Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » — Luc 2,6-7
Une demande de Cécile Duflot pour héberger les sans-abris à un moment où le logement d’urgence manque.
Cécile Duflot a jetté ce matin un pavé dans la mare en déclarant avoir écrit au diocés de Paris pour l’engager à prêter ses nombreux locaux vides ou peu occupés afin de loger des sans abris.
La chose a été relatée dans la presse régionale comme nationale en reprenant d’ailleurs au passage la terminologie quelque peu absolutiste catholique de » l’Eglise », au singulier majuscule, qui signifierait que seule le catholicisme en tant qu’institution serait le représentant des chrétiens dans leur ensemble. Lyon Mag n’échappe pas à l’erreur. Mais passons.
On peut de l’autre côté se questionner du parsianisme de notre Ministre, qui a interpellé le seul diocése de Paris, alors que les biens de l’institution papale et les sans-abris n’existent pas que dans la seule région parisienne.
L’église catholique a aussitôt répondu par un écran de fumée en parlant de son action dans le domaine de la solidarité. Il est vrai qu’entre deux manifestations contre le mariage pour tous, on aurait pu l’oublier…
Une action de solidarité des églises moins forte qu’hier, une action des chrétiens importante, un travail que personne ne nie
Bien sûr que Cécile Duflot aurait pu se prendre un peu plus tôt dans sa demande.
Bien sûr, même si les moyens sont limités en tant de crise, que le rôle premier du logement d’urgence en revient à l’Etat.
Bien sûr que les actions de solidarité à caractère chrétien sont légions. De Notre-Dame-des-Sans-Abris à l’Entraide Protestante en passant par Habitat et Humanisme, nombreuses sont les initiatives qui existent. Et Cécile Duflot, catholique pratiquante le sait.
Mais ces actions sont souvent soit complétement indépendantes de l’église catholique (comme l’Entraide Protestante, l’Armée du Salut…) soit n’ont en lien que d’avoir des cathos dans leur rangs et une inspiration spirituelle.
On est de plus en plus loin de l’action du Pére Chevrier, qui agissait pour la solidarité des plus démunis dans le cadre de l’Eglise. Aujourd’hui la mode est plus à la manif anti pacs puis anti mariage pour tous et au vote ultra majoritaire pour les partis pronant le moins de répartition des richesses possible.
Il ne faut donc pas confondre les oeuvres d’inspiration chrétienne (protestants catholiques, orthodoxes compris…) et l’Eglise Catholique elle-même.
Il serait toutefois injuste de nier le travail de l’institution romaine dans ce domaine. Dans de nombreuses villes comme à Lyon des bâtiments sont prêtés par le diocèse pour accueillir les plus démunis. Ainsi en est-il de la maison diocésaine de Saint-Irénée, qui accueille jusqu’à 120 personnes dans les grands froids.
Ce travail de solidarité, contrairement à ce que j’ai pu lire cela et là de la part de partis de droite (y compris d’une porte parole de l’UMP affirmant ne pas voir le rapport entre logement vides et SDF, au secours!) ou de représentants de l’église catholique, il n’est nié par personne.
Oui les églises, ls synagogues, les mosquées ect… sont des lieux de solidarité aussi.
Et personne, personne ne le nie.
Un patrimoine sous-utilisé mais pas toujours aux normes
La question, comme le synthétise avec talent Authueil, c’est que le patrimoine de l’église Catholique est gigantesque et parfois hors de proportion avec l’occupation qui est en est faite. Le tour rapide de quelques biens dans la capitale en donne une vertigineuse idée. La désertification de l’institution est passée par la.
Certes, tous ne sont pas louables en l’état. Faute de moyens financiers, faute de moyens humains, mais il y a sans doutes quelques belles réserves foncières sous-occupées.
Et puis, au lieu de regarder la proposition de l’Etat de façon hostile, comme à chaque discussion depuis l’élection de François Hollande, les représentants catholiques y gagneraient peut-être à travailler sur une rénovation de certains biens, comme cela est déjà le cas sur certains lieux concernés par la loi de 1905. Une réflexion s’impose au lieu de partir fusil au poing contre le méchant-vilain-gouvernement-gauchiste.
Ce n’est pas irresponsable de vouloir mobiliser des locaux sous-occupés, surtout dans la période de misère dans laquelle nous vivons, qu’ils soient ceux de l’église mais aussi, comme l’a évoqué la Ministre, d’autres structures et institutions, à commencer par exemple par les collectivités locales.
Et ce n’est, c’est le chrétien engagé qui le dit, nullement porter insulte aux dizaines de milliers d’entre les croyants de tous bords qui s’investissent pour les autres, de le dire.
Ou alors le propriétaire de l’étable où naquit Jésus aurait-il du faire la même réponse à Marie et Joseph que celle que fait l’église Catholique française à la République « Merci, on a déjà donné ». Que Marie aille donc accoucher dans la rue…
Comme cette pauvre femme qui fut obligée de le faire il y a peu…
article repris par Marianne 2 sous le titre »l’église ferait bien d’ouvrir ses portes aux sans-abris »