Quelles solutions pour les « Roms » Suite et fin de la note de Jules Praxis sur le dossier des roms. Jules s’occupe en région lyonnaise des questions de relogement et d’hébergement pour le compte de l’Etat, dont des dossiers concernant les populations qu’évoque cette note.J’ai compilé les deux premières parties sur le rôle de l’Etat et les démantélement de façon à ce quela note soit compléte dans cet article mais présentée de façon antéchronologique (d’abord la dernière partie de la note, pas encore publiée).
3 Des solutions pour favoriser l’insertion des « Roms » dans la société française
Bien que certains « Roms » soient sédentaires et relativement intégrés dans les sociétés dans lesquelles ils vivent, les solutions pour l’insertion des plus vulnérables – habitants des camps et des squats de fortune, exclus des soins, de l’emploi, etc. – semblent manquer, surtout dans un contexte budgétaire extrêmement tendu qui, nous l’avons vu, ne permet pas de dégager des marges de manœuvre suffisantes.
Le recours aux centres d’hébergement, répondant ainsi au principe de l’inconditionnalité de l’accueil, ne semble pas une réponse appropriée. D’abord parce que les perspectives d’insertion sont minces à la sortie, voire inexistantes, ensuite parce que ces centres ne sont pas suffisamment équipés, outillés, pour l’accompagnement d’un public qui cumule autant de difficultés.
Il serait plus pertinent de mettre sur pied des programmes spécifiques destinés à répondre aux besoins des populations « Roms », comme les villages d’insertion par exemple (et même si, là encore, la solution n’est pas miraculeuse : le dispositif doit encore évoluer).
L’Etat manquant cruellement de moyens, un travail partenarial avec les collectivités locales et les associations est indispensable. D’une part, l’Etat ne peut financer seuls ces projets, d’autre part, ce n’est qu’en prenant en compte les spécificités locales et l’expertise des acteurs impliqués sur le terrain que des solutions adaptées pourront émerger.
C’est surtout autour des grandes agglomérations (Paris, Lille, Lyon, Marseille) que les besoins sont les plus criants. Par une mobilisation de tous ces acteurs, institutionnels et associatifs, une réponse immédiate peut être apportée, non pas pour résoudre tous les problèmes mais au moins pour en stabiliser les effets les plus nocifs (déplacement des populations, risques sanitaires accrus, sentiment d’insécurité et de persécution).
Maintenant, en ce qui concerne les solutions de plus long terme, la réponse est à rechercher du côté de l’Europe. En commençant par lever les mesures transitoires qui pèsent sur les « Roms » de Roumanie et de Bulgarie qui, nous l’avons vu, leur interdit presque tout espoir d’insertion professionnelle.
Cette mesure n’est pas un remède miracle et ne permettra pas, sur le court terme, de répondre au besoin de stabilité et d’intégration de ces populations. Ce travail ne pourra démarrer qu’à partir du moment où la majeure partie des « Roms » aura été sédentarisée : suivi sanitaire, scolarisation des enfants, accès aux droits, apprentissage du français, insertion sociale et professionnelle.
A ce sujet, et en appui du travail que devront mener conjointement l’Etat, les associations et les collectivités locales, il faut savoir que l’Europe abonde un fonds destiné à l’insertion des « Roms » en Roumanie. Malheureusement ce fonds (qui est une partie du Fonds Social Européen), doté de 2,25 milliards d’euros est très largement détourné de sa vocation première. Plutôt que de servir uniquement à la Roumanie, il pourrait servir à cofinancer les programmes innovants développés par les Etats qui en feraient la demande.
Voilà, présenté de la façon la plus synthétique possible, quelle est aujourd’hui la situation des « Roms » en France, quels sont les moyens dont l’Etat dispose pour répondre à leur détresse et quelles solutions peuvent être recherchées. Si la radicalité de certaines associations est compréhensible – elles sont au contact de ces personnes et de leur détresse – faire un rapprochement avec la politique du gouvernement précédent, qui a diffusé une circulaire illégale et encouru les foudres du Parlement Européen, de la plupart des Etats-membres et même du Vatican, est pour le moins osé et témoigne d’un certain manque de recul.
Ce que je peux dire, à mon petit niveau, c’est que les consignes passées par le Ministre de l’Intérieur ont bien été prises en compte par les Préfets et que Rome (désolé pour ce jeu de mots) ne s’est pas faite en un jour…