Après avoir laissé la parole à Stéphane puis à Sofian, qui m’ont tous deux parlé de Tunisie, j’ai eu un peu partout cette demande, parfois rudement: et toi tu penses quoi de la Révolution de Jasmin (terme visiblement d’ailleurs plus utilisé par les médias que par les manifestants) ?
Il y a plusieurs années, militant à Re-So, j’avais mené, avec mes camarades, une campagne pour demander la démocratisation de la Tunisie. Nous avions été fort peu suivis et un silence médiatique pesant tombait sur toutes les initiatives de ceux qui tentaient de parler de la cause des Droits de l’Homme en Tunisie. Ce combat n’était pas à la mode, on en parlait pas encore à longueur de tweet ou de journal télévisé.
Certes tout n’était pas à jetter dans le pays: une tolérance religieuse, une place de la femme, un développement, une croissance, une vie culturelle, remarquables. L’économie y est diversifiée et forte.
Mais ce que nous entendions combattre, ce qu’il fallait dénoncer, ce contre quoi les manifestants tunisiens ont lutté par eux-même, c’était la corruption,qui détruisait l’égalité des chances et le développement du pays. C’est aussi l’usage de la torture pour tout et n’importe quoi, la censure de la presse et les inégalités galopantes. La meilleure preuve en a été de voir des policiers tirer sur les manifestants à balles réelles.
Si il faut rester prudent sur la suite des événement, il faut se réjouir que le peuple tunisien aie reussi à se sortir de l’alternative mortifére dans lequel il était enfermé, entre les barbus intégristes et président clientéliste. Y’aura-t-il une voie pour garder le modéle tunisien tout en y enlevant les aspects corrupteurs, policiers et malsain ? Sidi Bouzid et ceux qui l’ont soutenu dans sa tragédie en ont tracé la possibilité, même si l’avenir n’est pour l’instant pas sûr.
Romain Blachier