Lyon Capitale est sorti en fin de semaine dernière. SI vous n’êtes pas abonnés, c’est comme pour toute la presse lyonnaise, allez faire un tour en kiosque, le numéro est comme souvent intéressant. Ou abonnez-vous.
A noter toutefois une coquille gênante que l’utilisation du terme Green Washing (qui veut dire « faire passer pour écolo ce qui ne l’est pas ») pour « conversion écologique » dans le par ailleurs fort intéressant dossier sur le bio.
Ce qui a bien sûr retenu mon attention dans ce numéro est avant tout le dossier sur les jeunes élus, dont votre serviteur. Les journalistes ont fait le tour d’une demi-douzaine de détenteurs d’un mandat locaux de moins de quarante ans. Là j’ai été un peu déçu.
Le dossier ne prend en compte que notre capacité à monter rapidement dans l’appareil, par tous les moyens. Dommage par contre que nos actions politiques réelles, hors appareil, ne soient pas soulignées: être un élu de terrain mal traité par son parti et blogueur sur les bords n’est pas faux, être réduit à cela est un peu limitatif. Il y a aussi l’action de terrain, les valeurs portées, le parcours que nous pouvons avoir..
Du coup, avec Slim Mazni, coauteur de l’article, on s’est appelés pour discuter du dossier traité par Lyon Capitale assez longuement. Puis je lui ai posé ces trois questions pour connaitre le point de vue du journal.
1 Quel est la problématique de cet article, son angle ?
1/ La naissance de cet article est l’établissement d’un constat: il y a de plus en plus de jeunes élus dans l’agglomération mais ils restent invisibles et inaudibles. L’idée était donc de questionner les valeurs que portent ces jeunes élus et de s’interroger: y a-t-il un lien entre le caractère inaudible de cette jeunesse et l’absence, ou à tout le moins, la relativisation de toutes les valeurs?
2 La question des jeunes élus uniquement sous l’angle des Progrès dans l’appareil c’est un peu limitatif non ? Il y a aussi tout le reste, sans compter qu’il faut aussi compter que la parité avantage davantage les jeunes filles que les jeunes hommes ?
2/Je ne crois pas que l’article interroge uniquement la progression dans l’appareil politique. Je te trouve sévère! On a cherché à savoir ce que porte ces jeunes élus comme valeurs, on a essayé de comprendre leur trajectoire militante également. On a essayé à travers toutes ces questions de brosser une sorte de grande synthèse, de proposer aux lecteurs des perspectives sur cette nouvelle génération. Et fatalement, la question de l’appareil émerge, c’est une évidence. Mais elle émerge parce qu’il y a bien une compromission exacerbée parfois des jeunes élus avec l’appareil. On le voit par exemple avec le nombre de jeunes élus qui sont passés par l’institut Aspen, ce centre de formation qui enseigne les rudiments pour être un loup politique. Et on s’interroge: est-ce la victoire du cynisme en politique? Concernant la question de la parité, ce n’est pas uniquement un problème de jeunes, il s’agit d’une vaste problématique de sociologie politique. Les jeunes hommes en sont en effet victimes, mais pas exclusivement.
3 Qu’as-tu appris, qu’es ce qui t’a marqué dans ces entretiens ?
À quelques exceptions près, j’ai été surpris par le manque d’indignation de cette génération (qui est aussi la nôtre puisque trentenaires tous deux!) et partant de là, par un manque d’audace aussi. Ils sont en effet trop peu nombreux à se projeter dans des actions politiques d’envergure. Je pense à une personne qui répond que ce n’est pas de sa compétence que d’imaginer un projet pour Lyon ou une autre façon d’habiter la ville, de la vivre. Ils ont beaucoup d’autres qualités mais ce qui leur fait défaut c’est un manque d’imagination sans doute. Mais cela touche la classe politique dans son ensemble…