La soupe au racisme ordinaire | Romain BlachierRomain Blachier

Cécile, qui il y a une bonne quinzaine d’année, partagea un temps de ma vie, avait envie de partager un événement lié au racisme ordinaire qui lui est arrivé ce week-end. je laisse donc bien volontiers mes colonnes à cette mére de famille et institutrice, dans un petit moment dramatique et triste.

Quand « La soupe aux choux » rencontre « Les feux de l’amour »…

Mon voisin est un homme de 60 ans que sa femme a quitté, il est technicien ébéniste pour une grande collectivité locale de la région lyonnaise, mais il a eu un infarctus il y a trois ou quatre ans,

je sais tout ça car on se croise de temps en temps.

Il me fait un peu de
la peine ce petit monsieur laissé seul dans notre immeuble bon marché.

Alors hier soir, j’ai fait une soupe aux choux et aux canards en salaison. Mon mari et pére de mes enfants (qui se trouve au passage être noir et musulman, ce qui n’a aucune importance dans la vie mais en aura dans ce cette histoire) l’adore.

Je me
suis dit que ça pourrait lui faire envie cette soupe, que j’ai faite pour mes entants et mon époux, ce met que j’ai fait pour eux pour leur faire plaisir, je peux aussi en donner un peu à mon voisin, cet être en peine depuis que sa femme est partie.

Dans notre société si peu solidaire, où chacun pense à soi au détriment des autres, il devient presque étrange de penser à celui qui est à côté de soi.

Alors de ma soupe de fille grandie dans l’Ain, là où les hivers sont rudes et la nourriture doit tenir au corps, je suis allée lui en proposer.

A lui mon voisin avec qui je parle, comme cela, entre gens du même immeuble et de la même condition.

Il m’invite à entrer, je vais déposer la petite soupière sur la table, celle qui émet tant de bons fumets pour les repas de mon mari et de mes enfants.

Il me dit qu’il est vraiment content, que ça lui rappelle sa mère, que
ça sent bon

Ah et? E-ce qu’il peut m’embrasser ? Moi, naïve, n’ayant rien vu venir (on n’est pas proche, hein, il n’y a jamais eu d’ambigüité), je lui dis que bien-sûr, et il essaie de me rouler une

galoche !

Ma riposte fuse« Mais ça va pas, non ! Vous avez l’âge de mon père ! Je suis
mariée ! »

Sa réplique me glace: « Ho ça va, hein, votre mari c’est un Noir, ça doit pas être
un vrai mariage !
Je vous aime, enfuyons nous comme Roméo et Juliette, ça sera « Cécile et Serge », et ne vous inquiétez pas : vos enfants ne

vous manqueront pas trop, ils sont noirs aussi ! ».

J’en suis restée
comme deux ronds de flanc ! Stupéfiant!

Comment sa femme a-t-elle pu quitter un tel
homme, qui sait si bien parler aux femmes ? Si ouvert sur le monde ? Qui a un tel sens de la famille.

En France, en 2012, il y a encore des gens qui pensent qu’on ne peut, quand on est blanche, aimer un homme de couleur. Il y a encore des gens qui pensent, que parce que mes enfants sont métisses, il ne valent aucune affection, aucun amour, qu’ils sont des erreurs de la natures…

Glaçant.

Bref, il va sans dire que je me suis cassée en lui promettant bien de le cuisiner à la broche (mon sauvage de mari m’a déteint dessus…) s’il osait nous approcher

dorénavant…

Mon arrière-grand père disait toujours qu’il ne faut pas
s’inquiéter, qu’il n’y a pas plus de voleurs que de gens…

Mais y’a
quand même plus de cons qu’on pense !

Signé Cécile Maisonnette

(qui non, ne s’est pas mariée à un Noir par défaut ou dépit…)

ps: si vous aussi vous voulez faire ma recette de soupe aux choux et au canard prenez Un choux frisé, un oignon, patates, carottes et une saucisse de canard, persil poivre. Puis faites chauffer de l’eau. Une fois proche de l’ébullition, baissez le feu, mettez d’abord le chou, puis l’oignon, puis les carottes la saucisse, persil et poivre

puis les pommes de terre. Ca mijote, vérifiez de temps en temps et laissez deux heures à feu très doux.