Il est pas loin de 18h30 et je rentre dans l’école Gilbert Dru pour le début de la manifestation en soutien à la régularisation de Guilherme Auka-Azanga, père de famille sans-papiers dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises ici (la par exemple) et dont je suis parrain d’une des filles.
C’est la que je suis subjugué par des papillons, des centaines, des milliers de papillons blancs. Les familles de l’école Gilbert Dru ont tissé des guirlandes copies des 5000 lettres de soutien reçues pour la régularisation du papa qu’elles connaissent et qui est obligé aujourd’hui de se cacher pour fuir la police et le risque d’expulsion.
Des mois déjà que les pères et mères de l’école, les professeurs et le personnels ainsi que nombre d’habitants du quartier donnent de leur temps, de leur énergie, de leurs espoirs. Je reconnais ainsi nombre de visages de copains du 7e de longue date ou rencontrés au cours des manifestations.
Le cortège s’ébranle au son des batucadas et les milliers de papillons s’envolent vers la préfecture, portés à bouts de bras de parents et d’enfants. De toutes conditions sociales, de tous ages, c’est un extrait vivace de la Guillotière d’aujourd’hui qui bat le pavé vers le siège local du pouvoir étatique. Quelques battements de papillons et slogans plus loin, nous arrivons devant la préfecture.
La nous tentons une délégation qui ne sera pas reçue ni par le préfet ni par un collaborateur quelconque. Citoyens, élus, porteurs de doléances, nous resterons devant une porte obstinément close. Nous faisons alors un mur des copies des pétitions aux préfet. Reste les chants d’Alpha Petulay, restent les gens, reste le mur éphémère de lettres, reste l’espoir, les prochains temps de mobilisation comme cette expo jeudi prochain….et l’image des papillons blancs portés par les mains solidaires.