Voici le discours que j’ai prononcé hier au rassemblement pour la liberté et la démocratie en Syrie au nom de l’association France Syrie Démocratie.
Chers amis,
Je m’adresse à vous en tant que représentant de France Syrie Démocratie. C’est notre association qui, il y a quinze jours, samedi 25 février, tandis que nos amis de Free Syria Lyon organisaient un flash-mob place des Terreaux, a hissé un immense drapeau de la Syrie libre sur toute la façade d’un immeuble en face du Palais Saint-Pierre.
Je ne crois pas nécessaire de redire ici les souffrances qu’endure depuis maintenant un an le peuple syrien.
Oui, cela fait maintenant un an que le régime du criminel Bachar al-Assad répond à la révolte d’un peuple en faveur de la dignité, de la liberté et de la démocratie par les assassinats, les tortures, les enlèvements. Son armée bombarde les villes, ses snipers tirent sur quiconque passe à leur portée, ses milices de voyous chabiha se déchaînent sur les opposants et leurs familles. Dans les villes assiégées par les chars les habitants manquent de nourriture, ils ne peuvent pas se chauffer, l’électricité est coupée ; les blessés restent sans soins. Nul ne peut plus désormais ignorer la barbarie de cette dynastie mafieuse qui massacre quotidiennement en Syrie. Nous en sommes à 10 000 morts, si on considère comme encore vivants les dizaine de milliers de «disparus» et tous ces prisonniers torturés dont les familles n’ont plus de nouvelles.
Nous sommes ici pour dénoncer ce régime, pour dénoncer aussi les Etats qui le soutiennent diplomatiquement, militairement, financièrement, au premier rang desquels la Russie, la Chine et l’Iran. L’ONU est paralysée par les vetos russe et chinois au Conseil de sécurité. Mais il y a bel et bien intervention étrangère en Syrie : Moscou fournit des armes au régime, Téhéran lui apporte de l’argent et des hommes.
Pouvons-nous cependant en rester aux mots, aux cris, aux rassemblements ? Certainement pas. On peut apporter une aide concrète à la révolution syrienne.
C’est ainsi qu’à France Syrie Démocratie nous avons confié à notre ami le docteur Jacques Bérès la mission d’entrer clandestinement en Syrie afin d’aider les médecins syriens qui opèrent les blessés dans les hôpitaux de fortune. En restant deux semaines sur le terrain, notamment à Homs pendant le pilonnage qui a précédé la prise de la ville, ce chirurgien de guerre âgé de 71 ans a non seulement sauvé des vies humaines, mais il a fait la preuve qu’on peut apporter une solidarité EN ACTES.
Il va d’ailleurs repartir très prochainement vers une autre ville syrienne, cette fois accompagné d’une petite équipe de médecins qui, comme lui, ne veulent plus se contenter de protestations.
On ne peut évidemment pas demander à tout le monde de témoigner du même héroïsme, même si le souvenir des Brigades internationales en Espagne nous rappelle que la solidarité a pu se traduire en engagement concret pour des dizaines de milliers d’hommes et de femmes.
Que peut-on faire alors pour alléger les souffrances de la population syrienne ?
Eh bien on peut envoyer des médicaments et du matériel médical. C’est ce que nous faisons en collaboration avec des associations de médecins syriens et franco-syriens dont les impeccables réseaux acheminent souterrainement le matériel dans les zones où tout manque. On peut aussi relayer une demande de ces mêmes médecins syriens : que la France accepte de recevoir dans ses hôpitaux des grands blessés qui ne peuvent pas être soignés en Syrie.
Nous avons pris l’initiative d’un appel en ce sens, signé de grands noms de la médecine française, qui sera publié dans les tous prochains jours.
Oui, on peut donc apporter une aide humanitaire même lorsque les grandes structures comme la Croix Rouge internationale piétinent. On peut contourner la légalité – celle que le clan Assad piétine avec la pire sauvagerie depuis un an – car il y a légitimité à manifester en actes notre fraternité envers le peuple syrien. Ecoutons ce que nous disent depuis Homs, Rastane, Idlib… des centaines de vidéos : «Ne nous laissez pas seuls !»
Les combattants de l’Armée syrienne libre ont besoin d’armes, de munitions, de talkie-walkies… Combien de fois n’ont-ils pas fait passer ce message : «Nous ne pouvons pas nous défendre contre les tanks avec de simples kalachnikovs.» Voilà ce qu’ils attendent de la Ligue arabe, de l’Europe, des Etats-Unis, de la Turquie.
Le conseiller militaire du Conseil national syrien, le général Akil Hachem, exige depuis des mois la création d’une zone d’exclusion, une zone protégée où les civils pourraient se réfugier et les déserteurs se regrouper, une zone où les combattants pourraient recevoir l’armement dont ils ont besoin. Ce sont ces exigences que nous devons relayer.
La propagande du régime criminel syrien veut faire croire que le pays est en guerre civile. Mensonge ! Ce régime mène une guerre CONTRE LES CIVILS. Ce régime coupable de crimes contre l’humanité doit être renversé pour que la Syrie accède à une démocratie respectueuse de toutes les minorités, aussi bien religieuses qu’ethniques, à une démocratie où les richesses ne seront plus accaparées par le gang qui a fait main basse sur le pays depuis 1970. L’insupportable attentisme des chancelleries augmente chaque jour le nombre de victimes. Notre devoir est de tout faire pour que la victoire contre Bachar al-Assad ait lieu au plus vite.
Vive la Syrie ! Vive la Syrie libre !