C’était en marge de l’élection des vice-présidents du Grand Lyon que j’ai échangé avec Geoffrey Mercier
,. J’avais envie de parler avec Geoffrey sur son intéressant ouvrage consacré à la campagne des municipaux lyonnais «Comment Collomb a résisté» Interview avec un journaliste que je connais bien, homme sympathique et fortement intéressant dont je ne partage pas toujours la vision du monde, mais qui est assurément un des meilleurs professionnels du journalisme politique de la ville. On y croise dans « Comment Collomb a résisté » tous les acteurs politiques lyonnais. Y compris votre serviteur qualifié de « victime de sa sans doute trop grande fidélité à Gérard Collomb ».
Entretien avec Geoffrey Mercier, auteur de « Comment Collomb a résisté »
Pourquoi as-tu eu envie de faire cet ouvrage ?
J’ai eu envie de faire le récit général, au jour le jour, de l’élection lyonnaise, des acteurs, des stratégies, du débat, de tout ce qui a habité ces derniers mois. En tant que journaliste politique, je travaille le jour dans ces milieux et là j’ai écrit un livre qui présente un peu cet univers à un moment crucial pour la politique locale : l’élection municipale lyonnaise.
Quelles ont été les difficultés ? J’imagine par exemple qu’à part quelques personnalités fortes, la scène politique locale est peut-être trop normalisée niveau fond et forme
Oui, il y a peu de personnages avec des idées, des personnalités même si tu as quelques trésors. La politique lyonnaise normalise beaucoup. La vraie difficulté que j’ai eue parfois, c’étaient les informations qui étaient assez difficiles à obtenir côté Collomb, qui de plus est parti volontairement tard en campagne.
Quelle est la spécificité de cette campagne des municipales lyonnaises de 2014 ?
Il y a eu Collomb et les autres. Même si j’ai trouvé beaucoup d’enthousiasme à droite et parfois un fort agacement dans la majorité, surtout chez les socialistes qui se sont sentis peu défendus par leur parti au niveau de leurs places. Mais le Maire sortant est dans la lignée de ces géants historiques modérés que furent Herriot, Barre et les autres. Il a aussi un côté très complexe dans la manière qu’il a de fonctionner vis à vis de ses équipes tout en cherchant à être rassembleur. Parfois en faisant des erreurs de casting.
Là-dessus dans Comment Collomb a résisté tu m’as beaucoup fait penser aux travaux de Bruno Benoît sur la lyonnitude…….
Oui, je pense que l’on peut rassembler la ville sur des enjeux modérés et une entente moins clivante qu’ailleurs. C’est ce que l’on fait des maires de centre-droit, c’est ce que fait Collomb aujourd’hui.En fait, j’ai de la sympathie pour Collomb comme pour son challenger de 2014.
Tu ne trouves pas pourtant que Havard s’est trop porté sur la droite, sur des étiquettes nationales, sur la chasse contre les droits des homosexuels. À mon sens, il aurait dû partir plutôt sur quelques idées-forces pour la ville et les marteler. À la place, il fait des défilés et des cafés politiques avec des homophobes, essaie de jouer les gentils sarkozystes contre les méchants UMP. Résultat, il se ramasse en faisant un score pas meilleur que Perben et perd dans son propre arrondissement.
Il essaie de lancer quelques idées, mais n’arrive pas à les imprimer. Il y a sans doute des erreurs chez Havard en termes de communication. Et puis Collomb, malgré un contexte national difficile, était favori de bout en bout et ne l’a pas laissé imposer son tempo.
Tu abordes peu le web dans ces campagnes alors qu’il y a eu des actions en la matière.
A part tes papiers et le trolling dans tous les sens sur Twitter, il y a peu à dire. Quelques trucs humoristiques notamment à droite, un peu à gauche et puis basta. Au niveau journalisme, la forme de campagne n’a pas aidé et quelques tentatives en ce sens n’ont pas été à la hauteur.
Qu’est-ce que tu as retenu de ces municipales ?
Déjà ce seront les dernières du genre. Sans doute, les dernières où il y a Collomb. Qui du coup aura moins à cœur de ménager les uns et les autres dans ces équipes. Ensuite ce sont les dernières élections municipales sous cette forme puisque le Maire de Lyon et le Président de la Métropole de Lyon seront élus sur deux scrutins distincts. On va assister à une recomposition forte, à des positionnements. On verra aussi qui est solide, qui ne doit sa position qu’au fait du prince, comment tout cela va se passer aussi dans l’opposition. Cela va être une période passionnante pour être journaliste politique lyonnais.
Comment Collomb a résisté
Geoffrey Mercier
Editions Le Progrès
Disponible en points presse
20 euros