Un article assez superficiel dans Libération de lundi sur les différentes bibles doublé d’un autre un peu plus creusé sur le rapport entre protestantisme et rapport au texte m’a fait me souvenir que je voulais écrire un petit billet pour survoler la question des différences de versions dans le texte biblique.
Il est vrai que le sujet peut paraitre un peu aride mais cela faisait quelques temps que je ne n’avais plongé ce blog dans un sujet sur la religion et la spiritualité.
En voici donc l’occasion, qui me changera un peu des questions locales et fera vibrer le parpaillot que je suis.Et un peu de culture ça fait pas de mal.
Il n’y a donc, chez les chrétiens pas une mais des versions de la bible contrairement à ce que pensent beaucoup.Il existe des bibles protestantes, catholiques etc…Et mêmes différentes versions à l’intérieur de chaque confession.
N’exagérons pas non plus il est bien sur possible pour un protestant d’utiliser un texte catholique et ivce-versa.Mais commençons par les fondamentaux.
En premier lieu, la bible a, chacun le sait, deux composantes.La majeure partie du texte est l’ancien testament, qui raconte les premiers siècles du peuple d’Israël de son rapport à Yahvé.On nomme aussi parfois ce texte « première alliance ».
Cette partie du texte (et elle seule)correspond (grosso-modo car les catholiques y ont rajouté des textes dits deutérocanoniques ou apocryphes sur lesquels je reviendrais) à ce que ce qui correspond à la bible hébraïque. Les juifs n’utilisent pas la seconde partie de la bible chrétienne, nommée nouveau testament ou seconde alliance.
Celle-ci, plus réduite, comporte 4 récits de la vie de Jésus,un texte rapportant la vie des premiers chrétiens suite à la mort et à la résurrection du Christ, des textes, des lettres et recommandations et un texte prophétique (l’Apocalypse).C’est cette partie, jointe à la première qui forme la bible pour les chrétiens.
Les textes présentés dans la nouvelle alliance ont initialement été choisis, (je ne rentrerait pas dans le détail), au concile de Carthage en 397 .Pour prendre un exemple, plus d’une centaine de récits de la vie de Jésus existaient, seuls 4 ont ainsi été reconnus comme ayant une authenticité certaine.
Pendant des siècles la bible, composée de grec, d’araméen et d’hébreux en ses textes originaux sera seulement traduite en latin et sa lecture sera grosso-modo réservée au clergé, considéré comme seul capable de l’interpréter correctement, chez les catholiques comme chez les orthodoxes.
Dans la bible, il faudra distinguer le texte principal des livres dits « deutérocanoniques » ou « apocryphes » de l’ancien testament, quelques textes considérés généralement comme moins importants que les autres (et intégrés plus tardivement) mais utiles à titre documentaire (7 pour les catholiques, un peu plus pour les orthodoxes).
Les protestants supprimeront ces textes de leurs bibles assez rapidement après leur apparition.En premier lieu parce qu’ils semblaient avoir une importance fort réduite, en deuxième lieu parce qu’ils ont été ajoutés à la bible hébraïque d’origine, en troisième lieu parce que les disciples de Luther et Calvin, en voulant diffuser la blble à tous pour que chacun puisse étudier par lui-même et non dépendre du clergé, se devait de ne pas s’encombrer de couts d’une part peu utiles à une large distribution, d’autre part contestables quand à leur validité théologique.
Par réaction à cela, l’Eglise Catholique intégra alors ces textes dans son corpus, à égalité avec les autres.
Enfin la traduction fut un enjeu.Le protestantisme, en voulant rendre la bible lisible à tous fit un travail de traduction en langue vernaculaire que ne devait effectuer que bien plus tard le catholicisme, où les prêtres lisaient encore en latin et où les fidéles ne lisaient que peu le texte.
Cette tradition se retrouve encore un peu de nos jours puisque les protestants ont encore davantage tendance à lire la bible que la plupart des catholiques.Cela est aussi du à la notion de libre examen prôné par les protestants qui souhaitent que chacun s’approprie la Bible, sans intermédiaire.
Aujourd’hui il existe nombre de traductions de la bible en français.Quelques exemples:
Traductions protestantes:
La bible Ségond:Le plus courante des bibles protestantes.Traduite par le pasteur Louis Ségond, elle a connu plusieurs versions.Elle est utilisée par la plupart des églises protestantes de tous bords.La fameuse version bon marché évoquée ces temps-ci dans la presse en provient car elle est libre de droits.On la trouve même en lecture intégrale en ligne.
La Nouvelle Bible Ségond:Loin d’être une simple nouvelle version de la précédente, il s’agit, tout en s’inspirant des travaux du traducteur d’origine d’un travail de refonte.Un bijou biblique.De loin ma préférée.Compréhensible et complète, sa version d’étude (avec notes et références) est un must pour toute personne s’intéressant à ce texte.
La version du Semeur:Trés en cours dans certains milieux protestants évangéliques,elle se distingue par le contenu de ses notes orienté vers cette branche du protestantisme plus que par sa traduction, classique.
Traductions catholiques
Bible de Jérusalem: La traduction est l’élégante.C’est la plus courante des éditions catholiques
Bible de Jérusalem 2001:
La version actualisée de la précédente avec les découvertes théologiques récentes
Bible Osty récise et rigoureuse, fidèle au texte.Parfois difficile à lire