Bonapartisme 2007 | romainblachier.fr

Les infirmières Bulgares et le médecin palestinien retenus par le régime Lybien sont libres et ont retrouvé leurs familles après un voyage de négociation avec le gouvernement de kadhafi. La discussion aura été officiellement portée  par une délégation composée de représentants de l’Union Européenne et de Cécilia Sarkozy.

Si elle est conclusion pour ces femmes et ces hommes, l’affaire et son dénouement posent beaucoup de questions.

Je m’étendrais pas sur la polémique contenant Cécilia Sarkozy mais je vous conseille l’excellent billet de Versac.

La médiatisation de l’affaire avait éclaté plutôt tardivement et avait surgit à la lumière grâce notamment à une action de nombreux parlementaires européens dont la députée européenne Catherine Guy-Quint qui n’avait pas ménagé ses efforts pour faire connaitre l’appel de soutien en France il y a de cela un an.C’est l’Europe qui s’est emparée du dossier et qui le suivait, faisant des progrès réguliers mais, trop lents hélas..

Le Président de la République a souhaité intervenir sur le dossier. On ne peut que saluer l’ensemble des efforts qui ont été faits dans le sens de la libération des otages. Mais Nicolas Sarkozy reste flou sur le contenu des accords et j’ai du mal à la croire, connaissant le très marchandeur régime lybien que la contrepartie de la libération se résume à « pas un euro »..

D’autant que le poids de facilitation de la France dans les négociations pourrait avoir notamment été fonction de sa technologie nucléaire civile…Des contradictions apparaissent puisque les Lybiens affirment avoir reçu de l’argent, notamment pour contribuer à indemniser les victimes de contamination du SIDA concernées par l’affaire, aide qui par ailleurs va qui poser problème si la chose est avérée.

Cela risque en effet d’amener des tensions entre les opinions occidentales et arabes.Si les victimes doivent être dédommagées par l’UE et/ou la France, cela peut amener l’homme de la rue des capitales arabes à pencher davantage vers la thèse de la culpabilité, pensant que dédommager c’est avouer la faute et d’un occident qui gracierait des assassins d’enfants Lybiens…Ceci dit, encore une fois, on ne peut s’avancer, les négociateurs étant restés plus que discrets sur les contenus d’accord et les victimes ayant pour l’instant été dédommagées par la seule fondation Kadhafi.

A voir donc dans les jours qui viennent mais les Glucksmann et autres  Bruckner doivent regretter d’avoir cru aux promesses de Sarkozy en matière de politique étrangère…

Autre problématique celle posée par Benoit Hamon  qui accuse le président français de « vouloir voler les succès de l’Union européenne » et Pierre Moscovici qui a déclaré:
« 
Sarkozy, via son épouse, et Claude Guéant un peu en train de faire la stratégie du coucou. Vous savez, je ponds mes œufs dans le nid des autres.

Encore une fois si le président a contribué en quoi que ce soit à la résolution du conflit, cela est à saluer et à applaudir.

Mais si il s’est contenté de se greffer à un processus déjà existant, on ne peut que douter que, outre la récupération politique mentionnée plus haut, la présence des Sarkozy a peut-être même pu amener le régime Lybien a mettre la barre un peu plus haut, tant le chef de l’Etat avait affirmé chercher un succès…

Autre problématique, posée en filigrane par les déclarations de deux députés européens socialistes français, MM. Hamon et Moscovici et par la déclaration du président  qui a affirmé que pour lui « ces infirmières étaient françaises », c’est la question de l’articulation entre diplomatie européenne et diplomatie des Etats membres, c’est aussi la vision pour l’UE qu’a Nicolas Sarkozy qui est en question.Ce n’est pas en jouant sa propre partition, distincte de celle de Bruxelles que nous ferons avancer l’Europe, qui a besoin d’unité politique.Ce n’est pas non plus en récupérant les succès de l’UE pour faire du Bonaparte 2007 avec une France qui serait amenée à guider les européens que nous ferons revenir  l’envie de progresser dans la construction européenne au niveau de l’opinion publique.