Avant d’arrêter ce blog pour quelques jours, voici mon édito paru ce jour dans Lyon Mag.
Joyeux Noël à vous et à vos proches.
5000 cas sur 1 600 000 français à l’étranger. Sans vouloir négliger le débat nécessaire sur la fiscalité, on peut trouver curieux qu’une telle focalisation se fasse sur les exilés fiscaux, à droite comme à gauche. Surtout quand on sait que la France est l’un des pays les plus attractifs en matière d’investissements en Europe…
Mais ainsi en est-il de la focalisation médiatique dés que la gauche (et seulement la gauche alors que la problématique est posée à tous) , même la gauche la plus modérée, arrive au pouvoir…Il faut dire aussi que le gouvernement aurait sans doute gagné à éviter de perdre son temps en commentaires oiseux sur le sujet.
Depuis toujours hommes et les femmes se déplacent au sein de l’Europe, pour de nombreuses raisons: opportunités, envie d’ailleurs, possibilités, impôts, études, amour etc…
La chose ne date pas d’hier: qu’on songe à tous les marchands italiens venus à Lyon à la Renaissance , à ces compositeurs et musiciens des périodes baroques et classique à l’image de Johann Christian Bach faisant la route de Leipzig à Londres ou de Chopin passant de Vasovie à Paris.Les souverains, au gré des mariages, devenaient espagnols, suédois, autrichiens…
De nos jours, il y aurait par exemple 400 000 britanniques en France pour 350 000 français en UK ou entre 120 000 et 200 000 français en Belgique et 240 000 sujets belges en France. Les raisons de bouger sont nombreuses hier comme aujourd’hui et le nombre de nos compatriotes partis à l’étranger comme le nombre d’européens résidant chez nous n’a jamais été si élevé que aujourd’hui. En témoignent aussi le fait que notre pays est l’une des deux nations d’Europe attirant le plus les capitaux étrangers.
Pourtant à chaque victoire de la gauche, depuis au moins les années 1930 et l’arrivée du Front Populaire on nous bassine avec l’hémorragie (il faut absolument utiliser le mot hémorragie on vous dit!) qu’il y aurait dés que les gouvernements bougeraient le petit doigt pour un peu de justice sociale. Oh on pourrait même y regarder avant avec un Robert Pinot qui prenait position contre les retraites ouvrières en 1910 en agitant faillites et risques de concurrence étrangère face au gouvernement des républicains-socialistes d’Artistide Briand. Oh toujours, il y a et en cherchant bien certains arguments des contre-révolutionnaires en 1792 qui…mais bref.
S’ennuyant un peu, on fait part, la chose est lassante, d’échanges de missives directes ou indirectes entre acteurs de cinéma, pour combler une actualité des environs de Noël qui gagnerait à vivre en intelligence. Même si on peut légitimement débattre de fiscalité, cela doit-il se faire dans les pages des sociétaires de Voici ou de Public?
Cela me rappelle quand telle ou telle grande fortune lyonnaise, aujourd’hui toujours dans notre cité et toujours prospère menaçait de partir en cas de victoire de Gérard Collomb en 2001 en parlant de communisme empêchant de travailler…Aujourd’hui la ville n’a jamais autant compté d’entreprises.
Les forums bruissent, depuis, il y a internet, et on peut, sans vérification, annoncer que des centaines de milliers de millions de personnes quittent le pays, traiter son contradicteur d’aveugle et exiger qu’il ouvre les yeux et fasse un chèque aux plus aisés pour se faire pardonner.
Et d’ailleurs tout ces gens en train de fuir (utiliser à un moment le mot hémorragie pour marquer votre auditoire) partent uniquement pour raisons fiscales,notre pays serait devenu un enfer subitement detestable etc…A se demander pourquoi il y a plus de belges, de britanniques, d’italiens etc…chez nous que l’inverse. Des masochistes sans doute.
Curieusement, le spectre est beaucoup moins agité quand la droite est au pouvoir.Pourtant, ces dix dernières années les départ de français pour ailleurs ont augmenté, Londres n’a jamais compté autant de français que sous Sarkozy. Les exilés fiscaux se sont d’ailleurs multipliés par 2,5 sous les gouvernements Raffarin, Villepin et Fillon…
Au-delà de cette minorité, les déplacements des uns et des autres ne font que traduire une internationalisation des échanges. Si les français sont si nombreux à Londres, ce n’est la quasi totalité du temps non pas pour des raisons fiscales. Le système d’imposition britannique et le coût de la vie londonienne, cité où vivent la grande majorité des français du Royaume-Uni, sont en effet extrêmement défavorables à la plupart des salariés…mais par contre comment ne pas fondre devant la vie qu’on peut y mener et l’énergie qui s’en dégage?
Ce serait d’ailleurs plus cela un sujet: comment faire pour amener de l’énergie, du dynamisme et moins d’esprit rentier dans un pays qui se replie sur ses égoïsmes, où le chacun pour soi et ses sous est de mise? C’est cela qui me semble important, plus qu’un sempiternel débat sur la fiscalité. D’ailleurs être imposé à plus de 80% sous la droite de Giscard (ou de Fillon, si l’on en croit Depardieu) ou un peu moins sous la gauche actuelle n’a jamais fait fuir tous les français les plus aisés. Par contre penser à l’énergie, au possible sur nos vies, cela nous concerne tous. Dés le plus jeune âge.
D’ailleurs nos universités lyonnaises le savent, elles qui font tout pour faciliter les échanges avec l’étranger, nous encourageons de plus en plus nos jeunes à étudier et travailler ailleurs, ce qui ne peut être que positif.
Thierry Vitoz, qui anime avec talent certains de ces programmes au sein de l’université Lyon III sait la richesse de faire venir des jeunes futurs professionnels dans notre ville et de faire vivre à nos jeunes lyonnais une expérience à l’extérieur pour acquérir des savoir-faire et des savoir-être. Les autres en Europe font de même. Pourquoi s’en plaindre?