Elle est un peu en retard parce que sa chambre est dans un bâtiment un peu plus loin. Elle devait être dans le C alors que nous étions dans le A. En cet été où il flotte un parfum sucré, il est difficile de croire que l’hiver où nous étions dans les rues quelques mois auparavant, fut si rude. Nous sortons de l’université d’été de l’UNEf-id.
L’UNEF-ID et les jeunes socialistes dans les années étudiantes
L’UNEF-id, il faut préciser ce que c’est, en ces périodes où le militantisme naît trop souvent au moment de la notabilité ou dans le seul but de la conquérir . C’était le grand syndicat étudiant de gauche, rassemblant les différentes sensibilités socialistes et sociales-démocrates (social-démocrate dont je suis déjà, malgré mes cheveux longs et mes doc marteens) et des groupes troskystes.
Il faut expliquer à beaucoup de ceux qui font de la politique pour la gamelle qu’on y gagnait rien à être à l’UNEF-ID. Qu’on y prenait des kilomètres de voitures à aller faire campagne dans toutes les facs de France pour un système d’enseignement supérieur plus juste.
Qu’on y dormait par terre et que le pain quotidien était celui du thon-mayo à 10 francs (on était encore aux francs) dans le distributeur automatique des campus. Que les moins vigilants y laissaient leurs études partir à la dérive.
Mais qu’on y apprenait bougrement à militer, à s’y organiser, à travailler de façon désintéréssée. Une science-fiction pour certains chefs à plumes gavés. Beaucoup de trucs que tu ne sais pas toujours faire quand tu commences ton militantisme dans la notabilité.
Tu peux vérifier, dans le bus ADA on était serrés faute de blé. Il y’en a plein de présents ce jour là dans le véhicule qui savent aujourd’hui fort bien manier la plume et l’encre numérique et qui pourraient témoigner.
Ca y est elle est là. Caroline est déjà blonde à cheveux courts alors que je ne suis plus jamais châtain clair. Caroline est militante très active aux jeunesses socialistes et à l’UNEF-ID, les deux allant parfois de paire.
Caroline et moi on est pas vraiment toujours d’accord, pas vraiment du même tempérament ni des mêmes amis en ces temps. Mais on se croise souvent, depuis les rudes mouvements sociaux de Décembre 1995 puisque nous sommes dans les mêmes engagements actifs. Parfois 7 jours sur 7. Parfois 26 heures sur 24.
CFDT, militantisme socialiste
20 ans après j’ai moins de cheveux longs et de Doc Marteens. La fac est loin: c’était y’a 20 ans que je passais le bac, dans ces mêmes périodes. Mais je suis toujours militant. Caroline aussi.
Elle aussi. En militant, en étudiant, elle a rencontré un type complexe. Un être humain adorable
et rude. Un sympa parfois dur. Un gars super en tout cas. Un gars qui veut devenir Maire de Lyon et qui va y arriver. Et plusieurs fois.
Un certain Gérard. Caroline devient Collomb. Mais pas seulement. Elle continue à militer.
Par exemple elle fait partie de la campagne de Jean-Michel Daclin. Comme moi. Alors que nombre de socialistes, y compris de futurs Adjoint et présidents de groupe issus du même territoire ne font rien.
Quelques temps après (je me souviens que nous nous étions fortement disputés à la Rochelle, j’étais pour ma part un fervent Strauss-Kahnien) elle s’engagera fortement du côté de Ségolène Royal.
Puis Caroline Collomb se concentrera sur le syndicalisme, toujours CFDT, l’organisation qu’elle a toujours chérie. Elle est plus discrètement au PS mais continue à y agir en pointillés.
Par exemple, elle adhère aux Poissons Roses, une association d’inspiration chrétienne de gauche. Et quelques années après donc il y a quelques mois, elle reprend la section du 5e. Laissée en bien mauvais état par ses secrétaires de section successifs.
Voila donc un parcours militant qui a croisé le mien. Parfois dans des écuries divergentes. Encore aujourd’hui d’ailleurs où nous sommes dans des motions différentes sur le congrès de Poitiers. Mais son parcours militant est en tout cas bien plus riche que ce que croient beaucoup.
Un vote complexe
Un dernier mot: je lis beaucoup que le rejet de la liste des régionales par le conseil fédéral du PS du Rhône serait surtout dû à la présence de Caroline sur les listes. Certes avoir un nom connu en socialisme peut accélérer des choses.
Mais il en fut peu question l’autre soir et pas seulement parce qu’elle était présente et qu’en politique on donne souvent bien plus tort publiquement aux absents. Les raisons du vote négatif étaient multiples: adhérents ne se trouvant pas assez haut sur les listes, territoires se sentant délaissées, courants se sentant mal représentés, consignes de vote de certains grands élus, attitude pas toujours rassembleuse du Premier Secrétaire de la Fédération ces derniers temps vis à vis de petits élus et militants.
Mais il ne fut pas question de Caroline. Dont trop peu de gens connaissent le long parcours militant. Depuis 20 ans et qui devrait sans nul doute continuer quoi qu’il en soit de sa candidature.