La chute du régime de Khadafi ne change pas les choses qu’en Libye, loin de la. Ce sera aussi, du Tchad au Maroc en passant par l’Ulster, une redistribution des cartes pour beaucoup.
On a par exemple beaucoup évoqué le soutien d’Hugo Chavez au leader libyen. Mais il est loin d’être le seul. Couleurs Irlandaises rappelle par exemple que les indépendantistes Nord-Irlandais ont une longue histoire de soutien du leader libyen. Ils ne sont pas les seuls.Il y a une sorte « d’alter-alter mondialisme »mondial autour du colonel. Même si celui-ci s’était tout de même tempéré avec son rapprochement il y a quelques années avec les USA.
En fait Kadhafi, qui se réclamait d’une troisième voie entre le communisme et le capitalisme au nom d’une synthèse entre nationalisme et socialisme, avait sa propre internationale de « mouvements de résistance » qu’il soutenait. Ceux-ci avaient pour point commun d’êtres opposés à la démocratie au sens classique du terme, de remuer un fond mélant nationalisme et rhétorique révolutionnaire et un marxisme, parfois très affirmé, parfois plus vague, remplacé même souvent par un fonctionnement dirigiste de type fasciste.
De temps à autre ces divers mouvements se réunissaient à Tripoli pour de grands sommets mondiaux, de « mouvements progressistes et verts ».Kadhafi avait envie de promouvoir son modèle de » Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste. » Il avait même tenté de sponsoriser une équipe de hockey sur glace allemande pour faire la promotion de l’ouvrage exposant sa doctrine, mélant arabisme, nationalisme radical et une économie planifiée de type fasciste (rebaptisée par lui socialiste arabe).
Au cours des années, on croisait à Tripoli des mouvements marginaux en occident, au frontières ou carrément dans le terrorisme d’extrême-gauche(Comme la Fraction Armée Rouge) ou certaines franges des nationalistes révolutionnaires de l’extrême-droite française à l’exemple des gens de Nouvelle Résistance autour de Christian Bouchet. S’y trouvaient aussi des leaders de guérillas sanguinaires. A l’exemple du RUF de Sierra-Léone, l’un des mouvements armés les plus barbares de ces vingt dernières années, composé de nombreux enfants soldats et tristement connu pour ses atrocités. Plus localement, au côté de l’Algérie, Kadhafi soutient le Front Polisario, en guérilla au Maroc.
On y trouvait aussi divers mouvements du monde arabe se réclamant généralement d’une synthèse entre nationalisme arabe et marxisme (comme le FPLP). C’est d’ailleurs dans ce marigot amenant à une sorte que des rapprochements surprenants se sont fait. Pour prendre un cas célèbre, la pourtant très anti-faciste Fraction Armée Rouge séparera les juifs des autres otages lors d’un détournement d’avion en 1976. La propagande de la Libye et de certaines mouvances armées avec lesquelles ils s’étaient entrainés avait visiblement joué.
Nombre des mouvances soutenues par Kadhafi recevaient armes et financement du régime libyen. Certes bien moins depuis que le chef Libyen avait souhaité redevenir proche de l’Occident, avant que la révolution éclate. Au Sahara Occidental, en Palestine (via les Brigades d’Abou Ali Mustafa ) mais aussi dans les mouvances marginales de la mouvance catholique Nord-Irlandaise et au Tchad, des cartes peuvent changer de main.
Edit: Billet repris par le site de l’hebdomadaire Marianne.