Twitter est un réseau social qui se prête à l’asymétrie et à la précarité relationnelle : on peut suivre l’actualité de quelqu ‘un sans être suivi en retour.De même, un simple clic interrompt de recevoir les mises à jour, les citations, les blagues plus ou moins vaseuses, les actualités plus ou moins intéressantes de votre correspondant. Bref selon l’anglicisme consacré vous l’avez unfollow.
Un geste anodin parfois vécu comme un drame par l’unfollowé!
Je suis un peu plus de 800 personnes sur twitter. C’est un peu trop, j’aimerais me limiter à 800 mais je n’y arrive pas. Alors du coup régulièrement je nettoie. Le plus souvent la personne unfollowée ne réagit pas,soit qu’elle n’y prête pas attention soit qu’elle garde cela au fond de son petit cœur brisé par si grave événement, soit surtout qu’elle s’en fiche complètement.
Certains ont installé un petit service pour détecter immédiatement si on l’a enlevé de ses contacts. Quelques uns de ces modules envoient même un tweet un peu agressif à celui qui le quitte. Alors il arrive, ou non, que personne ainsi enlevée riposte en me supprimant également de ses contacts.
Et puis tu as celui ou celle qui veut des explications. Et qui te les demande soit via un petit message, soit en t’interpellant publiquement. Parfois juste pour savoir, parfois parce qu’elle sent blessée ou vexée de cette disparition. Ou, comme un amoureux éconduit, pour dire au monde entier que tu es horriblement méchant de l’avoir quitté !
J’unfollow pour diverses raisons : parce ce que la personne tweete ne m’intéresse pas, m’agace, fait montre de virulence dans ses propos, est dans une posture ou semble avoir une personnalité ne me convenant pas, me trolle de manière trop lourde, confond twitter avec un tchat entre lui et ses 3 copains, est dans une attitude systématique d’attention whore (quoi que tweeter est en soi un outil d’attention whore…) etc…Tiens il faudra que je me fasse un billet sur le sujet des raisons de l’unfollow.
Ne plus suivre quelqu’un n’est pas forcément synonyme d’hostilité personnelle. Et rarement la chose, sauf cas extrême, est purement sur le désaccord de fond. Sinon je n’aurais pas autant de plaisir à suivre d’aimables réactionnaires comme Le Chafouin, Koz et Autheuil.
Curieusement, c’est souvent l’hypothése que font nombre de personnes qui m’interpellent pour savoir la raison de mon départ. Il est vrai qu’il pourrait être plus noble d’être unfollow pour des courageuses idées par un méchant vilain sectaire gauchiste lyonnais que de l’avoir été parce que suivre ses aventures lorsqu’il promène son chien et le voir détailler la cuisson de ses spaghettis peut lasser…Sans doute aussi une maniére de se rassurer que de tenter de s’ériger en martyr de la liberté !
Certains sont même insultants. J’ai eu des » je t’emmerde connard, tu m’a viré de tes followés!« . D’autres interpellent leur timeline sur le mode de la liberté de penser que j’aurais violé en commettant le crime de ne plus suivre leur prose forcément passionnante. Comme si j’avais souscrit une obligation de les suivre. Hélas pour nombre de ces prétendants à la victimisation politique sauce numérique, c’est plus souvent un manque d’intérêt pour leur production twitteresque qu’un clivage qui m’aura fait les enlever. Même si cela est plus difficile à gérer pour leur égo. L’égo, l’essence même de twitter…