J’ai été obligé de refuser d’aller à Bregançon. Pourtant Carla et Nicolas avaient lourdement insisté, tentant de me corrompre à coup d’ukrainiennes au corps souples et aux mœurs légères ou avec de solides rolex dont la longévité ferait pâlir la carrière de Drucker à la télé, me promettant même d’inscrire le cricket au patrimoine national au même titre que les défilés de militaires sur les avenues de France le 14 Juillet.
Mais non. Non pas que je veuille feindre quelque résistance mondaine et tardive, ce qui serait pourtant du dernier chic et me donnerait une allure guillonesque. Pas plus que je ne veuille pas me compromettre avec des gens de droite, surtout si ils sont gastronomes en culottes longues. Je mange des poissons avec des blogueurs libéraux, je déguste des fromages avec des militants UMPIstes, je mousse des bières avec des réacs. Bref j’ai le tribord gourmet en des révolutions rouges certes mais de palais et de bouteille. Mais je n’ai pas donné suite à Nicolas et Carla. Je n’irais pas à Bregançon. Désolé.J’espère que vous arriverez à vivre sans moi.
J’ai aussi du refuser les avances de Cathy et David Guetta. Pourtant avec un pouce récemment blessé par une trancheuse en me découpant un peu moi en même temps qu’un jambon de Bayonne, j’avais, comme David, rejoint la confrérie des gens qui n’utilisent pas tous leurs doigts pour taper sur un clavier.
Notre ami musicien poussant même le vice, comme l’ont souligné les Guignols de l’Info, qu’à n’utiliser uniquement l’index pour composer ses Ibiziennes mélodies. Il n’a pas tort remarque, c’est à un autre organe que Kant faisait référence en parlant de la musique comme de la langue des émotions. Il était fort ce Kant.
Cathy avait beau me supplier, promettre la présence d’une Marie Drucker désormais libérée de Baroin, me faire croire qu’elle aurait désormais les mœurs dépravées de quelque actrice porno tchèque ou de quelque président du FMI français et n’attendrait que moi et mon corps d’éphébe romain ou celle d’un Jacques Ellul désormais libéré quant à lui de l’inconvénient indiscutable d’être mort et qui souhaiterait mon indispensable avis sur la consubstantiation dans le protestantisme, rien n’y a fait. Cathy et David sans moi. Je sais que je vous manquerais à Ibiza. Désolé. J’espère que vous arriverez à vivre sans moi.
Bregançon, Ibiza, Nicolas, Carla, Guetta, tout ces a et ces on sont has-been. Le meilleur endroit pour être en vacances, l’endroit le plus top hype pour rester bosser c’est Lyon. Pourquoi ? Je vais vous le dire. Et pourquoi faire un billet sur cela ? C’est Sarah qui en a eu l’idée.
1-Le charme des lyonnaises et des lyonnais. L’été les jambes et le reste se dénudent. Du cocon moelleux du pull angora des hivernales s’extraient enfin les fruits donnés dans la corbeille de l’existence par la mère nature. Quand aux garçons, ils retrouvent dans les froissements de lin un charme d’aventurier mondain du pâté de maison. L’occasion de voir notre ville en plus sexy avant que les cachemires et les manteaux recouvrent tout cela à la feuille d’automne tombée. L’inconvénient dans le raisonnement: Tout le monde est moins habillé. TOUT LE MONDE. Y compris Paulo, 1m69 pour 117 kilos ou Héloise avec ses dragons dessinés sur sa peau fripée de 89 ans…
2-L’occasion de voir tous les gens que vous n’avez pas le temps de croiser dans l’année. Si ils n’ont pas eu le mauvais goût de se rendre dans leur haras de chasse en Dordogne ou dans quelque vulgaire résidence secondaire dans quelque ile grecque ruinée, vos copains et vous-mêmes êtes bien plus disponibles pour vous voir. L’inconvénient dans le raisonnement: Maintenant vous vous rapellez pourquoi vous ne tenez pas tant que cela à vous voir davantage dans l’année.
3-Rencontrer de nouvelles personnes. L’été les gens sont plus disponibles et le soleil est dans les têtes de chacun aussi surement que l’air dans l’occiput de Nadine Morano. D’ailleurs surfant sur la vague, les Pasta Partys continuent leur vigueur en été comme me l’a indiqué un communiqué de presse survenu sur ma boite en cette matinée de Juillet. Que ce soit pour de l’amitié, pour une relation ou juste, comme le dirait le poéte Booba, pour pécho, à l’inverse des bibliothéques, tout est plus ouvert en été. L’inconvénient dans le raisonnement: Après vous être bourrés la gueule au rosé-pamplemousse en vous jurant amitiés ou fidélité éternelle, vous ne vous reverrez sans doute plus à la rentrée. Même si vous habitez à deux rues l’un de l’autre.
4-Visiter enfin les monuments et les établissements culturels. Avouez, sauf la basilique de Fourvière où vous avez trimbalé l’étudiante erasmus que vous avez rencontré au pub ou votre cousin chomeur de St-Etienne vous êtes un peu court dans le domaine culturel local. Pourtant du musée des Beaux-Arts au Vieux-Lyon en passant par les rues chatoyantes du 7e, que de choses à voir. Tenez ce matin j’ai même reçu un communiqué de presse personnalisé d’un site allemand de location d’hôtel pour m’indiquer que la cathédrale St-Jean avait été élue septième plus belle de France par les lecteurs de son blog ! C’est vous dire! Quel beau chiffre! Plus sérieusement jetez-vous sur nos musées, traboulez, vivez, culturez.Et profitez des manifestations de Tout le Monde dehors. Vous pourrez avoir des trucs originaux à dire à la machine à café pendant que tout le monde parlera de la peau du petit dernier qui péle et du prix du cône glacé chocolat au Lavandou. L’inconvénient dans le raisonnement: Ouais en fait le musée des moulages c’est pas toujours terrible.
5-Le 23 Juillet c’est mon anniversaire. Il s’agit cher lecteur de ne pas de mettre en retard dans le cadeau que tu vas me faire pour rendre hommage à mon écriture de nouveau Lautréamont. Jambons entiers (il me reste un pouce à couper), bonnes bouteilles, oeuvres choisies de Martin Luther dans la pleiade ou Marie Drucker sont les bienvenues. L’inconvénient dans le raisonnement: plus le temps passe plus s’avance l’heure de ma mort. Qui causera un déchirement de douleur dans ta vie lecteur, t’amenant à refuser de te nourrir et de boire pour me rejoindre au plus vite, ta vie ayant perdu le peu de sens qu’elle avait. Mais comme le disait La Fontaine: « La mort ne surprend point le sage. Il est toujours près à partir ». Bonnes vacances ou boulot à Lyon à tous et toutes.