C’est un moment historique qu’ont boycotté les médias français télévisuel dominants: le premier débat entre les cinq candidats à la commission européenne.
Une discussion avec des réponses courtes (pour que cela fuse et c’était réussi même si le format 1 minute aurait pu sans doute gagner un peu en profondeur avec plutôt 2 minutes). Un débat respectueux, de fond, sans posture futile et avec de l’humour.
A l’arrivée, déjà des nuances sur le projet européen: deux fédéralistes (Guy Verhofstadt et Ska Keller) un européen fervent (Martin Schulz) et deux transnationaux (Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker).
On retient diverses images: celle d’un Schulz prêt à gouverner l’Europe, porteur de fond, vrai stratège mais très attaché, tout comme Juncker, au rôle des Etats. Celle d’un Juncker à la gauche de la gauche de la droitière UMP française mais qui, ex-dirigeant d’un paradis fiscal, n’en reste pas moins peu crédible pour parler des dérives des banques. Celle d’un Tsipras, candidat de la gauche radicale, bien plus pro-européen que ses nationalistes amis du Front de Gauche. Un Tsipras très doué et intéressant mais qui me donna plus l’impression parfois de jouer le débat intérieur grec que la campagne européenne. Celle d’un passionnant Verhofstadt, européen convaincu, atypique mais dont les sorties parfois austéritaires rappellent que son représentant français est, c’est dommage, un certain Hervé Morin. Ça fait tout de suite moins rêver. Et une intéressante Ska Keller, fervente fédéraliste, même si parfois un peu trop didactique et auteure d’une ou deux piques un peu gratuites.
Le débat sur l’Europe ne s’est perdu dans aucun faux débat. Le web, l’énergie, la Russie (sur laquelle Tsipras fut ambiguë), le chômage, les discriminations, l’économie, l’emploi…ont été abordés, loin des grandes postures stériles que l’on voit souvent dans le débat franco-français. Pensez donc à cette députée UMP qui essayait de faire croire l’autre jour que le PS voulait obliger les petits garçons à porter des jupes.
Hier c’était la vraie émergence d’une débat public européen. Enfin. La prochaine fois, on passera définitivement aux listes européennes.