Je m’apprête à célébrer huit mariages demain (cette semaine c’est à mon tour d’être de service) et je viens de recevoir à l’instant de l’ouvrage fort prometteur du professeur de théologie de Bielefeld François Vouga intitulé « Evangile et Vie Quotidienne ».
La collision des deux ainsi que le mail d’un lecteur pasteur retraité me faisait le reproche de ne pas évoquer plus les sujets spirituels ces temps-ci amène, par association d’idées « mariage-évangile-pasteur » à évoquer le sujet des pasteurs et des prêtres, de leurs points communs et différences.
Quand on se demande ce qu’est un pasteur, pour faire vite et simple, il est tout simplement répondu qu’il s’agit d’un « prêtre protestant » .
Mais le métier, s’il a de nombreux points communs (Les catholiques parlent de mission pastorale concernant l’enseignement et la diffusion de l’Evangile par les prêtres) comporte aussi des différences notables.
Pour commencer, les deux sont certes ministres du culte, animent la paroissent, président les cérémonies religieuses, mais le pasteur est à prendre dans le sens étymologique de serviteur du collectif alors que le ministère du prêtre est certes au service de sa communauté mais aussi parole d’autorité, parole du « Haut », de l’Eglise-Institution, un ministre-décideur.
Le prêtre est en effet nommé par l’appareil institutionnel, son autorité procède de celle-ci et il est en quelque sorte le relais du Vatican dans sa paroisse. Certes sa connaissance théologique souvent plus forte que celle de ses ouailles (surtout dans un temps révolu où l’on décourageait le paroissien de lire lui-même la Bible) lui assure une autorité de fait, un magistère théologique.
De même le prêtre bénéficie en même temps d’une autorité morale liée non seulement à la fonction mais aussi à la figure du prêtre en catholicisme, autorité supérieure ayant des devoirs en matière de célibat par exemple. et des droits supérieurs (lui seul peut célébrer une messe) au croyant laïc.Il est également force morale, confessant ceux qui veulent se laver de leurs péchés, prônant des comportements précis sur des questions de style de vie.
Point de tout ça en protestantisme. La légitimité du Pasteur est une légitimité de fonction. Il a choisi de se consacrer dans sa vie à l’existence, à l’animation d’une communauté et à la parole de Dieu. Il a une connaissance biblique forte, ayant dans la plupart des Eglises protestantes fait de solides études de théologie, mais n’est pas forcément autorité supérieure dans ce domaine puisque l’autre christianisme a développé la notion de libre examen, à savoir que chacun a un pouvoir d’interprétation de la lecture de la Bible qui lui est personnel.
Le pasteur est là pour favoriser la discussion, donner des clés, amener une réflexion.
La confession n’existant pas chez les protestants, il peut écouter et orienter un paroissien mais ne l’absout pas de ses péchés (Suivant le principe que ce n’est pas à un homme de s’attribuer ce que seul Dieu peut faire ! ). Il n’a pas d’obligations supérieures à celle des autres et peut donc se marier ou vivre en concubinage (le mariage n’est pas ici considéré comme un sacrement). Par ailleurs, en son absence, un fidèle (prédicateur) peut le remplacer pour célébrer le culte.
Autre point, celui-ci parmi les plus connus: Le ministère de la parole n’est pas réservé aux hommes en protestantisme. D’ailleurs Phoebe, avant d’être un personnage de baba-cool chanteuse de Friends, fut un personnage biblique évoquée dans Romains 16-1 comme assurant des cultes (la chose est certes contestée par les partisans de la seule prêtrise des hommes).
Enfin, le pasteur n’est pas nommé par une autorité supérieure mais doit, une fois ses études finies et son inscription sur la liste d’aptitude au métier, trouver une paroisse qui lui convienne et doit lui-même faire acte de candidature alors que l’Eglise Catholique choisi le lieu de nomination du prêtre. Les conseils de paroisse font ainsi passer des entretiens d’embauche. Cette différence entre liste d’aptitude nomination ressemble d’ailleurs beaucoup à celle existant ente les fonction publiques territoriales et nationales !
Je crois pour ma part que la différence se joue aussi et surtout de savoir si le prêtre ou le pasteur sont des croyants comme les autres, des hommes comme les autres, insérés dans l’existence, ses joies et ses douleurs. Le catholique répond plutôt non à cette question, le protestant dit oui. Dans les deux cas (et dans d’autres) le prêtre et le pasteur cherchent et tentent d’orienter leurs brebis dans la voie de Dieu.
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