Foursquare est un réseau social fonctionnant pour l’essentiel sur les smartphones. Il consiste en gros à signaler dans quels lieux l’on se trouve à ceux qui sont relations avec vous sur le réseau. Celui qui vient le plus souvent à un endroit donné (et le signale) obtient le titre de mayor jusqu’à ce qu’un autre vienne plus souvent (et toujours bien sûr, le signale).
Il m’arrivait, jusque la, à intervalles irréguliers, d’utiliser foursquare pour perdre 3 secondes en attendant le bus C6 en retard. Surtout que le bus C6 est souvent en retard. On peut aussi utiliser Foursquare lorsque que l’on a envie de signaler à ses proches que l’on est dans un endroit exotique comme Taiwan ou la laverie du quartier. De même, le réseau est utile aussi pour permettre à votre ami Guillaume de se souvenir que vous êtes allés en boite vendredi avec les copines après la soirée téquila en regardant l’historique. Pourtant tout comme Nicolas récemment, je vais sans doute laisser tomber ce gadget cher à Romain Pigenel et à Switchh.
Tout d’abord Fourquare manque de quelque chose de majeur à mon sens pour un réseau social: l’interaction avec autrui. Oh certes il est possible de laisser un commentaire sur les check ins de ses amis. Mais le contenu est rarement d’un grand intérèt « Oh mais tu es en train de manger des gambas dans une pizzeria de Arles ?Prends donc une quatre fromages, c’est trop bon, lol ». Et, au-dela du contenu des discussion, rien qui ne puisse être pratiqué sur d’autres supports comme un tweet, un statut facebook ou dans un billet de blog décrivant votre repas.
La possibilité d’entamer le dialogue est moins pratiquée et moins forte qu’ailleurs niveau interaction avec quelqu’un que vous ne connaitriez pas déjà Away From Keyboard (hors internet) ou sur d’autres réseaux sociaux. Si il est possible d’enclencher bien évidemment la conversation par message, je ne vois pas trop de raison d’interagir. A part pour partir en conversation qui sent son crevard de supermarché et sa phrase cliché « vous venez souvent ici ? » puisque Fourquare contiste à venir dans des lieux…mais Difficile de parler de l’existensialisme sartrien sur ce réseaul orsque l’on a comme mode de communication non des mots ou des phrases mais tout simplement les pas d’une personne se rendant à Mac Do…
Ensuite Foursquare rempli mal une autre de ses fonctions théoriques: l’avis partagé. Le principe ? si d’autres utilisateurs du réseau (et encore mieux de vos contacts) donne un avis sur un lieu, vous allez avoir tendance à le croire plus qu’un autre. Vous tiendrez bien plus compte d’un avis sur un restaurant ou un bar provenant de vos relations que d’inconnus. C’est sur ce principe qu’existent d’ailleurs d’autres sites comme Yelp dont j’avais déjà parlé dans ma chronique web. Mais le rédactionnel de Foursquare, fait à la va vite et sans travail sérieux de modération, amène à des contenus généralement de mauvaise qualité et trop concis » c’était trop cool la soirée avec les copains de l’Iut Génomique ». Le fait que la rédaction s’y fasse essentiellement via des smartphones à l’arraché n’est bien sûr pas pour rien dans cette histoire.
Enfin Foursquare, si il n’oblige personne à se localiser, comporte un côté un peu addictif. Wilhelm Hofmann, chercheur de Chicago, a démontré récemment que le web avait parfois un côté plus addictif que la cigarette. Autant pratiquer l’addiction pour du plus constructif ou du plus amusant… Il y a aussi un côté un peu infantile, un peu joujou: je suis quelque part, je sort mon téléphone (qui m’occupe suffisamment les mains et l’esprit) pour me localiser. Ok mais pour quoi faire ?
Billet repris sur le site du magazine Marianne