Si de leur côté, la plupart des protestants, à commencer par les Réformés et les Luthériens, donnent le même rôle aux hommes et aux femmes dans leurs Eglises, la chose fait débat ailleurs dans le christianisme.
C’est le cas par exemple en catholicisme, où le rôle des femmes dans l’institution est très limité et certaines pratiquantes contestent d’ailleurs ce fait. Ce rôle et ces interdits ont pourtant été rappelés à de nombreuses reprises par le Vatican, notamment le 15 Juillet dernier,dans la même lettre que l’interdit sur la pédophilie… Certaines églises évangéliques refusent le ministère féminin également. Et le débat fait aussi rage ailleurs, dépassant le simple cadre féministe ou théologique .
Il y a quelques semaines avait lieu en l’Eglise d’Angleterre (Anglicane, mi-chemin entre protestantisme et catholicisme) une nouvelle discussion sur les femmes évêques, principe acquis depuis 2008. Il s’agissait, pour conserver l’unité anglicane, de laisser à une fraction traditionaliste proche des catholiques la possibilité de choisir d’être sous l’autorité d’un évêque masculin au lieu de celle d’une femme au cas où celle-ci se trouve être l’évêque local.
La question du rôle des femmes divise depuis longtemps l’Eglise d’Angleterre, globalement tournée vers le progressisme sociétal depuis une bonne vingtaine d’année. En réaction à l’intérieur se sont montés des groupes plus traditionnels, certains lorgnant vers Rome comme Forward in Faith, créé au moment des premières ordinations de femmes-prêtres.
Mais alors pourquoi chez les catholiques et certains évangéliques ou anglicans, ce refus de l’égalité dans l’Eglise entre hommes et femmes ? Y’a-t-il une assise religieuse réelle dans le christianisme pour justifier cela ? Allons faire un tour et voir quelques arguments !
1-Très souvent les opposants à l’ordination des femmes évoquent la tradition, la constance de ce fait pendant des millénaires de chrétienté…mais quoi de plus chrétien que le refus du dogmatisme par habitude ? Que penser alors du Christ qui choquait les bonnes âmes pieuses en guérissant pendant le sabbat ou dont l’évangile de Mathieu nous parle des disciples qui ne respectaient pas les traditions de purification avant le repas ? Bref l’argument n’est pas recevable du point de vue religieux sur ce point.
2-Une autre raison évoquée, notamment dans la doctrine catholique, est que le prêtre est un sacrificateur qui agit in persona Christi : « tenant le rôle du Christ, au point d’être son image même ». Il ne saurait donc être incarné par une femme.L’argument est là aussi carrément douteux: Le prêtre ne devient certainement pas Jésus-Christ pendant la cérémonie, il le représente ou alors il est, surtout chez les protestants, un simple animateur du culte. Vouloir singer le Christ n’est d’ailleurs pas très malin…
3-Dans la même veine, plus appuyé sur la Bible donc un peu moins ritualiste, est le célèbre début du onzième chapitre de l’Epitre aux Romains, où Paul parle de la nécessité pour les femmes de se voiler pendant les temps de prière, par décence.Les hommes n’en auraient pas besoin, ayant été créés à l’image de Dieu et la femme ne lui ayant été qu’adjointe par la suite. » L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme;
et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme » (1 Cor 11-7/9)…
Certains supposent donc à partir de là que la femme a forcément un rôle inférieur dans l’Eglise. Là il y aurait beaucoup à dire mais on va résumer A) Que là encore rien n’est dit sur la prêtrise. B) Que l’interprétation de Paul sur la création est discutable: Dans la Genèse, qui date de bien avant lui, on constate qu’une fois qu’il les a créé, Dieu traite Adam et Eve exactement de la même façon. Dans le processus de création décrit dans Genése 1, le verset 27 indique d’ailleurs clairement « Dieu créa les humains à son image: Il les créa à l’image de Dieu; homme et femme il les créa ». On est donc loin de ce que dit Paul , qui avait souvent tendance à interpréter de façon rigoriste le message du Christ. Par ailleurs celui-ci ne parle pas non plus d’interdire aux femmes de mener les cultes.
4-Un autre argument développé par les chrétiens défavorables au ministère féminin est celui du passage de l’Epitre aux Romains: « voulant faire des chrétiens un seul corps, où « tous les membres n’ont pas la même fonction » (Rom. 12, 4). La chose semble évidente: Pour qu’un groupe humain croisse et se multiplie comme le demande le Christ, il faut que différentes fonctions soient remplies: Si tout le monde se consacre uniquement à célébrer les cultes, la communauté risque de mourir de faim! Mais dans cette partie invoquée par les partisans du culte masculin n’évoque en aucun cas les femmes…
5-Le Christ n’avait que des apôtres masculins…certes mais outre le contexte culturel de l’époque niveau relations hommes/femmes et liberté d’aller et venir, la célébration du culte n’est pas être l’un des douze apôtres. Par ailleurs c’est aux femmes^de son entourage et non aux apôtres qu’est d’abord apportée la plus importante révélation du Christ, à savoir sa résurrection…
Non, honnêtement la seule fois où la prêtrise des femmes est évoquée, c’est lorsque Paul salue Phoebe (Rom 16:1,2). Celle-ci est en charge de l’Eglise de Conchrée…