Lyonnitude(s) : La Locandiera par Les Passagers du chariot de Thespis

Les Passagers du chariot de Thespis est une compagnie de théàtre professionnelle que j’ai rencontré il y a environ un an par mon amie Laetitia. Je suis depuis leur trajectoire et, lorsque la temporalité me le permet, je vais voir leur travail.

Hier, j’ai donc eu le plaisir de me rendre au Théâtre des Asphodèles, lieu presque nomade du théâtre lyonnais de la rive gauche du Rhône, pour assister à la dernière mise en scène du sage de la bande, mon copain Thai-Son Richardier, qui a ici revisité le grand classique de La Locandiera.

 Revisité parce que La Locandiera est un classique ici à double titre. Classique parce que la pièce est une évidence du répertoire théâtral sur la séduction, les hommes, les femmes et ce qui arrive entre eux quand ils jouent. Mon oncle maternel, croisé fortuitement hier, était d’ailleurs venu voir la pièce comme une version moderne d’une autre représentation et mise en scène qu’il avait vu ailleurs.

Classique aussi parce que la jeune compagnie, née en 2008, la considère ainsi dans son histoire puisqu’elle fut la première oeuvre montée par la troupe, en faisant presque ce qu’un Roi sans divertissement est à André Safratello.

La version revisitée de la piéce est modernisée dans l’apparence: on est plus dans l’auberge de l’ancienne version mais on fait surgir l’action dans un club de vacances. La métamorphose n’est ceci dit que partielle et cela est clairement signifiée: d’abord parce que les tenues des acteurs, plutôt glam, sont volontairement une version contemporanisée des habits classiques.

Et puis surtout parce que le texte, même écourté, reste fidèle à l’original. A ce jeu, certains acteurs en tirent pleinement profit, à commencer par Lysiane Clément, qui arrive avec maestria à concilier forte présence sur scène, malice et prise en main des mots en y faisant surgir l’indispensable gouaille de la taulière charmeuse.

De même Olivier Mocellin, dans son personnage qui sombre progressivement dans la négation de ses principes nihilistes, s’aproprie parfaitement le texte.  La chose n’est pas toujours évidente chez les trois autres acteurs, qui tiennent ceci dit tout à fait la route, notamment en ce qui concerne  Nans Combe, particulièrement pertinent dans sa gestuelle comique.

La mise en scène de Thai-Son Richardier est juste ainsi que son adaptation du texte. Peut-être avec un bémol: un petit probléme de cohérence temporelle dans la prise en compte du danger éventuel encouru par l’héroine.

On rit, on passe un bon moment, on réfléchit à l’absurdité de la notion de sexe faible et aux rapports de séduction. Et à la sortie on ne peut que recommander.

La Locandiera

— Le samedi 21 juillet 2012 au festival Les Nuits du château de Montmelas (beaujolais).

— du 4 au 7 avril 2012 au théâtre des Asphodèles (Lyon 3ème) réservations ici