Bruno Le Maire | romainblachier.fr

Qu’on ne puisse nier un talent de plume et d’expression à Bruno Le Maire est un fait. L’homme apparait, dans l’univers  finalement horriblement conformiste et surtout conformisant de la politique, comme un être cultivé et qui aime, qu’on soit d’accord ou pas,  manier l’idée.

Même si il n’applique pas toujours sa posture: si il a bien démissionné du corps diplomatique dont il vient, il n’a par contre pas voté la loi contre le cumul des mandats, cumul qu’il attaque pourtant avec virulence. Par ailleurs, vu de loin, puisque je ne le connais pas de près, l’homme a l’air sympathique.

Dans une UMP qui incarne aujourd’hui une droite assez dure, notamment mais pas uniquement désormais par rapport à nombre de ses congénères européens, l’ancien Ministre de l’Agriculture semble se positionner sur l’aile modérée en ayant une expression moins véhémente que la moyenne de son parti. Essayant alors d’attirer à lui les électeurs de centre-droit par une expression un peu policée. Pourtant lui-même l’explique ouvertement: « Je propose qu’à droite, nous parlions de manière moins provocante mais qu’on aille au bout de nos idées, en étant plus fermes ».

Bref Le Maire change juste l’emballage, n’en déplaisent à ceux qui a droite souhaiteraient plus de réflexion et moins d’extrémisme et en restent donc au seul emballage marketing, fléau de trop de militants politiques actuels quel que soient leur camp. « Ce n’est pas l’eau tiède qui nous fera gagner » prévient pourtant Le Maire, qui annonce pourtant la couleur: non il ne doit pas y avoir d’aile modérée à l’UMP. En tous cas pas chez lui. Mais ceux qui soutiennent Bruno Le Maire comprennent-ils Bruno Le Maire?

Hier le parlementaire de droite a donné une interview au Monde, dans lequel il propose de réduire la durée de l’indemnité des chômeurs, ce qu’a noté le Huffpost. Mais le lecteur plus attentif de l’entretien de Bruno Le Maire notera qu’il est également question de réduire le montant de l’aide aux chômeurs.

L’idée du député de l’Eure, dont on oppose parfois la modération à celle d’un supposé plus radical Laurent Wauquiez, est simple: rendons plus pauvres et plus précaires les chômeurs, cela diminuera le chômage…L’idée sous-jacente est que le chômage est volontaire, que mettons un employé de fast-food sans emploi ou un cantonnier n’a qu’à chercher du boulot pour pourvoir l’un des postes d’ingénieurs de pointe qui manquent à la France. Le tout sans bien sûr passer aucune formation puisque cela coûterai trop cher. Bref cela ne réglera en rien le souci des emplois non pourvus.

Il y a 207 millions de chômeurs dans le monde et plus particulièrement 19,231 millions de chômeurs (12,3%) dans la zone euros dont, dans le pays qui nous intéresse ici 3,23 millions en France (11,2%). Il faut évidemment contrôler les prestations pour éviter des abus, certes infiniment moins coûteux que la fraude fiscale qui coûte, rappelons-le,  1000 milliards d’euros par an à l’Europe. Mais certes il faut un contrôle à l’allocation chômage: le gouvernement l’a d’ailleurs renforcé récemment.

La solution de Le Maire amène tout simplement à ajouter de la misère à la misère et à diminuer la qualité des emplois existants puisque les chômeurs seraient facilement prêts à tout accepter. Cela nuirait  aux chômeurs comme à ceux qui travaillent.

Comment sérieusement croire, comme le fait Le Maire, qui certes sait éviter que le souci survienne à sa propre famille,  que le seul probléme de toutes ces personnes soit qu’elles ne chercheraient pas d’emploi et qu’un peu moins d’argent pour survivre soit la solution? Qu’enlever le pain de la bouche des enfants des mères célibataires au chomage soit une politique efficace et digne pour l’emploi? Bruno Le Maire a des convictions. Mais elles ne sont certainement pas modérées.