Aujourd’hui j’ouvre une nouvelle rubrique qui se nomme « viens squatter chez moi ». Il s’agit tout simplement pour un blogueur ou un non blogueur d’écrire librement un papier chez moi, sur un sujet libre. Là pour ce premier numéro, c’est Simon qui s’y colle. Simon tenait il fut un temps Aube Rouge le blog le plus barré et le plus trash du mouvement des jeunes socialistes, mouvement qu’il va bientôt quitter pour cause de limite d’âge et duquel j’ai fait partie il y a quelques années. Là j’avoue que je ne suis plus très au courant de ce qui s’y passe.
Justement, Simon nous raconte, en une sorte de revival de son ancien carnet virtuel, ce que fut le week-end dernier, le congrès de cette organisation. Je ne sais pas si les méandres complexes du MJS vont être compréhensibles à tous (ceux des jeunes UMP ou jeunes MODEM sont pas mal non plus dans le genre) ni si j’en aurais eu la même vision que notre narrateur mais c’est carte blanche dans cette rubrique...A toi Simon. Viens squatter chez moi.
Retour de Biélorussie
Ce week-end se tenait à Grenoble le congrès du Mouvement des Jeunes Socialistes. Comme tous les deux ans les adhérents auraient du avoir l’occasion de débattre de textes d’orientation et de plan d’action proposés pour les deux prochaines années. Je dis « auraient du avoir l’occasion de débattre », parce que les débats ont été menés à marche forcée, sous la contrainte de la majorité sortante, Transformer à Gauche, qui est aussi la majorité entrante.
Un mois seulement entre le dépôt des textes, leur discussion et les votes , moins d’une poignée d’heures à discuter pendant le congrès proprement dit sur le bilan et les orientations pour l’avenir …
Une camarade nous expliquait que les jeunes socialistes ne devaient avoir aucun tabou. Avec une telle organisation, on ne risquait pas d’aborder les sujets qui fâchent … et qui sont nombreux !!! Ceci étant dit, aussi peu de temps de débat, cela pourrait être pris pour un élan de lucidité vu le peu de choses intéressantes que la majorité du MJS a à dire …
A ce congrès, trois motions étaient présentées.
Zou, petit point de technique rébarbatif:
La motion une est toujours dite « issue du Bureau National », c’est-à-dire de la majorité sortante. La majorité sortante écrit un texte que les adhérents peuvent « amender ». Le plus souvent, on commence par corriger les fautes d’orthographe et de syntaxe. Et ensuite, on essaye de sortir d’analyse se voulant marxiste pour essayer de proposer … Un Conseil National se réuni, et rédige la version définitive de ce texte. Ensuite, les sensibilités qui ne se reconnaissent pas dans ce texte peuvent en proposer un autre. Nous avions donc 2 textes dits « alternatifs » …
Pour reprendre il y avait donc:
-La motion 1 déjà mentionnée « Le choix du mouvement » était déposée par « Transformer à Gauche », groupe majoritaire composé de soutien de Benoit Hamon, Razzy Hammadi et Henri Emmanuelli,« Offensive socialiste » proche de Gérard Filoche (une offensive bien légère, il faut le dire, composée de plus d’invités que de délégués) et de quelques proches de Marie-Noëlle Lienemann. En résumé, la motion C du Parti Socialiste. 69% des voix, surement gonflées
–La motion 2 « Le Temps des Conquêtes » était déposée par les « Jeunes Socialistes pour la Rénovation » (qui furent un temps proche d’Arnaud Montebourg), La Relève (anciens soutiens de DSK), Génération Egalité (fabiusien) et S’ancrer à gauche (Aubrystes) 17% mais nous estimons avoir fait en réalité 22% des voix
–La motion 3 « Ne pas attendre l’avenir pour faire » était déposée par Agir en Jeunes Socialistes (des jeunes « rocardiens » proche de Pierre Moscovici ce qui leur vaut le surnom de moscovites), ERASME, des « hollandais » (du nom de François Hollande, pas de ce si charmant pays où le cannabis est légalisé) et des ségolénistes qui se sont donnés le nom de JUSTICE ce qui amène certains à ironiser (police partout, JUSTICE nulle part) vu leur faible implantation.14%
Passons vite sur la parodie que furent les intervenants invités … Hollande et Montebourg excusés au dernier moment, restaient Moscovici, Olivier Dussopt (député motion C au PS), Liennemann (idem) dont les amis rentrent à la direction du MJS…
7 heures de débats au programme de ce congrès, donc, en sus de quelques « résolutions » (textes thématiques sur des sujets comme l’assistance sexuelle aux personnes handicapées ou comme l’Union Européenne) … Sinon il parait que le MJS va bien !!! Donc pas besoin de débattre dans cette organisation à la pointe du combat contre la droite … Le bilan, il est vrai, est merveilleux. Il y a 2 ans, le MJS avait 8000 adhérents. Aujourd’hui, il comporte 5000 adhérents dont seulement 3000 ont voté (on ne commentera pas certains différentiels de participation entre le nombre de votants en absence de scrutateurs et le nombre de votant avec contrôle …), il va unir la gauche. On se demande ce qu’il proposera pour le monde quand il en sera à 3000 …
Côté débat, ce fût animé … Concours d’applaudimètre (au point que j’ai mal aux mains …), huées … Le temps de parole est toujours élastique selon les intervenants, mais c’est sans doute lié au fait que la « bataille culturelle » prônée par la majorité nationale crée des distorsions dans l’espace-temps ! La présentation du bilan financier fut une parodie, puisqu’aucune explication de vote ne fut possible.
Quand à la réforme des statuts, l’introduction de la vérification d’identité lors des votes des militants est une bonne nouvelle qui ne masquera pas les multiples passages en force – mauvaise habitude oblige – des organisateurs.
Le clou de ce congrès restera sans doute l’arrivée de Martine Aubry. Alors que les votes n’étaient pas encore dépouillés, qu’il y avait deux candidats en lice, Antoine Détourné, le président sortant, avait déjà présenté Laurianne Deniaud, sa remplaçante, à notre première secrétaire ! La classe intégrale démocratique… sauf que le résultat du candidat alternatif (plus de 27%) obligera la majorité à le faire monter à la tribune et à le présenter lui aussi … Je doute, le connaissant, qu’il tenait à cette préséance, mais le respect des formes de la démocratie – s’il est en progrès – doit encore être défendu et amélioré.
Que retenir de ce congrès ? Bon, admettons-le, ça n’est que le MJS … Sur le fond, il ne fallait pas s’attendre à ce que ce soit ce week-end à Grenoble que « [s’invente] la gauche dont [nous] rêvons ».
L’organisation qui fut jadis « l’école du vice » n’enseigne pas grand-chose d’utile. Un peu d’amusement, la joie de revoir des camarades … et aussi un peu de spleen de m’éloigner de cette organisation qu’il est si agréable de critiquer. Je ne résiste pas à la facilité. Ceci étant dit, la vraie vie et la vraie politique sont ailleurs …