons, dans notre jargon administratif « les Européens impécunieux de l’est »), il ne peut exister aucune solution pérenne de relogement. La situation administrative de ces personnes leur interdit pourtant toute insertion sur le territoire de la République française. L’Etat, en l’état actuel de la législation, dépense beaucoup d’argent pour un résultat très médiocre.
Enfin, l’Etat intervient en finançant des actions spécifiques d’insertion, comme par exemple les villages d’insertion. C’est là sans doute un levier intéressant mais qui coûte énormément d’argent (27.000 € par famille et par an). Il s’agit de financer une association gestionnaire d’un tel village qui va travailler sur l’insertion des « Roms », une insertion qui comprendra à la fois des actions d’alphabétisation, d’apprentissage des règles sanitaires, de mise en situation de travail, etc.
Heureusement, pour l’aider dans cette tâche, l’Etat peut être appuyé par les collectivités locales, notamment pour compléter un financement qu’il n’a qu’en partie.
En résumé, il semble que les moyens dont dispose l’Etat français sont non seulement insuffisants (pour financer des actions d’insertion spécifiques) mais également inadaptés (la loi Molle doit pouvoir être revue, notamment parce que les principes qu’elle fixe sont en contradiction avec une politique d’insertion ciblée et efficace – l’enfer, on le sait, est pavé de bonnes intentions).
Après avoir fait le tour (rapide) des moyens dont dispose l’Etat, voyons quelle est la situation actuelle et pourquoi la majorité actuelle continue de démanteler des camps de « Roms ».
L’un des soucis les plus centraux dans la lutte contre les régimes totalitaires est la croyance qui voudrait que l’information soit un élément de la libération des peuples est sans doute une douce illusion.
Ainsi selon une vision naive, si les Iraniens ou les Chinois pouvaient avoir un internet libre, ils pourraient sans nul doute trouver les moyens d’une révolte. Quand aux russes,si internet était moins surveillé, ils trouveraient à faire partir Poutine.
Partisans d’une Syrie sans El-Assad, encore quelques tweets et une poignée de statuts Facebook d’arriver à vos fins! Cette vision webcentralisée pourrait satisfaire complétément le blogueur que je suis: au lieu du fusil, le billet de blog, en lieu et place de bombardements la mise en ligne d’une vidéo sur Youtube.
C’est oublier que c’est d’abord au péril des matraques de police que les Egyptiens ont manifesté contre le hiérarque local. C’est aussi dans la vie la plus concrétes et non sur des forums que se déroulent les combats et massacres en Syrie.
Certes internet peut jouer son rôle de sensibilisation et de discussion, y compris dans des sociétés totalitaires. Pour reprendre l’exemple de la Tunisie, les manifestants utilisaient les réseaux sociaux pour se coordonner. Restait tout de même à manifester.
Mais comme le souligne Evegeny Morozov dans son ouvrage The Net Delusion, les outils sociaux ne sont pas à sens unique.
Au niveau des opinions exprimées: il existe bien évidemment en Russie des blogueurs s’opposant au systéme de Vladimir Poutine. De même en Chine, dans une moindre mesure, le contôle étant plus grand.
Mais souvent bien plus nombreux et mieux diffusés sont les sites diffusant un point de vue pro-gouvernemental.
Ensuite au niveau de l’utillisation du web, qui généralement loin d’être centrée, y compris en totalitarisme, sur la question des Droits de l’Homme,
Contrairement à ce qu’une vision trop politique et angélique du monde pourrait faire croire, les mots les plus tapés dans un moteur de recherche en Russie, ne sont pas sur le théme « Droits de l’Homme en Russie » mais plutôt « Comment perdre du poids » ou des mots clés portant sur les stars ou la pornographie.
Et si le contrôle est certes pour quelque chose dans cette prudence, des expériences diverses ont prouvé qu’il ne s’agissait pas de l’unique raison. En fournissant un web libre à des citoyens de pays totalitaires, une organisation américaine a ainsi pu constater que ces derniers avaient surtout la forte tendance à de mettre d’abord à rechercher des photos de Britney Spears nue…
De même une vidéo de massacre dans un pays totalitaire sera le plus souvent bien loin derrière en termes de visualisation sur youtube qu’un lolcat populaire…
Faut-il à ce moment ne rien faire ? Non et ceux qui ont aidé les Tunisiens et Egyptiens à accéder à internet pendant les blacks-out et les censures ont joué un rôle important et salutaire dans la réussite de tels mouvements en leur permettant de se coordonner et d’échanger.
N’oublions pas non plus que c’est la diffusion de l’immolation d’un jeune marchand, diffusée massivement sur le net, qui a lancé la révolte contre Ben Ali.
Mais l’information ne fait pas tout, il y avait déjà un terreau fertile et une population politisée, à fort potentiel, dans un pays inégalitaire. Penser que l’information soit le seul vecteur d’un soulèvement est une grave erreur…
Pour terminer avec un exemple d’avant la massification d’internet et la création du web, n’oublions pas que la RDA fut pendant toute la guerre froide, en contact sans censure avec la télévision de RFA. Les Allemands de l’est se délectaient à longueur de journée des séries et informations venues de leurs voisins de l’ouest. La seule région qui ne le captait pas était la plus politisée et la plus contestatrice…sans doute que la dictature était plus dure avec moins de distractions…
Lorsque Jessica Ennis gagna sa médaille d’or, c’est toute la nation qui a applaudi avec enthousiasme dans un élan touchant. La victoire de l’athlète Britannique était très attendue et les médias et les sponsors avaient fait de la récipiendaire de l’Ordre de l’Empire Britannique l’un des symboles majeurs de l’équipe de Grande-Bretagne. Et sa victoire, si elle était attendue, se devait d’être célébrée au mieux, tout comme celle de Victoria Pendelton la veille. Derrière l’enthousiasme pour la réussite sportive des athlètes du royaume, on ressent une véritable envie des Britanniques de donner l’image la plus positive possible de leur pays. Habituellement peu en reste pour ce qui est de protester face à un dysfonctionnement (les français se croient les seuls râleurs au monde!), les Londoniens se sont pliés de bonne grâce à des conditions de transports parfois saturés. Certes il y eu des polémiques, inévitables: la vente de frites réservées à Mac Donald, les abus du service marketing, les carences de la société de sécurité, ont amené leurs lots de protestations. Mais, de la cérémonie d’ouverture, du bon accueil des Londoniens, de leur enthousiasme pendant les compétitions et à l’extérieur, tout semble montrer que la bonne humeur est de mise. On attend des heures pour une barquette de pommes de terres frites industrielles dans les stades, on ne peut prendre le métro dans les lignes principales, on se retrouve serré un peu partout dans la ville. Mais on fait bonne figure, on montre sa joie, on est dans le fun.
Contrairement à Pékin qui voulait donner une bonne image par sa puissance, les Londoniens, les Britanniques, ne veulent pas utiliser l’image de ces jeux pour être craints. Il veulent être enviés. Parce qu’ils sont cools. Quitte à en rajouter par rapport à l’habitude.
La transformation de Hotmail en Outlook est une tentative de réinvention de Microsoft face à la chute programmée de son dernier leader sur le web.
C’est une évidence. Autant Microsoft est une firme archidominante sur le marché des systèmes d’exploitation et de bureautique, autant sa place sur internet et dans les équipements connectés est bien plus relative. Pour prendre un seul exemple au niveau des moteurs de recherche: Google est une montagne à côté de la souris Bing (qui est elle-même une remise en cause du précédent moteur MSN search).
Et si la firme de Bill Gates a connu un temps un succés majeur avec MSN messenger, le connecteur des ados en sortie de lycée et des amants nocturnes est aujourd’hui largement supplanté par le module de tchat de Facebook, aujourd’hui stable et rapide après des débuts un peu chaotiques.
Restaient alors parmis les premiers de la classe, le navigateur Internet explorer et puis hotmail. Le premier est distancé depuis un certain temps par Firefox, qui venge ainsi son défunt ancêtre Netscape et s’est même vu passer devant depuis deux mois par Chrome. Microsoft en est même à monter des partenariats avec Mozilla. Sans vouloir en rajouter, faut-il rappeler qu’au contraire généralement de ses concurrents, Explorer est presque toujours installé d’emblée sur les configurations PC ?
Restait une seule médaille d’or pour le géant de Redmond: Hotmail. Un hébergeur de boites mails inégalé depuis des années en termes de nombre d’utilisateurs.
Malgré des défauts multiples et ne datant pas d’hier.
En 2000 je me souviens avec quelques amis avoir tenté un expérience: nous avions ouvert une dizaine de boites mails sans envoyer un seul message, juste afin de voir laquelle allait générer le plus de pub en direction de ses utilisateurs. Hotmail était arrivé très loin devant. D’autres pointaient les failles de sécurité ou encore une évolution technologique faible. Des pays comme la France lui préfèrent Caramail, du temps de sa splendeur. Qu’importe, de part sa simplicité d’utilisation et la puissance de feu de Microsoft, la messagerie réussi à s’imposer largement.
Et puis surtout une idée simple, qu’on enseigne à tous nos étudiants en marketing internet, celuid’un concept révolutionnaire à l’époque et largement copié depuis: le lien de la marque en bas de page des e-mails afin de propager chez le récepteur l’envie d’en savoir plus et de s’inscrire à son tour chez hotmail.
Jusqu’au mois passé, Microsoft disposait d’un leader dans les services majeurs du web. Elle avait une image d’une messagerie certes pas à la pointe de la nouveauté mais
grand public et cool. Pour ma part j’incluais la messagerie de Bill Gates dans les exemples que je donnais aux étudiants, devant lesquels j’interviens quelques heures par an, sur le fait que ne pas être le plus avancé technologiquement n’empêchait pas d’être en bonne position si on arrivait à être mainstream (l’exemple marche aussi pour Twitter) mais je voyais bien que Gmail, autrefois marginalisé, montait à toute vitesse en termes d’utilisateurs.
Depuis Juin c’est officiel, Microsoft n’a donc plus de numéro un sur le net dans les services majeurs puisque la messagerie de Google a désormais pris la tête.
Hier la société fondée par Gates a donc annoncé que Hotmail prendrait le nom de son logiciel de messagerie: Outlook. Ce dernier est largement leader du secteur, malgré des alternatives libres et tout aussi performantes que Thunderbird. C’est du sérieux, du solide, du dominant sur le marché. On annonce des innovations fortes, des connexions mails/réseaux sociaux et une évolution de l’expérience des mails.
Mais il faudra unifier deux identités distinctes: Outlook, un outil austère, qui a finalement assez peu évolué dans ses usages et d’abord destiné à un usage dans le cadre professionnel, et Hotmail, une messagerie loisir et grand public. Et il faudra, en plus, donner une image novatrice à ce mariage, identité que ne possèdent plus depuis longtemps aucun des deux conjoints qui viennent de célébrer leurs noces de raison. Un gros défi.
Paru sur Lyon Mag